Un nouveau défi : l’Argyronète
En 1963, la carrière de Pierre WILLM prend un autre tournant. André GIRAUD, alors Directeur général adjoint de l’Institut Français du Pétrole (IFP), lui propose de diriger le programme Marine. Il accepte, car il connaît l’intérêt que porte l’IFP à la prospection en mer.
En effet, depuis 1963, l’IFP poursuit un programme de recherches marines dont l’objectif est la mise au point de techniques de prospection et d’exploitation des gisements sous-marins d’hydrocarbures. Bien que des engins télécommandés aient été élaborés, le recours à l’observation directe et à l’intervention humaine rapprochée s’avère indispensable.
De plus, l’expérimentation faite par le Centre d’Études Marines Avancées (CEMA – créé par le Commandant COUSTEAU), des « maisons sous la mer » en 1962 lors du programme Précontinent encourage l’IFP à investir dans ce domaine. C’est pourquoi l’IFP et le CEMA se lancent dans l’étude de la construction d’une « maison sous la mer auto-pulsée et autonome » : l’Argyronète (d’après le nom d’une araignée aquatique tissant sous l’eau une cloche de soie qu’elle remplit d’air).
Proposée par le Commandant COUSTEAU, l’Argyronète est à la fois une maison sous la mer où vivent des plongeurs à saturation et un sous-marin classique dont l’équipage vit sous pression atmosphérique normale.
Pierre WILLM, en collaboration avec l’équipe du CEMA, dessine les plans de l’Argyronète. Ce submersible est conçu pour permettre à 4 océanautes de vivre et de travailler à 600 mètres de profondeur pendant 8 jours. La construction commence le 2 septembre 1968, le projet est financé par l’IFP et le CNEXO (Centre National pour l’Exploitation des Océans). La réalisation est confiée au CEMA sous la direction Pierre WILLM, chef de projet.
Il est convenu que l’Argyronète appartienne au CNEXO qui en assurera la gestion et l’entretien. Toutefois, l’IFP ou les industries pétrolières seront autorisées à l’utiliser dans le cadre de missions pétrolières. Le 9 septembre 1971, le ministre du Développement Industriel et Scientifique donne l’ordre de suspendre les travaux, la facture s’étant, entre-temps, alourdie.
De l’Argyronète au SAGA
Le projet est repris en 1982 par la Comex, dirigée par Henri-Germain DELAUZE, et l’Ifremer (ex-CNEXO) sous le nom de SAGA. Le 16 octobre 1987, le SAGA (Sous-marin d’Assistance à Grande Autonomie) est lancé à Marseille, en présence du Premier ministre Jacques CHIRAC.
En mai 1990, il bat le record de profondeur d’intervention depuis un sous-marin, en relâchant un plongeur à – 317 mètres. Cet exploit passe inaperçu aux yeux du grand public, mais constitue néanmoins une étape importante dans la conquête des profondeurs.