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Pieter VAN BEEK, Océanographe

Pieter VAN BEEK © Aymeric Picot, La Cité de la Mer
Pieter VAN BEEK © Aymeric PICOT, La Cité de la Mer

Océanographe, spécialisé en géochimie marine au LEGOS. Professeur à l’Université Paul Sabatier Toulouse III.

Pieter VAN BEEK est né en 1974. Il est originaire du Cotentin (Manche – Normandie). Fasciné par les grands navigateurs-explorateurs voyageant sur les mers pour explorer les terres inconnues et lointaines, et bercé par les récits de voyage sur la conquête des pôles, Pieter VAN BEEK entame très vite des études en océanologie.

« Yves Joseph de Kerguelen, Trémarec, Dumont D’Urville, Charcot… sont souvent partis pendant de longs mois dans ces régions hostiles, dans des conditions incroyables afin d’atteindre des objectifs qui peuvent sembler « petits » en comparaison des efforts consentis et de la douleur endurée. »

Pieter a un attachement particulier pour l’explorateur Ernest SHACKLETON, dont il aime reprendre la célèbre citation « quelque regret que nous puissions avoir, nous avons fait de notre mieux », après l’échec de sa tentative d’atteindre le pôle sud en 1914.

Le livre de chevet de Pieter est d’ailleurs le récit incroyable de cette expédition : « Les survivants de l’Antarctique, l’odyssée Shackleton » de Caroline ALEXANDER. Il retrace « une aventure hors norme et des personnages hors du commun. »

En 2001, il soutient une thèse de doctorat menée au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement – LSCE à Gif-sur-Yvette sur l’« Utilisation de la barytine sédimentaire marine pour les études paléocéanographiques de l’Holocène ». C‘est à l’occasion de l’élaboration de sa thèse qu’il a son premier rendez-vous avec l’Antarctique.

« Ces régions polaires m’ont toujours semblé avoir un statut à part sur la Terre. Je les ai longtemps considérées comme inaccessibles, jusqu’à ce que j’embarque sur un brise-glace en direction de l’Antarctique. »

Il poursuit ensuite deux formations postdoctorales. L’une au Woods Hole Oceanographic Institution – WHOI (États-Unis), qui l’embarque dans des missions aux Bermudes, Hawaii et le Pacifique et l’autre à l’Université d’Edimbourg (Écosse). Puis, il débute les premières missions à bord des brises-glaces Polarstern et Marion Dufresne en Antarctique.

Après un passage comme enseignant à Intechmer à Tourlaville (Manche – Normandie), il enseigne depuis 2003 à l’université Toulouse III Paul Sabatier. Il est également responsable du laboratoire des mesures des faibles radioactivités LAFARA, une plateforme d’analyse de l’université. Avec son équipe, il utilise principalement les radioéléments naturels qui se dispersent dans l’Océan pour étudier des processus variés comme les flux de matière, la circulation océanique, les mélanges ainsi que les chronomètres…

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© Pieter VAN BEEK

Il mène par ailleurs ses recherches sur l’observation de l’Océan actuel au Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie Spatiales – LEGOS à Toulouse. Il est en effet à la tête de l’équipe de géochimie marine qui utilise les isotopes stables et radioactifs naturellement présents dans l’Océan comme traceurs pour étudier son fonctionnement et le rôle qu’il joue dans la régulation du climat. Il a participé à une quinzaine de campagnes océanographiques dans les différents océans du globe dont 4 missions menées dans l’océan Austral.

« Les moments inoubliables auxquels je pense sont les tempêtes que l’on vit à bord des navires océanographiques dans ces régions inhospitalières dominées par les vents violents. Ce sont des moments à la fois magiques et effrayants. On pense alors aux navigateurs-trices qui seul-e-s sur leurs petits voiliers se font secouer lors des courses autour du monde. »

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© Pieter VAN BEEK

Après 3 campagnes récentes dans la région des îles subantarctiques Kerguelen, Crozet et Heard et une campagne en Antarctique, il travaille actuellement avec son équipe sur un projet de mission dans l’océan Arctique qui vise à étudier les conséquences du changement climatique.

« Les arrivées devant les terres lointaines telles que les îles subantarctiques Kerguelen ou Crozet sont toujours des moments magiques. Après plusieurs semaines de mer, voir la terre constitue toujours un moment particulier. La vision de la terre au milieu des vastes étendues de mer rappelle – j’imagine – la vision qu’ont dû avoir les navigateurs qui ont été les premiers à découvrir ces îles. »

L’année 2022 est notamment dédiée à l’analyse des échantillons collectés en 2021 pendant la campagne SWINGS, qui aspire à cartographier la distribution des éléments chimiques dans les océans. Pieter encadre également une jeune doctorante

Par ailleurs, pour Pieter « il est important de communiquer auprès du grand public et en particulier des jeunes car ces régions sont fragiles et subissent de plein fouet le changement climatique ». Lors des diverses campagnes auxquelles il a participé, il a en effet interagi avec les élèves d’écoles primaires qui suivaient les missions. À bord du navire, il leur décrivait le travail scientifique, la vie à bord, la faune qu’il croisait. Au retour de mission, il est allé à la rencontre des écoliers pour répondre à leurs questions et les aider à monter des expositions.

« Ces moments constituent toujours des moments privilégiés car ces régions et leurs problématiques intéressent les jeunes. Ces échanges sont toujours riches. »

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