Thierry Moutin
Mon parcours universitaire a été le suivant : DEUG « Mathématiques et Sciences de la nature » à Grenoble ; ensuite, Maîtrise « Air et Eau » à Chambéry (ça faisait longtemps que voulais travailler dans le domaine de l’eau !) puis un DEA national d’hydrologie, à Paris VI et Montpellier, et enfin un Doctorat en énergétique à l’Université de Montpellier II. En thèse, j’ai étudié la relation entre la disponibilité nutritive et la production algale des lagunes de cette région.
Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer dans ce parcours ?
Comme beaucoup d’étudiants, l’argent ! J’ai du obtenir une bourse…
Et dans ce domaine d’étude, y a-t-il des difficultés particulières ?
Personnellement, j’ai eu de la chance parce que j’ai été recruté en tant que Maître de conférences pour enseigner la chimie de l’eau, la chimie océanographique, à un moment où c’était un cursus qui n’existait pas vraiment. En fait, quand je parle de hasard, c’est parce que je me suis retrouvé avec une compétence en chimie de l’eau alors que nous étions peu nombreux à l’avoir à ce moment là.
Jozée Sarrazin
J’ai poursuivi un cursus écologie/biologie à l’Université du Québec à Montréal, après j’ai fait une maîtrise (MSc) en océanographie à Rimouski (Québec). Au Canada, cela correspond à deux ans d’études sur le même sujet de recherche, soit l’équivalent des Master 1 et Master 2 en France, puis j’ai fait une thèse suivie de deux post-doctorats, l’un aux Etats-Unis, l’autre au Québec.
Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer dans ce parcours ?
Comme n’importe qui fait une thèse, il faut persévérer, travailler dur… S’imposer, ne pas lâcher … malgré la forte pression.
Pierre-Marie Sarradin
C’est un peu de la chance et du hasard. On arrive de temps en temps à être la bonne personne au bon moment, sachant que j’étais en train de terminer ma thèse à Pau quand j’ai vu l’offre d’emploi Ifremer.
Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer dans ce parcours ?
Je ne peux pas vraiment parler de difficultés, j’ai eu de la chance… Je crois que je ne suis pas un exemple, ou alors un exemple de ce qui pouvait encore se passer il y a une quinzaine d’années, c’est-à-dire parvenir à trouver un poste dans la recherche presque immédiatement après sa thèse.
Je n’ai fait que 8 mois de « post-doc » et d’ATER (assistant temporaire d’enseignement et de recherche), tandis que maintenant les personnes qui sont recrutées font un ou deux « post-doc », voire un troisième « post-doc » à l’étranger, avant de pouvoir espérer un poste dans la recherche.
Selon vous, quelles qualités sont requises pour parvenir au poste souhaité dans ce domaine ?
Personnellement, cela s’est fait un peu comme ça, je ne viens pas d’un milieu qui baigne dans la recherche… C’est, en revanche, en avançant dans les études que certaines portes s’ouvrent et qu’il faut savoir saisir sa chance.
Lucien Laubier
J’ai suivi des études universitaires simples : après le baccalauréat, j’ai fait le SPCN, ce qu’on appelait Sciences chimiques, physiques et naturelles, ensuite j’ai suivi une licence en 2 ans et puis à 20 ans, j’ai eu la chance d’obtenir un poste d’assistant. J’ai donc commencé à faire des travaux pratiques puisque j’ai été nommé à Banyuls sur Mer, dans le laboratoire de biologie marine de la faculté des sciences de Paris. J’ai été tout de suite expatrié sur le terrain si j’ose dire… Je suis arrivé à Banyuls en quittant tout le milieu parisien, mes études, la famille, mon université, fin octobre 1956.
J’ai démarré immédiatement. Plus tard, j’ai passé ma thèse (« Le Coralligène des Albères. Monographie biocénotique », Sciences naturelles Paris VI, 1966) et ai ensuite occupé plusieurs importantes fonctions scientifiques dans différents instituts…
Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans ce parcours ?
Non maisj’ai beaucoup su changer : par exemple, au lieu de me « crisper » sur ma thèse pendant les 4 ou 5 premières années, j’ai mis presque 10 ans à passer ma thèse mais c’était ma publication numéro 50 ! J’étais déjà connu dans mon domaine (les polychètes*) J’avais déjà fait beaucoup publié. Par la suite, quand j’ai vu se profiler les nouveautés de la tectonique des plaques à la fin des années 1960, c’est vrai que je me suis précipité sur ce nouveau sujet. C’est comme ça que j’ai eu l’occasion de décrire le fameux ver de Pompéi qui vit à des températures très élevées, dans les systèmes hydrothermaux du Pacifique. Je me suis intéressé à des sujets très différents : je suis devenu un spécialiste reconnu des conséquences écologiques des marées noires, je connais pas mal de choses en aquaculture… Je me suis dispersé, disent les méchantes langues ! Moi j’estime que j’ai fait beaucoup ! J’ai aussi eu beaucoup de chance, je crois. J’ai pu créer quelque chose : j’ai été associé dès le départ à la construction du centre de Brest (CNEXO), j’ai pu moi-même monter un groupe de 80 personnes, équiper des laboratoires, définir les locaux…, alors que j’avais 35 ans. J’ai eu une chance exceptionnelle, je le reconnais, mais je l’ai aussi cherché, en quittant Banyuls pour la Bretagne.
Selon vous, quelles sont les qualités pour réussir dans ce domaine : la curiosité ?
Une ouverture d’esprit, une curiosité jamais complètement satisfaite, le désir de toujours faire du nouveau : voir des choses nouvelles, entrer en contact avec des gens nouveaux, renouveler son environnement de travail… Cela m’a toujours relancé complètement dans la vie que de retrouver autour de moi des gens nouveaux.