Opération Titanic

Le plan Overlord (nom de code du Débarquement en Normandie) prévoyait plusieurs opérations de diversion et d’intoxication de l’armée allemande afin de donner toutes les chances de réussite à l’opération Neptune (nom de code de l’assaut naval et aéroporté du plan Overlord).

Photo Print of Rupert Decoy Dummy Paratrooper © ParaData

L’objectif de l’opération Titanic est de convaincre les Allemands que l’invasion alliée doit avoir lieu sur un plus vaste territoire que prévu et donc d’inciter les troupes ennemies à se répartir hors de la zone d’invasion réelle.

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, alors que 2 escadrilles de Bomber Command brouillent les radars ennemis, 40 avions de la Royal Air Force (force aérienne britannique) larguent en Normandie 500 mannequins parachutistes : des paradummies, connus également sous le sobriquet de « Ruperts ».

Loin d’être sophistiqués, les paradummies sont de sommaires poupées de tissu remplies de paille ou de sable, d’une taille de 80 centimètres environ et équipées d’une charge explosive pour les faire disparaître à l’atterrissage et empêcher l’ennemi de découvrir leur véritable nature trop rapidement.

Pour renforcer la supercherie, 12 soldats du Special Air Service accompagnent le largage des « Ruperts » pour diffuser des enregistrements de bruits de tirs et de combats

Le largage se déroule dans 4 zones distinctes :

  • Zone 1 – Yvetot (Seine-Maritime) à 60 kilomètres au Sud-Ouest de Dieppe : parachutage de 200 paradummies dans la soirée du 5 juin. Ils étaient accompagnés d’une unité de forces spéciales britanniques (Special Air Service) chargée d’attaquer l’ennemi. L’unité devait également laisser en vie quelques soldats allemands, propageant ainsi la rumeur, auprès de leur état-major, d’un parachutage massif en Haute-Normandie.
  • Zone 2 – À l’Est des zones de parachutage britanniques et canadiennes, le long de la Dives (Calvados) : largage de 50 paradummies afin de détourner l’attention des Allemands des zones de débarquement.
  • Zone 3 – Au Sud-Ouest de Caen : parachutage de 50 paradummies afin de faire sortir les troupes allemandes de Caen.
  • Zone 4 – Marigny (Manche) : largage de 200 paradummies afin d’attirer les troupes allemandes hors de Saint-Lô.

Malheureusement, 2 avions et leurs équipages sont perdus au cours de l’opération dans le Calvados et 8 des 12 soldats sont tués au combat ou faits prisonniers.

Malgré cela, l’opération Titanic est une réussite puisque dans le courant de la matinée du 6 juin, la moitié de la 12e Division d’infanterie allemande est maintenue en alerte à la recherche de ces parachutistes-fantômes au lieu d’apporter son soutien aux soldats allemands sur les plages où les Alliés sont en train de débarquer.

L’opération Titanic est immortalisée dans le film américain « Le Jour le plus long » (The Longest Day) sorti en 1962. Ce film, réalisé par Darryl F. ZANUCK, a été tourné l’année précédente à Sainte-Mère-Église et dans ses environs. Les poupées utilisées dans le film, d’une très belle facture et finition, n’ont cependant rien à voir avec les « Ruperts » sommaires utilisés en 1944.

Les opérations d’intoxication et de camouflage sont couramment utilisées durant les conflits… Tout est bon pour tromper l’ennemi.

Le 30 novembre 1943, lors de la conférence de Téhéran qui réunit « les Trois Grands » (STALINE, ROOSEVELT et CHURCHILL), le premier ministre anglais demande à STALINE « s’il y aurait une difficulté quelconque à ce que les trois états-majors coordonnent leurs plans destinés à tromper l’ennemi ». STALINE expliqua que les Russes en avaient fait un grand usage, employant de faux chars, de faux avions, de faux aérodromes ; la désinformation par radio s’était également montrée très efficace. Il était donc tout à fait partisan d’une collaboration entre les états-majors pour préparer des projets communs de camouflage et d’intoxication.

« En temps de guerre, dis-je, la vérité est si précieuse qu’il faut constamment l’entourer d’une escorte de mensonges ». STALINE et ses camarades apprécièrent énormément cette phrase quand elle leur fut traduite […] » – Winston CHURCHILL, Mémoires de guerre 1941-1945, p. 594.

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