Titanic

II. b. Le naufrage

Entre le 12 et le 14 avril, le Titanic reçoit différents messages radio émanant d’autres navires lui signalant la présence d’icebergs. Le 12 avril, à 19h45,  le navire français La Touraine envoie un message au Commandant Smith. Le 13 avril, le Rappahannock (qui a  endommagé son gouvernail et sa coque au contact des glaces) envoie des signaux lumineux lorsqu’il croise le Titanic.

dt_titani_0018Le dimanche 14 avril à 13h40, les 2 opérateurs radio, Harold Bride et Jack Phillips, reçoivent un message du Baltic, un autre navire de la White Star Line : « […] le vapeur grec Athinai signale avoir croisé des icebergs et une grande banquise ce jour, dérivant par 41°51 de latitude nord et 49°52 de longitude ouest […] »

Le message est immédiatement donné au commandant Smith qui, au lieu de le transmettre aussitôt aux officiers de quart, le glisse dans sa poche. Il a précédemment communiqué au second lieutenant, Charles Lightoller, un message similaire provenant du Caronia. Ce télégramme est affiché dans la salle des cartes des officiers de quart.

Selon le témoignage du président de la White Star Line, Bruce J. Ismay (qui fait partie des passagers lors de ce voyage inaugural), le commandant Smith lui aurait remis le message du Baltic sans faire aucun commentaire. Il l’aurait ensuite récupéré vers 19h et l’aurait affiché dans la salle des cartes.

À 13h45, le navire allemand Amerika, signale 2 grands icebergs dans une zone proche du Titanic. Ce message ne sera pas transmis au commandant Smith.

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Suivront les messages du Californian à 19h30 et du Mesaba à 21h40. Ce dernier radiogramme donne la position des glaces (de 42° à 41°25 latitude nord et de 49° à 50°30 de longitude ouest) et signale une banquise très épaisse avec un grand nombre de gros icebergs ainsi que des champs de glaces. Il ne sera pas non plus transmis au commandant. Il semble que l’opérateur était submergé de travail : il devait en effet envoyer les nombreux messages adressés par les passagers à leurs amis, familles ou relations d’affaires… Il a par ailleurs transmis plusieurs radiogrammes à la passerelle et ce dernier message ne lui paraît pas spécialement important.

À 21h20, le commandant Smith discute avec le 2e lieutenant Lightoller : la nuit est claire, la mer est calme, il n’y a pas un souffle de vent. Les deux hommes se demandent à quel moment ils risquent de rencontrer la banquise et comment ils pourront la repérer. Le commandant Smith quitte son adjoint en lui indiquant que si le temps se voile, il faudra réduire la vitesse du bateau. Il lui demande également de le prévenir immédiatement s’il éprouve le moindre doute.

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Dix minutes plus tard, Lightoller donne instruction aux deux veilleurs postés dans le nid-de-pie de faire particulièrement attention aux icebergs et glaces dérivantes. Une instruction qui sera renouvelée à 22 heures lors de la relève.

Vers 22 heures, tandis que certains passagers regagnent leurs cabines, d’autres bravent le froid de la nuit (la température est de 0,5°C) pour une dernière promenade sur le pont. Le fumoir de 1re classe grouille de monde, plusieurs tables sont occupées par des joueurs de bridge. Une heure plus tard, les salles et salons du Titanic sont presque vides.

À 23h40, les 2 veilleurs postés dans le nid-de-pie, Frederic Fleet et Reginald Lee Robinson remarquent une masse noire devant eux, ils sonnent alors la cloche 3 coups, indiquant une présence sur l’avant. L’un des deux veilleurs empoigne le téléphone. Au bout du fil, dans la timonerie, le 6e lieutenant Moody lui répond.


– « Un iceberg, droit devant !  »

Moody transmet le message au 1er lieutenant Murdoch qui au même moment aperçoit l’iceberg.

Il se jette alors sur le télétransmetteur relié à la salle des machines pour donner l’ordre de faire machine arrière et ordonne en même temps au quartier-maître Hichens de virer à tribord. Celui-ci réagit immédiatement en tournant vivement la roue. Murdoch actionne également le levier de fermeture des portes étanches.

Tous retiennent leur souffle tandis que la masse sombre se rapproche rapidement. Le changement de cap s’amorce. Il semble que le Titanic va éviter l’obstacle mais, au moment où l’iceberg commence à défiler le long du flanc tribord, le bruit d’une déchirure se fait entendre.

À 23h50, l’iceberg ouvre une brèche à tribord sur plus de 90 mètres au-dessous de la ligne de flottaison. Des blocs de glace tombent sur le pont.

dt_titani_0024L’eau s’engouffre dans la coque et monte de plus de 4 mètres dans les parties basses de l’avant. Les 6 premiers compartiments étanches et la chaufferie sont submergés en moins de 10 secondes. Les barrières automatiques n’atteignant pas le plafond, l’eau passe de salle en salle.

