L’indéniable toxicité des déchets plastiques

Ika PAUL-PONT, spécialiste en écotoxicologie au CNRS, et Arnaud HUVET, spécialiste en physiologie moléculaire des bivalves marins à l’Ifremer, ont étudié l’effet des déchets plastiques sur l’océan et sa faune dans la rade de Brest.

C’est au sein du Laboratoire des sciences de l’environnement marin (Lemar) qu’ils ont effectué leurs recherches.

Selon PAUL-PONT, 80% des déchets proviennent de la terre, mais ce pourcentage reste variable selon les régions. Ces déchets sont ensuite colonisés par les microbes et sont, de ce fait, « propices à la dispersion des espèces de micro-organismes », particulièrement ceux qui sont dangereuse pour l’humain.

Pour comprendre la toxicité du plastique, PAUL-PONT et HUVET ont travaillés sur les 16 000 composés chimiques associés aux plastiques. Si l’on ignore de quoi ils sont faits, les scientifiques ont tout de même pu en déduire qu’environ 25% sont « jugés préoccupants » et que 6% « font l’objet d’un suivi par une réglementation européenne ».

Leurs effets ont pu être constaté sur les huîtres, à chaque stade de développement, au sein de la station expérimentale d’Argenton, dans le cadre de la thèse de Domitille ALADJIDI sur la toxicité des nanomatériaux sur laquelle a travaillé Ika PAUL-PONT.

Les naissains d’huîtres sont exposés à une pollution plastique dans les mêmes conditions que celles projetées par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) d’ici l’an 2100 – dans le cas où rien ne viendrait à changer.

Une analyse comparative des effets de trois plastiques – le polystyrène conventionnel, le PLA et le PHBV – sera réalisée.

L’idée est de voir si une exposition précoce a des effets sur le long terme.

Ika PAUL-PONT

Le PLA et le PHBV sont des plastiques dits « biosourcés ». Cela veut dire que ces plastiques sont issus de ressources naturelles et renouvelables.

Si le PHBV est biodégradable en mer, sa toxicité reste largement méconnue, car non étudiée.

La communauté scientifique est très sollicitée par les décisionnaires. Ils ont besoin de données robustes, transparentes et rigoureuses.

Ika PAUL-PONT
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Dans le cadre de la thèse de Tom RAINBOW, qui a pour objectif d’analyser la toxicité des microplastiques et nanoplastiques dans 8 bassins ostréicoles français, Arnaud HUVET a mené des études afin des trouver des solutions pour diminuer ces pollutions et accompagner les professionnels scientifiques si de nouveaux matériaux arrivent sur le marché.

Pour PAUL-PONT et HUVET, il ne faut pas s’arrêter aux simples constatations. Depuis 10 ans maintenant, ils étudient la toxicité des plastiques. Aujourd’hui, celle-ci n’est plus à démontrer, et si la recherche continue, il serait temps de voir en quoi les études menées jusqu’à présent peuvent servir. Quelles seraient les recommandations ou comment accompagner les industriels, par exemple.

Un groupe de 400 scientifiques – dont ils font partie – en provenance de 64 pays, a œuvré sur un traité international contre la pollution plastique. Bien que « juridiquement contraignant, cet accord vise à réduire la pollution et augmenter la régulation ». Il devrait, si tout va bien, être signé en août 2025.