Henri-Germain Delauze, un pionnier des grandes profondeurs

I. a. Une passion : la mer

« Vous savez, les 2 livres qui m’ont le plus marqué dans ma vie, ce sont « Don Quichotte » et « Robinson Crusoé ». C’est sur ces 2 livres que j’ai fait ma vie. »

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Henri-Germain Delauze est né le 17 septembre 1929 dans un village du Vaucluse, Cairanne, à une quarantaine de kilomètres d’Avignon. Son grand-père est le fondateur de la cave coopérative locale.

dt_delauz_0012En 1933, la famille Delauze quitte Cairanne pour Avignon et y ouvre un hôtel. Cinq ans plus tard, elle déménagera pour Toulon avant de revenir à Cairanne en 1941.

L’enfance d’Henri-Germain Delauze est compliquée. Dès l’âge de 7 ans, il passe 2 ans dans un couvent.

« J’avais une revanche à prendre, j’ai été assez malheureux quand j’étais enfant, j’ai même été plus ou moins abandonné dans un couvent. » (« Le Président », Thalassa, France 3, juin 1996.)

En 1941, il rentre au collège technique d’Isle sur la Sorgue et obtient, 4 ans plus tard, les ’CAP’’ d’ajusteur, de tourneur et de soudeur.

En 1946, il réussit le concours d’entrée à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers (E.N.S.A.M) d’Aix-en-Provence et débute ses études d’ingénieur. Entre temps, il obtient en 1947 un brevet de pilote d’avion privé.

1949 : Henri-Germain Delauze a 20 ans et vient d’obtenir son diplôme d’ingénieur. Il doit effectuer son service militaire et demande à partir au Vietnam dans la Marine. L’armée l’envoie dans l’aviation à Madagascar.

dt_delauz_0014dt_delauz_0016« C’est là que j’ai enfin connu la mer « en direct » […]. A Madagascar, je me suis mis à la plongée mais je n’avais même pas une paire de palmes, juste un vieux masque fait avec de petits bouts de caoutchouc. J’ai connu la mer des années 50 et l’abondance des espèces même si aujourd’hui à Madagascar il reste encore beaucoup de poissons, ça n’a plus rien à voir. C’est vraiment là que m’est venu mon amour de la mer. »

Il reste 3 ans à Madagascar. Après son service militaire, il participe à la surélévation du barrage d’Antelomita près d’Antananarivo (capitale de Madagascar) et crée ensuite une société de bâtiments à Tulear. Pendant son temps libre, Henri-Germain Delauze découvre en ‘’apnée’’ les récifs de Madagascar (entre Tulear et Fort Dauphin).

En 1952, retour à Marseille où il rencontre l’équipe du commandant Cousteau dirigé à l’époque par Yves Girault et Georges Beuchat (créateurs des premiers équipements de plongée sportive). Ils le font pénétrer dans le système Cousteau : l’OFRS (Office Français de Recherches Scientifiques).

« En 1952, j’avais une envie folle d’aventures. C’était Cousteau au début, j’ai essayé de rejoindre l’OFRS […] et soit à cause de mon autorité naturelle soit à cause de celle du Grand commandant, ça n’a pas marché du tout. […] Je suis resté 3 ans, on ne peut donc pas me taxer d’instabilité : je fais le même métier depuis 45 ans, j’ai la même femme depuis 43 ans, la même compagnie depuis 35 ans et la même voiture depuis 15 ans, je suis donc un modèle de stabilité. […]  A l’OFRS, j’ai quand même appris à plonger, je n’étais pas un mauvais plongeur mais ça m’a confirmé dans ce goût là. » (« Le Président », Thalassa, France 3, juin 1996.)

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Il effectue avec l’équipe Cousteau, dans les années 50, ses premières plongées archéologiques et spéléologiques (épave grecque du Grand Congloué aux îles de Marseille ; Fontaine de Vaucluse…)

L’année suivante, Henri-Germain Delauze et Philbée Pham Van se marient à Marseille. Henri-Germain Delauze devient par ailleurs, l’ingénieur en techniques de l’air comprimé de la société Spiros (fabricant de compresseurs et d’installations industrielles de gaz comprimé) en région Provence. Emploi qu’il quittera en 1955.

En 1956, Henri-Germain Delauze entre dans la société de travaux publics des Grands Travaux de Marseille pour prendre la direction d’une série de grands chantiers dont le premier sera le grand tunnel autoroutier sous-marin dans la baie de la Havane à Cuba. Ce sera le premier tunnel construit par l’assemblage de caissons de 20 000 tonnes fabriqués en cale sèche et jointés bout à bout par plongeurs après avoir été posés et alignés sur le fond. Le chantier a nécessité l’intervention de 2 000 employés dont 30 scaphandriers sur 2 ans.

« J’ai travaillé pendant 10 ans aux Grands Travaux de Marseille, je me suis éclaté comme un fou dans les travaux publics à La Havane à gueuler avec quand même plus d’une centaine de personnes sous mes ordres, j’avais alors 26 ans. «  (« Le Président », Thalassa, France 3, juin 1996.)

Après son périple à Cuba, Delauze est de retour en France en 1958 où il prend la direction de la construction d’un tunnel sous la Seine pour le transfert des eaux usées de Paris Ouest vers la nouvelle centrale d’épuration (site de la Frette).

Documents HG Delauze