Thierry Moutin
Nous sommes encore très limités par notre capacité à mesurer les variables qui vont nous permettrent de mieux comprendre le fonctionnement de l’océan. Nous avons toujours besoin d’instruments de plus en plus précis et sensibles, de capteurs qui peuvent mesurer certaines variables à hautes fréquences. En plus des nouveaux instruments que l’on va utiliser (capteurs nitrate et oxygène, capteur de température à ultra haute fréquence, compteur optique de particules, cytomètre trieur de cellules, profileur vidéo marin…), nous nous dirigeons vers de l’océanographie opérationnelle.
Dans le cadre de la mission BOUM, nous employons du nouveau matériel qui va rester en mer et qui va nous renseigner pendant longtemps sur la dynamique océanique. C’est du matériel qui a été mis au point pour l’océanographie opérationnelle. En gros, nous voudrions avoir une idée du fonctionnement de l’océan à un moment donné, indépendamment de la lourde logistique à mettre en œuvre pour les bateaux. Donc, quelque part, on peut dire que nous participons à l’élaboration de nouveaux instruments puisque que nous nous en servons dans nos campagnes. Dans ce cadre, nous avons parfois été consultés pour le développement de nouveaux navires.
Jozée Sarrazin
Avez-vous contribué à l’élaboration de nouveaux instruments ?
Oui, car je suis assez bricoleur, j’ai un goût pour la mécanique… Je me suis passionné pour les pompes aspirantes, pour récupérer en douceur des animaux qui sont très fragiles, qu’il ne faut absolument pas écraser ni presser. Je me suis beaucoup intéressé à ces questions là, ainsi qu’aux techniques pour trier les minuscules animaux marins. Sur le profond surtout, on ne savait pas du tout trier au début, donc la plupart des bêtes échappaient à nos investigations parce qu’elles sont inférieures au millimètre. Et puis, on a appris peu à peu à le faire et puis à obtenir des résultats tout à fait étonnants en terme de biodiversité dans ces grands fonds. Je pense que cela peut aider d’avoir un intérêt pour tout ce qui est technologie.
En tant que scientifique, vous a-t-on consulté pour avoir votre avis pour la réalisation d’un instrument ?
Oui c’est arrivé. On apprend aussi tout ce qui est navigation, on est forcément amené à apprendre un peu, ne serait-ce que pour communiquer avec le commandant du bateau quand on fait des plongées.