A plus de 2500 mètres de profondeur, quelques espèces défient les lois de la biologie et créent la vie là où l’homme n’osait l’imaginer : au coeur des abysses.
Ces peuplements ont des biomasses* pour le moins étonnantes (elles atteignent localement 50 à 100 kilogrammes par mètre carré), le tout sur des surfaces très réduites, quelques dizaines à quelques centaines de mètres carrés.
Mais comment la vie peut-elle se développer à des milliers de mètres sous la surface de l’eau, dans le noir le plus complet et à des pressions et des températures aussi extrêmes ? La réponse se trouve à proximité des sources hydrothermales.
Les sources hydrothermales sont situées dans des zones de tectonique active : des zones où les plaques tectoniques s’écartent les unes des autres sous la poussée du magma basaltique montant des profondeurs (zone dite d’accrétion), Au cours du refroidissement du magma, l’eau de mer s’engouffre dans les fissures provoquées par les mouvements des plaques lithosphériques*.
En pénétrant dans les fissures de la croûte océanique* jusqu’à des profondeurs de 1000 à 3000 mètres, l’eau de mer se réchauffe jusqu’à 800°C environ grâce à sa proximité avec le réservoir superficiel de magma. Elle perd alors son oxygène dissous. Des composés comme les sulfates sont réduits pour donner des sulfures, hydrogène sulfuré et sulfures de différents métaux (sulfures polymétalliques) échangés avec le basalte*. L’eau de mer se transforme en un fluide anoxique*, chargé de sulfures, très chaud qui remonte vers la surface par convection*. En remontant, ce fluide est émis par les évents (orifices) hydrothermaux à des températures élevées, pouvant atteindre 350 à 400°C. Mais du fait de la forte pression hydrostatique régnant à 2500 mètres (de l’ordre de 26 Mégapascal*), l’eau reste liquide bien au-delà de 100°C.
Sur un même site, en fonction du mélange avec l’eau de mer fraîche, on distingue plusieurs types d’émissions hydrothermales selon leurs formes, leur température, leur débit et leur composition chimique. Mais ce sont les fumeurs noirs (ou black smokers) qui en sont sans doute la manifestation la plus remarquable.