Le commandant Smith alerte alors l’ingénieur en chef Andrews qui confirme l’ampleur des dégâts. L’avant du navire, près de l’endroit heurté par l’iceberg, s’enfonce dans l’eau. Andrews estime qu’il reste environ 1h, 1h30 avant le naufrage (en fait 2h30 s’écouleront entre le moment de l’impact et sa disparition).

Les réactions des passagers varient selon l’endroit où ils se trouvent et de leur activité au moment de l’impact. La plupart d’entre eux sont endormis et ne se sont aperçus de rien. Quelques passagers inquiets de ne plus entendre le bruit des moteurs sortent de leurs cabines. Néanmoins, pour l’ensemble des passagers, il semble inconcevable que le Titanic, surnommé l’insubmersible, ait pu subir des dommages irréparables.

Cependant, pour les quelques passagers de 3e classe qui logent dans les cabines situées à l’avant, près de la zone d’impact, la réalité est tout autre : ils ont bien entendu le choc et se retrouvent déjà les pieds dans l’eau.

À 23h58, le commandant Smith ordonne de transmettre le CQD. D’autres CQD seront envoyés jusqu’à 00h38.

À 00h05, le commandant Smith ordonne le rassemblement de l’équipage et donne l’ordre d’amener les canots à hauteur du pont. À l’époque, les règles instituées par le ministère du commerce britannique n’obligeaient pas l’installation de canots en nombre suffisant à bord des paquebots. À bord du Titanic, il y a 14 grands canots de sauvetage pouvant contenir chacun 64 personnes, 2 canots de secours et 4 radeaux pliables de 38 places chacun – soit une capacité totale de 1 176 personnes. Or, il y a à bord 2 201 personnes (1 316 passagers et 885 hommes d’équipage).

dt_titani_0026Les passagers sont invités à enfiler leurs gilets sauvetages. Composés de flotteurs en liège recouverts d’une toile épaisse, ils assurent le maintien en surface d’une personne mais ne la protégent pas du froid glacial de l’eau.

À 00h45, Le 1er canot (n°7) est mis à l’eau coté tribord. Le  commandant Smith donne l’ordre de faire embarquer les femmes et les enfants d’abord. Malheureusement, des canots seront mis à l’eau alors qu’ils ne sont pas remplis.

Au même moment, le quartier-maître Rowe envoie la première fusée de détresse. Ce geste est répété toutes les 5 min.

À 00h58, les 2 opérateurs radio décident d’envoyer le signal de détresse adopté officiellement par les pays signataires de la Convention radiotélégraphique internationale de Berlin : le S.O.S. Ces trois lettres, choisies pour la simplicité de leur codage et leur reconnaissance instantanée en morse, doivent être répétées à brefs intervalles.

À 01h30, l’avant du Titanic pique nettement dans l’eau.

À 02h00, la plage avant disparaît sous l’eau. L’ouverture, à l’arrière, d’une des grilles d’accès permet à de nombreux passagers de 3e classe d’accéder enfin au pont des embarcations. Cinq minutes plus tard, le canot D (le dernier – bâbord) est mis à l’eau. Il ne reste que les canots pliables A (tribord) et B (bâbord), placés sur le toit du logement des officiers. La gîte devient de plus en plus forte.

À 02h15, l’eau bouillonne dans l’écoutille de proue poussant la foule à se masser vers la poupe. Deux minutes plus tard, la proue du Titanic s’enfonce dans l’eau. La première cheminée s’effondre, les lumières du paquebot vacillent et s’éteignent.

À 02h20, la partie arrière du Titanic se dresse verticalement vers le ciel, se maintient dans cette position quelques instants. Elle se remplit d’eau et finit par couler à son tour. C’est l’heure officielle où le Titanic sombre par 41.46 Nord et 50.14 Ouest avant de reposer à 3 800 mètres de profondeur.

Sur les 1 316 passagers, 499 sont sauvés (soit 37,94%) (dont 203 sur les 325 embarqués en 1re classe soit 62,46% ; 118 sur 285 en 2e classe soit 41,40% ; 178 sur 706 en 3e classe soit 25,21%). 212 des 885 hommes d’équipage (23,95%) survivent au naufrage (soit au total 711 personnes sur les 2 201 embarquées).

Les pertes subies par les passagers de 3e classe sont dues au fait qu’ils étaient logés dans les ponts inférieurs plus difficiles d’accès et que beaucoup d’immigrants ne comprenaient pas l’anglais.

Une majorité de femmes (296 sur 402 soit 73,63%) et d’enfants (57 sur 109 soit 52,29%) sont sauvés. On dénombre en effet 146 hommes sauvés sur les 805 embarqués (soit 18,14%).

Le Carpathia qui, à 150 km du lieu du naufrage, a capté un des S.O.S, arrive sur le lieu de naufrage à 4h00. Il recueille les 711 rescapés entre 4h10 et 8h10. À 8h50, il quitte le lieu du naufrage. Le Carpathia s’amarre sous une pluie battante au pier 54 à New York, le 18 avril à 21h35.

 

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