VIDÉOS Titanic : une épave « en sursis »

22/08/2019
La proue du Titanic filmée début août 2019 © Atlantic Productions

Cela faisait 14 ans qu’un Homme n’avait pas plongé sur l’épave du Titanic… C’est chose faite !

Début août, durant 8 jours, le sous-marin habité Limiting Factor – également connu sous le nom de Triton 36,000/2 et conçu par la société américaine Triton – a effectué 5 plongées sur l’épave du Titanic à environ 3 810 mètres de profondeur.

L’explorateur Victor Vescovo (qui a atteint, en mai dernier, la profondeur record de 10928 mètres au point le plus profond de la fosse des Mariannes : Challenger Deep), PDG de Caladan Oceanic et pilote du sous-marin Limiting Factor raconte :

C’est une épave immense, je n’étais pas tout à fait préparé à sa taille. C’était extraordinaire de la voir ! Le moment le plus incroyable c’est quand j’ai longé le Titanic et que la lumière des projecteurs du Limiting Factor s’est réfléchie sur la coque, c’était comme si le navire me faisait un clin d’oeil. C’était incroyable !

La proue du Titanic filmée début août 2019 © Atlantic Productions

La proue du Titanic filmée début août 2019 © Atlantic Productions

"Limiting Factor" fait partie des rares sous-marins habités au monde à être certifiés pour plonger jusqu’à 11 000 mètres de profondeur © Triton/5 Deep Dives

« Limiting Factor » fait partie des rares sous-marins habités au monde à être certifiés pour plonger jusqu’à 11 000 mètres de profondeur © Triton/5 Deep Dives

En examinant l’épave, l’équipe d’experts et de scientifiques a constaté que certaines parties du Titanic étaient très détériorées :

J’ai eu un choc en voyant les quartiers des officiers (côté tribord), c’est vraiment très détérioré… La baignoire du Commandant Smith qui est l’image préférée des passionnés du Titanic fait maintenant partie du passé. Le pont de ce côté s’effondre, emportant avec lui les cabines, et la détérioration va continuer son œuvre déclare Parks Stephenson, expert du Titanic.

Gisant à près de 4 000 mètres de profondeur dans une eau à 1°C, l’épave subit les assauts de la corrosion, des courants marins profonds et des bactéries mangeuses de métaux.

Baptisées Halomonas titanicae, ces bactéries contribuent à la détérioration de l’’épave en « mangeant » l’’acier. Ces formations de rouille sont appelées « rusticles ».

L’épave va continuer de se détériorer avec le temps, c’est un processus naturel mais qui est peut-être un peu plus rapide car un groupe de bactéries travaille en symbiose pour manger le fer et le soufre explique Lori Johnson, scientifique.

En 2003, la baignoire de la salle de bain du commandant Smith est déjà couverte de rusticles. © Image de Lori Johnson, RMS Titanic Expedition 2003, NOAA-OE.

En 2003, la baignoire de la salle de bain du commandant Smith est déjà couverte de rusticles. © Image de Lori Johnson, RMS Titanic Expedition 2003, NOAA-OE.

Grâce à des caméras adaptées aux grandes profondeurs, l’équipe a filmé pour la première fois en 4K, réalisant ainsi des images inédites.

Ils ont également utilisé la photogrammétrie pour reconstruire des modèles 3D très précis et photoréalistes du RMS Titanic et visualiser l’épave à l’aide des technologies de réalité augmentée (AR) et virtuelle (VR).

2019 : l'épave du Titanic est en partie couverte de rusticles © Atlantic Productions

2019 : l’épave du Titanic est en partie couverte de rusticles © Atlantic Productions

L’ensemble de ces technologies permettra d’évaluer et de prévoir l’état actuel et futur de l’épave.

Les scientifiques de l’expédition publieront prochainement les résultats complets de cette mission. Un documentaire sera également réalisé par BAFTA et Atlantic Productions.

L’’épave du Titanic bénéficie, depuis 2012, de la protection de la Convention de l’’UNESCO sur la protection du patrimoine culturel subaquatique.


A relire le témoignage d’un expert du Titanic, Paul-Henri Nargeolet, qui a réalisé de nombreuses plongées sur l’épave depuis 1987…

Paul-Henri Nargeolet est aujourd’hui le consultant technique de la société de Victor Vescovo, Caladan Oceanic.


La dernière mission « habitée » sur l’épave du Titanic a eu lieu en 2005 sous la houlette de James Cameron et dAnatoly Sagalevich, l’objectif était de visiter des parties du Titanic encore inexplorées pour tourner le documentaire Last mysteries of the Titanic mais aussi d’évaluer les détériorations de l’épave.

Le sous-marin Mir lors d'une plongée sur l'épave du Titanic © Botanical Press/Paul T. Isley III 2009

Le sous-marin Mir lors d’une plongée sur l’épave du Titanic © Botanical Press/Paul T. Isley III 2009

Lors de cette mission, les explorateurs avaient plongé à bord des sous-marins Mir sur le champ de débris, tandis que des robots sous-marins téléopérés, conçus par les équipes de James Cameron, s’étaient aventurés dans :

  • la cabine d’Isidor et Ida STRAUS, passagers de 1re classe ;
  • les bains turcs ;
  • Scotland Road, le couloir où se trouvaient les cabines d’une partie des membres de l’équipage.

L’équipe de James Cameron avait cependant échoué dans sa tentative de filmer l’intérieur de la chaufferie n°6.

Cette expédition avait également permis d’émettre de nouvelles théories sur la façon dont le paquebot s’est brisé et a coulé.