Les biologistes marins, afin de collecter les animaux vivants, ont pris l’habitude de se rendre sur le littoral. Ils ont alors besoin de lieux pour stocker, conserver et étudier les espèces récoltées. Les stations marines sont donc créées pour pallier ce problème.
L’idée d’un laboratoire fixe permettant des études plus approfondies voit le jour, notamment grâce à Carl Vogt (1817-1895), zoologiste allemand, qui tente en vain de créer un laboratoire marin à Trieste (Italie).
Il inspirera le zoologiste belge Pierre Van Beneden (1809-1894) qui fait transformer une huîtrière d’Ostende (Belgique) en 1843 pour en faire un laboratoire maritime mais celui-ci finit par être abandonné.
En France, les stations marines se développent rapidement. Elles sont destinées à l’enseignement et accueillent durant l’été des chercheurs de différentes disciplines. Elles sont principalement consacrées à la biologie marine.
Victor Coste (1807-1873), naturaliste* français, s’intéresse à l’ichtyologie*. Il fonde en 1859 la station marine de Concarneau (Finistère), le premier laboratoire maritime des côtes françaises, qui jouera un rôle important dans la recherche scientifique de l’époque. C’est aujourd’hui la plus ancienne station de biologie marine existant au monde.
Depuis 1996, la station est gérée par le Muséum National d’Histoire Naturelle en concertation avec le Collège de France. En plus des activités de recherche, on y trouve un marinarium (musée-laboratoire).
Suivront les stations fondées par le professeur titulaire de la chaire de Zoologie de la Sorbonne, Henri de Lacaze-Duthiers : Roscoff (Finistère), en 1872 ; puis Banyuls-sur-Mer (Pyrenées-Orientales) en 1882.
La même année (1882), deux jeunes zoologistes : Hermann Fol et Jules Barrois fondent le « Laboratoire des Hautes Etudes » à Villefranche-sur-Mer (Alpes Maritimes) ; après diverses évolutions au cours de la fin 19e et du 20e siècle (en 1884, A. de Koretneff, professeur de l’université de Kiev, en fait le « Laboratoire russe de zoologie » ; en 1931, il est rattaché au Ministère de l’éducation nationale français, mis à disposition de l’Université de Paris et rattaché au Laboratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer ; en 1971 la station devient indépendante de Banyuls) le laboratoire de zoologie marine devient peu à peu pluridisciplinaire pour donner naissance au centre d’Etudes et de Recherches océanographiques de Villefranche-sur-Mer (CEROV), qui deviendra l’Observatoire océanologique en 1989.
En 1863, la société des sciences naturelles et archéologiques d’Arcachon organise une exposition internationale dont les locaux servent par la suite à la création de la station marine d’Arcachon (Gironde) qui sera achevée en 1883.
En 1874, la faculté des sciences de Lille fonde le laboratoire marin de Wimereux (à proximité de Boulogne-sur-Mer) et l’université de Caen, celui de Luc-sur-Mer (Calvados). En 1879, l’université de Montpellier crée le laboratoire de Sète (Hérault). En 1900, un professeur de zoologie de Lille crée la station de Portel au sud de Boulogne-sur-Mer.
À la demande des professeurs du Muséum national d’histoire naturelle, est créé en 1888 le laboratoire marin de l’île de Tatihou, dans la Cotentin. En 1923, sur les conseils de Jean Charcot, le Laboratoire maritime vient s’installer dans les locaux de la Marine nationale à Saint-Servan, à l’embouchure de la Rance. Il est ensuite transféré à Dinard en 1935.
La même année est achevée la station d’Endoume (Bouches-du-Rhône) rattachée à la faculté des sciences de Marseille. Il est aujourd’hui l’une des composantes du Centre Océanologique de Marseille (Université de Méditerranée, Aix-Marseille 2).
Entre 1891 et 1900, l’université de Lyon installe la station marine de Tamaris, dans la rade de Toulon (Var).
La France créé également des stations marines dans ses colonies : Castiglione en Algérie, Salâmmbo en Tunisie, Nha Trang au Vietnam…
Avec la création de toutes ces stations débute en France, au sein de l’enseignement supérieur, une recherche en biologie marine de qualité, associée à l’enseignement, deux activités qui n’ont cessé de se développer.
Des pays étrangers installent également à la fin du XIXe siècle des laboratoires sur leurs côtes.
En 1871, en Russie, la station biologique de Sébastopol est créée sur les bords de la mer Noire. En 1872, l’Allemand Anton Dohrn (1840-1909) crée la station zoologique de Naples (Italie). Cette station marine était considérée à l’époque comme le plus grand établissement mondial dédié à la recherche. Contrairement aux stations françaises, elle n’est pas rattachée à une université mais est privée, ouverte toute l’année, à la disposition des chercheurs.
Certains scientifiques l’ayant fréquentée, créent à leur tour un laboratoire marin dans leur pays : le laboratoire de Misaki (Japon) créé en 1887 par Kakichi Mitsukuri (1858-1903), Plymouth (Angleterre) créée en 1888 par Edwin Ray Lankester.
En 1888, né aux Etats-Unis, près de Boston le Woods Hole, un institut créé par Charles Otis Whitman (1842-1910), et qui deviendra le Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI).
En Californie, à San Diego, un 2ème laboratoire américain voit le jour en 1903 : le Scripps Institution of Oceanography.
Pour en savoir plus : http://sio.ucsd.edu/
Répondant à des besoins économiques, l’activité des stations marines à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle est intense tandis que l’océanographie en haute mer souffre de moyens financiers et techniques limités.