Suite à la restitution du port, les autorités civiles décident de ne pas attendre la réhabilitation de l’ancienne gare et décident d’en créer une provisoire. Elle est inaugurée en 1946 en présence de M. Le Henaff, Secrétaire de cabinet du Ministre des Travaux Publics. Se situant à l’extrémité Sud-Ouest du Quai de France, cette gare consiste en 2 tentes métalliques d’une superficie de 500 m2 aménagées en salle des Pas Perdus et en salle des douanes.
Un hangar destiné au fret est construit en 1947 mais il est vite destiné à remplacer les 2 tentes métalliques. Ce hangar est inauguré en 1948 en qualité de Gare Maritime Transatlantique. En 1946, 24 000 passagers transitent par la gare provisoire et 276 000 entre 1946 et 1951.
La réhabilitation de la Gare Maritime Transatlantique et de ses équipements
L’État participe à la remise en fonctionnement d’un certain nombre de ports dont celui de Cherbourg. La décision de réhabiliter le quai du port en eau profonde est prise. Une étude est réalisée pour estimer le coût d’une restauration, mais elle s’avère impossible, il faut reconstruire un quai en maçonnerie pleine.
Pour stabiliser le quai, des caissons-piles de 5 mètres de large et 2,5 mètres d’épaisseur sont placés sur les anciens caissons, ce qui permet de rétablir un quai de 11 mètres de large. Ces caissons-piles sont fabriqués sur le chantier des Mielles puis amenés par flottage à l’emplacement de l’ancien Quai de France, où ils sont enfoncés à l’air comprimé jusqu’au niveau sain de la roche, puis le tout est rempli de béton.
Une fois mis, ces caissons en place reçoivent à leur sommet une dalle nervurée coiffant l’ensemble du quai et débordant sur la darse transatlantique.
Concernant la Gare Maritime Transatlantique, un premier projet de réaménagement est envisagé. Il prend en compte une réduction de l’aile sud. Sur le site, une seule salle des douanes est reconstruite. La place largement dégagée au Sud est prévue pour l’aménagement d’un parc automobile. Les automobilistes arriveront par l’escalier sud de la Voie Charretière.
Toutefois, certaines réhabilitations ne sont pas achevées comme celle du grand salon qui servira de gymnase pour le lycée maritime. Le Campanile, qui dominait la gare, n’est pas relevé.
Pour la décoration des intérieurs, l’atelier Marc Simon est à nouveau sollicité en 1951.
L’aile nord est complètement réaménagée. Étant donné qu’il n’est plus question d’immigration, la salle originalement prévue à cet effet reçoit des devantures sur tout son pourtour. Le couvrement est également refait. Afin de réduire le coût du chauffage, des faux plafonds équipés de verrières sont installés, laissant entrer le soleil. Pendant cette phase de reconstruction, le Queen Elizabeth fait son retour à Cherbourg en 1948.
« La vaste tâche de la reconstruction du port transatlantique de Cherbourg n’est certes, pas encore parvenue à son terme et l’effort développé depuis la libération devra être encore soutenu pendant les prochaines années ; mais d’ores et déjà, les plus grandes unités de la flotte mondiale, qui en sont les fidèles visiteurs, ont retrouvé à Cherbourg, cette possibilité si précieuse de choix, entre les plus rapides escales en rade et les venues à un quai doté du meilleur équipement pour les accueillir, avec le maximum de sécurité pour le navire et de confort pour le passager. »
– Alain Pages, Ingénieur des Ponts et Chaussées
Une seconde inauguration de la Gare Maritime Transatlantique
L’inauguration de la Gare Maritime Transatlantique prévue le 8 mai 1952 est reportée au 22 en raison des élections au Conseil de la République. Antoine Pinay, Président du Conseil de la République, inaugure une gare partiellement réhabilitée. En fait, seules les parties nord ont été relevées, et la grande salle d’attente est en cours de réaménagement.
Le 22 mai 1952 à 11h, l’autorail présidentiel se fait entendre et Antoine Pinay est accueilli sur le quai n°1. Après diverses présentations, M. Besson, membre du personnel de la Gare Maritime Transatlantique, présente les ciseaux au Président pour que ce dernier coupe le ruban. Le cortège se dirige vers la passerelle nord pour accéder à la salle des Pas Perdus où ont été réaménagés les bureaux.
Le groupe gagne par le Sud la salle des douanes et la galerie nord. Après s’être rendus sur le quai, les invités regagnent la gare provisoire où est organisé le banquet officiel. La journée se clôture par une série de discours. À 18h50, Antoine Pinay quitte Cherbourg.
Le retour des plus grands…
- Les transatlantiques
Le 8 mai 1952, le Queen Mary fait son grand retour au Quai de France, où il est salué avec une grande ferveur. Le paquebot n’était pas revenu accoster à Cherbourg depuis le 30 août 1939.
La Cunard décide de reprendre le chemin de la Gare Maritime Transatlantique pour y faire des escales régulières puisque le Queen Elizabeth entre dans la rade par la passe ouest à 13h40 le 26 mai 1952. Cinq remorqueurs se portent vers lui. L’accostage au Quai de France se fait à 14h26. 920 passagers sur les 2 225 que compte le Queen Elizabeth à son bord débarquent à Cherbourg. À bord se trouvent le Duc et la Duchesse de Windsor ainsi que l’acteur Gregory Peck qui se rend à Rome pour tourner le film Vacances romaines. Trois trains spéciaux sont affrétés.
- Les stars
Grâce aux escales de prestigieux paquebots, de nombreuses vedettes transitent par Cherbourg. Parmi elles, des stars françaises comme Marie Bell, sociétaire de la Comédie Française, et Fernandel qui en mars 1964 débarque du Bremen en compagnie de son fils et de sa fille.
On croise des stars hollywoodiennes comme Rita Hayworth qui embarque régulièrement à Cherbourg à bord du United States ou encore l’acteur-réalisateur Orson Welles. De grands sportifs sont également de passage, à l’image du boxeur Marcel Cerdan qui embarque le 12 novembre 1946 à bord de l’Île de France.
En septembre 1952, l’acteur-cinéaste britannique Charlie Chaplin fait une escale à bord du Queen Elizabeth. Il vient d’apprendre sur le paquebot que les États-Unis ne ratifieront pas son visa de retour sans un passage préalable devant une commission d’enquête. L’événement est important puisque près de 80 journalistes et autres reporters viennent à Cherbourg dans l’espoir de réaliser une photographie ou obtenir une interview.