ALICIA VEUILLOT
Doctorante en écologie benthique, Laboratoire Environnement Profond à l’Ifremer – Brest
- Quel est votre métier aujourd’hui ?
Actuellement, je suis doctorante en écologie benthique. Je suis donc en train de réaliser une thèse sur les fonds marins, et notamment la colonisation de la faune au niveau des édifices hydrothermaux.
Cette thèse est particulièrement d’actualité au vu de notre contexte environnemental, économique et social car il s’inscrit dans une optique de restauration des grands fonds en cas de perturbation anthropique, ou d’exploitation.
- Qu’est-ce qui vous a poussée à vous intéresser aux grands fonds ?
Plusieurs éléments ont joué dans ce choix professionnel et personnel. Au départ, une véritable fascination pour le milieu marin, et particulièrement pour les grands fonds, « les abysses », de par ce sentiment d’inconnu mêlé de mystère et même d’appréhension qui en résultait. Puis, quelques lectures, reportages et recherches personnelles ont fini de développer cet engouement.
Finalement, pendant mes études de Master, j’ai fait la connaissance d’une chercheure en écologie benthique qui m’a permis de contacter le laboratoire dans lequel j’exerce actuellement, et de me lancer dans cette voie.
- Racontez-nous votre première plongée dans les grands fonds.
Je n’ai effectué que quelques missions en mer en milieu côtier dans le but de réaliser un suivi des communautés phytoplanctoniques en Manche/Mer du Nord.
Concernant les grands fonds, je n’ai pour l’instant fait qu’imaginer, écrire et mettre en scène une première plongée à bord du sous-marin Nautile lors d’un atelier d’écriture Art & Sciences, mais je n’ai pas encore eu la chance de plonger ni même d’embarquer.
Ma première campagne océanographique se déroulera en hiver 2023, pendant 45 jours, je suis particulièrement enthousiaste à l’idée de découvrir la vie en mer.
- Racontez-nous une anecdote en lien avec les grands fonds.
À défaut d’une anecdote concernant les grands fonds, je pense à cette journée sur la Côte d’Opale, dans le nord de la France.
Partie avec une collègue dans le but de compter/observer les communautés de phoques installées au niveau d’une plage imprévisible qui, selon la légende, aurait englouti un véhicule 4×4 en l’espace de quelques minutes, nous nous sommes fait prendre par la marée montante.
Un courant violent, un froid glacial, peu de réseau téléphonique, un secours in extremis, on retiendra de magnifiques souvenirs d’une nage forcée avec les phoques à la nuit tombée… et une certitude de ne jamais plus prendre la mer à la légère.
« Faites attention à la marée montante ! Plus sérieusement, ce qui est important c’est d’être passionné par ce que l’on fait, de le faire avec cœur et beaucoup de curiosité, et alors cela fonctionnera quel que soit votre parcours personnel et professionnel, quelles que soient vos ambitions. La mer, et plus particulièrement les fonds marins, sont convoités, menacés, impactés par divers facteurs, chacun d’entre nous peut agir à son échelle. Apprenons de ces écosystèmes pour mieux les comprendre, les gérer, et ainsi les protéger.«