René Jacques LÉVY
Chimiste, 2e classe
Français | 36 ans | Embarquement à Cherbourg | 2e classe | Disparu |
M. René Jacques LÉVY est né à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 7 juillet 1875. Il est le 3e des 6 enfants de Nephtalie LÉVY, marchand d’antiquités, et d’Henriette DREYFUS, tous 2 issus de familles juives alsaciennes.
Titulaire d’un diplôme supérieur de chimiste, il est un temps préparateur particulier du directeur de l’Institut chimique de Nancy, Albin HALLER, avant d’entrer en 1897 au laboratoire de recherches de la Clayton Aniline Company, à Manchester (Grande-Bretagne), fondé et dirigé depuis 1876 par son oncle maternel, Charles DREYFUS, également chimiste.
Il dépose un brevet avec le chimiste britannique Arthur George GREEN, pour un colorant bleu, ainsi qu’un brevet relatif à un procédé de distillation de l’air liquide destiné à séparer les éléments constituants avec son ami physicien et chimiste André HELBRONNER.
Il quitte le laboratoire pour entrer à la société Air Liquide de Boulogne-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Ses qualités d’expérimentateur habile et son esprit d’initiative font qu’il est appelé à diriger la succursale de Londres.
En 1910, il établit, avec succès, la filiale Air Liquide Canada. Il s’installe alors à Montréal avec sa femme Jeanne ROYER, une institutrice qu’il a épousée en 1903, et leurs 4 enfants : Simone, Andrée, Yvette et Georges.
En mars 1912, René LÉVY retourne à Paris pour assister à des obsèques familiales. Il en profite pour effectuer un voyage d’affaires et se rendre à l’Institut Chimique de Nancy.
Il a prévu de rentrer au Canada à bord du France, le 20 avril. Cependant, il change son billet quand il apprend qu’il peut rejoindre sa famille 10 jours plus tôt en partant à bord du Titanic.
Muni d’un billet de 2e classe, il partage sa cabine avec Jean-Noël MALACHARD. Au cours de la traversée les deux hommes font la connaissance de Marie JERWAN, une jeune passagère américaine d’origine suisse âgée de 23 ans. En parfaits gentlemen, ils s’occupent de distraire la jeune fille qui voyage seule.
Le 14 avril, après le dîner, René LÉVY se promène sur le pont avec Marie JERWAN et Jean-Noël MALACHARD. Il pointe du doigt un canot de sauvetage et dit à ses compagnons : « Je suis sûr que s’ils mettent ces bateaux à l’eau, la descente sera difficile. Bien sûr, je préfère continuer le voyage sur ce paquebot plutôt que de m’asseoir là-dedans. »
Après la collision avec l’iceberg, il rencontre Marie JERWAN qui retourne à sa cabine après être montée sur le pont des embarcations. Lorsqu’elle lui parle du danger lié à la collision, René LÉVY reste calme et lui sourit.
Deux heures plus tard, René LÉVY accompagné de Jean-Noël MALACHARD la retrouve sur le pont, côté tribord. Il lui dit : « Nous allons prendre soin de vous ». Ils l’aident à monter dans le canot de sauvetage n°11. Après s’être fait leurs adieux, les deux hommes regardent le canot descendre dans l’eau.
René LÉVY disparaît lors du naufrage. Son corps, s’il a été retrouvé, n’a jamais été identifié. Sa famille, ignorant sa présence sur le Titanic, attendit son retour pendant des jours.
Fin 2012, la Royal Society of Chemistry (RSC) de Londres (Grande-Bretagne) a remis à l’un des petits-fils de René LÉVY une plaque en argent ciselé dédiée au courage de son grand-père. Son héroïsme a en effet été mis en avant par une passagère de 2e classe Marie JERWAN dans son journal intime.