Qu’est-ce que cette formation vous a apporté dans votre carrière ?
Des bases généralistes en océanographie dans un premier temps, puis des connaissances pratiques et techniques précises des passerelles pour faire un Master au Royaume-Unis et réseau solide. Cette formation me permet encore aujourd’hui de travailler et de choisir mes missions, de travailler avec des amis ou en famille.
Quel a été votre rôle pendant l’expédition Endurance22 ?
Responsable hydrographe du quart de nuit et mobilisation technique des équipements de Prospection (navire, salles de contrôles et capteurs sur les engins sous-marins).
De Cherbourg à l’Antarctique, comment avez-vous vécu cette aventure ?
De Cherbourg à Intechmer, déjà dans les discussions étudiantes revenait les histoires de ceux qui avaient été sur les bases françaises Dumont d’Urville et étaient revenus assez affectés. C’était un mélange de fascination et de crainte. Je m’étais posé la question, mais le format (1 an) et l’isolement enterré ne m’avaient pas poussé plus loin.
En revanche, j’ai fais mon mémoire de Master sur la Péninsule Antarctique et la Mer de Weddel, portant sur les techniques d’océanographie par satellite (études des températures de surface en mer, variation glacières et extensions de banquises). C’est pourtant très éloigné des thèmes classiques en hydrographie qui portent plutôt sur des techniques de cartographie classique portuaire ou équipements montés sur navire.
Mais à l’époque j’étais étrangement intéressé, capté par la péninsule Antarctique qui emportait déjà un intérêt très important concernant les questions de bascule climatique.
C’est là que j’ai découvert et me suis passionné, cette année 2006, pour les explorateurs polaires et spécialement Ernest Shackleton : sa première tentative d’atteindre le pole sud (et son demi tour pour sauver son équipe) puis l’expédition de l’Endurance, dont j’ai lu à l’époque le carnet de bord. Je crois qu’il y a 1 page sur lui dans mon mémoire !
Ensuite, de 2009 à 2013, j’ai fais partie de l’aventure Deep Ocean Search. La base de notre navire (John Lethbridge) était à Capetown.
Il se trouve que l’Aghulas II, le navire scientifique des expéditions polaires, se trouvait à 2-3 quai de notre Bateau et je me prenais régulièrement à rêver qu’un jour je puisse faire dans ma carrière une expédition scientifique en Antarctique.
Je n’avais pas fait attention à son nom à l’époque. Le clin d’œil du destin. La surprise fut d’autant plus belle quand j’ai découvert que c’était bien sur ce même bateau que nous mènerions notre aventure.
Pouvez-vous nous parler de l’expédition Endurance22 ?
J’ai pleins d’images et moments forts en tête, il est dur de les sélectionner.
J’ai très bien vécu l’expédition, nous étions très impliqués, concentrés sur tous les défis techniques et en même temps conscient de participer à une expérience extraordinaire.
Je me vois encore tout en haut du mât, avec un harnais, ne pouvant m’empêcher de sourire continuellement en installant les antennes GPS, tout en contemplant la table « top mountain ». Cela force à prendre du recul dans la course à la mobilisation, conscient d’installer le point de départ de la chaine d’acquisition de nos systèmes qui allait peut-être permettre de localiser l’Endurance.
Au même moment, je voyais le reste de l’équipe qui embarquait et passait la coupé, on se faisait signe, on y était. J’avais le même sourire quand je démobilisais ces mêmes antennes, avec en plus le sentiment du devoir accomplie.