La Red Ball Express

Mise en place d’une route stratégique

Dans la phase de préparation du plan Overlord – nom de code du Débarquement en Normandie, les Alliés sont conscients que la victoire passe par le ravitaillement permanent des unités au front en vivres, carburant et munitions. En effet, les 28 divisions de la 3e Armée du Général PATTON qui avancent à travers la France et la Belgique ont besoin de 700 tonnes d’approvisionnement chacune par jour.

Les bombardements permanents sur les lignes de chemins de fer en Normandie handicapent dans un premier temps l’armée allemande mais empêchent tout ravitaillement rapide par train entre les plages du Débarquement et la ligne de front.
En attendant la fin des réparations des voies ferrées, la voie routière reste l’unique moyen de ravitaillement. Le 21 août 1944, les Américains décident donc de mettre en place une route de ravitaillement. De nombreux véhicules sont réquisitionnés et marqués d’une boule rouge. Des chauffeurs sont sélectionnés. 73% d’entre eux sont Afro-Américains.
L’objectif initial est de transporter, à partir de Cherbourg, 72 000 tonnes de matériels et de carburant jusqu’aux villes de Dreux et de Chartres, entre le 25 août et le 5 septembre 1944.
Cette route est surnommée Red Ball Express (littéralement « Grand’route de la Boule Rouge »).

 

© Fonds NARA

Organisation de la Red Ball Express

La Red Ball Express, entre Saint-Lô et Chartres (Eure et Loire), consiste en une voie à sens unique fonctionnant grâce à 2 itinéraires parallèles en sens inverse l’un de l’autre. Cette voie est exclusivement réservée aux convois et en service 24h/24.

« Quand le Général Patton disait ‘tu dois être là’, tu étais là à conduire jour et nuit. Ces camions circulaient en permanence. Ils tombaient en panne, nous les réparions et ils fonctionnaient à nouveau. » – James D. ROOKARD, chauffeur sur la Red Ball Express.

Les camions partent cependant des dépôts situés à Cherbourg, Bricquebec et Montebourg et rejoignent les convois au départ de Saint-Lô. Les convois eux-mêmes sont divisés en séries.
La vitesse maximale autorisée est de 25 miles par heure (40 km/h).
Aucun arrêt n’est possible sauf pendant la « pause spécifique » de 10 minutes programmée exactement 10 minutes avant chaque heure fixe.
Une distance de 64 mètres entre chaque véhicule doit être respectée.

 

Résultat

L’opération Red Ball Express est un succès. En 10 jours, 74 585 tonnes de matériels sont acheminées au plus près des troupes américaines.

En raison de cette véritable performance, cette organisation reste opérationnelle jusqu’au 13 novembre 1944.

En moyenne, on compte 899 camions par jour. Un record est battu le 29 août 1944 avec 12 342 tonnes de matériel transportées grâce à 5 958 véhicules.

Entre le 25 août et 13 novembre 1944, 412 193 tonnes de matériels militaires et de carburant sont transportés.

 

Remerciements du Général EISENHOWER aux hommes et officiers de la Red Ball Express ; octobre 1944 :
Dans chaque guerre, il y a 2 grandes missions. La 1re, c’est le combat des troupes contre l’ennemi. La 2e, c’est de soutenir les troupes en leur fournissant le matériel dont elles ont besoin pour assurer la victoire. Plus les troupes de combat avancent vite et loin contre l’adversaire, plus le ravitaillement devient essentiel.
Une quantité de ravitaillement de plus en plus importante est débarquée sur le continent. Et la bataille pour acheminer ces marchandises jusqu’au front prend, elle aussi, chaque jour, une importance croissante.
La Red Ball Express est le lien essentiel entre le front et le ravitaillement. À cela s’ajoute l’immense tâche d’acheminer depuis les ports et dépôts le ravitaillement indispensable aux troupes, au moment où celles-ci en ont besoin, ravitaillement sans lequel les armées chuteraient.
À vous chauffeurs, mécaniciens et officiers qui ont gardé les véhicules de la Red Ball constamment en mouvement, je souhaite vous exprimer ma profonde gratitude. Vous faites un excellent travail.
Mais la bataille n’est pas encore gagnée, la Red Ball Express doit continuer le combat en gardant à l’esprit que chaque camion qui parvient aux forces de combat nous rapproche de la victoire.