Quel est votre métier aujourd’hui ?
Je suis chercheur en écologie. Je cherche à comprendre si la recherche que nous faisons dans les grands fonds a un impact sur les écosystèmes, en particulier sur les organismes vivants qui s’y développent. Nous sommes aux prémices d’une exploitation minière de ces grands fonds mais nous n’arrivons pas à prédire les impacts de cette industrie avant qu’ils ne soient réels.
Mon travail consiste donc à évaluer les pressions que nous exerçons juste en faisant des échantillonnages et des observations et ensuite extrapoler ces résultats à une exploitation de grande ampleur. Cela nous permettrait de mieux encadrer l’industrie pour minimiser les conséquences de l’activité humaine sur les grands fonds.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser aux grands fonds ?
Je pense que j’ai toujours voulu me diriger vers un métier en lien avec la nature de par mon éducation. Très curieux et obstiné, j’ai affiné mon parcours vers la recherche. L’écologie marine, et plus particulièrement les grands fonds, ne sont devenus une obsession que plus tard, en licence, lorsque j’ai compris que je devais me spécialiser.
Je pense que ce choix est surtout motivé par mon envie de protéger ce monde et par l’émotion que je ressens lorsque je suis dans l’eau. Un monde mystérieux apparait, dans un silence assourdissant.
Racontez-nous votre première plongée dans les grands fonds.
Pour l’instant, je ne peux pas vous partager cette expérience. Mais dans un an maintenant, j’aurai l’opportunité de partir en mission pour aller explorer les cheminées hydrothermales. Si j’ai la chance de monter dans le Nautile pour plonger à 2 000 mètres de profondeur, alors je pourrai, sans doute, vous conter avec grandiloquence ô combien cette expérience était merveilleuse.
Racontez-nous une anecdote en lien avec les grands fonds.
Pendant mon doctorat, je faisais des missions d’échantillonnages nocturnes dans le nord du Canada. Il m’est souvent arrivé des mésaventures anodines comme rester bloqué au centre du lac sur une barque en attendant qu’un ours venu explorer la berge veuille bien nous laisser accoster. Mais le moment le plus éprouvant fut sans doute la nuit où un orage ravagea notre matériel et notre moral, nous obligeant mon assistant et moi à passer une nuit blanche munis d’outils et d’imperméables.