Michel NAVRATIL senior – 2e classe

© Collection privée E. Navratil

Michel NAVRATIL senior
Tailleur, 2e classe

 

Français 32 ans  Embarquement à Southampton 2e classe Disparu

 

Michel NAVRATIL est né le 13 août 1880 à Sered, petite ville hongroise. Après un apprentissage chez un tailleur renommé de Vienne, il décide de rejoindre la France.

Il s’installe à Nice où il ouvre sa propre maison de couture. C’est là qu’il rencontre Marcelle CARETTO, qui vit avec sa mère et son beau-père. Douée pour le chant et la musique, Marcelle rêve de devenir cantatrice…

Le 26 mai 1907, Michel épouse Marcelle à Londres – il leur est impossible de se marier en France car ils ne disposent pas de certificat de naissance. De leur union naissent deux fils : Michel dit « Lolo » né le 12 juin 1908 et Edmond dit « Momon » né le 5 mars 1910.

Un an plus tard, le couple décide de se séparer. La garde des enfants est confiée à leur mère.

Le dimanche de Pâques 1912, Michel et Edmond rendent visite à leur père. Ne les voyant pas rentrer le soir, Marcelle se met frénétiquement à leur recherche, sans pouvoir imaginer un seul instant que ses enfants sont alors dans un train à destination de Calais…

Michel NAVRATIL a en effet décidé de quitter la France pour rejoindre, à bord du Titanic, New York puis Chicago où a émigré une partie de sa famille. Il a acheté, à la mi-mars, au bureau de la White Star Line de Monte-Carlo, 3 billets sous le nom d’un de ses amis qui lui a prêté son passeport : HOFFMANN. De Calais, père et fils rejoignent Southampton – évitant ainsi les contrôles de police français – et embarquent sous le faux nom de HOFFMANN.

 

Michel et Edmond NAVRATIL photographiés à New York. © Library of Congress

Durant la traversée, Michel NAVRATIL se mêle le moins possible aux autres passagers, surveillant attentivement ses enfants. Il les confiera une seule fois à la garde d’une jeune passagère suisse de 2e classe, Mlle Bertha LEHMANN, pour participer à une partie de cartes.

 

Michel NAVRATIL ne survit pas au naufrage. Son fils Michel, alors âgé de 3 ans et demi, se souvient :

« Au milieu de la nuit du naufrage, dans la cabine où mon frère et moi dormions sur des couchettes, mon père nous réveilla tous deux. Je le vois encore debout près de notre couchette, accompagné d’un homme que je ne connaissais pas, sans doute un passager dont il avait demandé l’aide. Mon père m’emmena dans ses bras. Son compagnon pris de la même façon mon frère avec lui. Ils nous placèrent mon frère et moi dans une chaloupe suspendue au bord du pont du navire. Plusieurs femmes s’y trouvaient déjà assises. À ce moment, mon père me chargea de transmettre à ma mère quelques mots affectueux et il me dit adieu. Naturellement, je ne me doutais pas qu’il allait mourir. »

 

À partir du 17 avril, plusieurs navires sont affrétés d’Halifax (Canada) par la White Star Line afin de récupérer les corps des victimes du naufrage du Titanic.

Le 20 avril 1912, les sauveteurs remontent le corps de Michel NAVRATIL senior. Il est inhumé le 15 mai sous son nom d’emprunt au cimetière Baron de Hirsch à Halifax au Canada – on a présumé qu’il était de confession juive.

Quatre-vingt-quatre ans plus tard, Michel NAVRATIL fils se rend pour la première fois à Halifax sur la tombe de son père.

 

 

Marcelle a la double nationalité italienne et argentine. Son père, artisan ébéniste établi à Turin, a suivi son employeur en Amérique du Sud pour acheter du bois précieux en Amazonie. Marcelle reviendra seule avec sa mère en Italie, son père et son frère sont morts de la fièvre jaune.