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Pierre LEGALL, responsable de l’acquisition et du traitement des données de l’expédition Endurance22.

Pierre LE GALL © endurance22.org
Pierre LE GALL © endurance22.org

Portrait

Pierre est un magicien du traitement des données, non pour son visage à la Harry Potter, mais parce qu’il est capable de produire des résultats magnifiques avec de simples données brutes.

A la suite d’un stage chez Deep Ocean Search LTD, il intègre l’Intechmer en 2013, promotion Falco et cursus océanographie prospection, et en ressort diplômé en 2016.

« J’ai intégré Intechmer car, depuis que je suis petit, je suis bercé par les histoires de naufrages de ma famille, oscillant entre cap-hornier disparu aux Malouines et paquebot torpillé près de Malte. J’ai toujours voulu chercher des épaves, et grâce à Intechmer, j’ai pu faire un métier passion, c’est une vraie chance. Je n’aurais jamais imaginé en 2013 faire partie de grandes recherches comme le MH370, Ara San Juan, et encore moins de deux expéditions pour chercher l’épave la plus difficile à trouver au monde. »

Sa formation à l’Intechmer lui enseigne les bases théoriques et toutes les techniques pour être opérationnel sur le terrain. De plus, la force de ce cursus est d’apprendre à travailler en équipe (sa classe comptait 15/20 élèves).

« On ne peut malheureusement pas tout savoir, mais on peut être sûr qu’un copain ou un collègue aura la solution à un problème que nous rencontrons. »

Interview

Quel a été votre rôle pendant l’expédition Endurance22 ?

Pendant l’expédition, j’étais Surveyor, responsable de l’acquisition des données avec Clément SCHAPMAN et François MACE.

Mais mon rôle principal était de traiter les données en quasi temps réel avec mon collègue Fred SOUL (en quart opposé). Cette technique nous permettait de réagir rapidement en cas de cible sonar intéressante, d’évaluer la qualité des données, ou d’adapter les zones à explorer en fonction de la dérive de la glace.

Depuis la fin de l’expédition, je m’occupe depuis chez moi de toute la partie traitement de données : réalisation d’une copie digitale de l’Endurance ainsi que d’un site internet de cartographie. Ce site permettra aux scientifiques de faire leur propre recherche.

Quel est l’intérêt de continuer à exploiter les données recueillies pendant l’expédition ? Que peut-on encore trouver ?

Pour le moment, nous sommes à l’aube de grandes découvertes. Nous sommes rentrés d’Antarctique avec des données pleins les poches, d’un environnement à la fois abyssal et se situant dans une zone polaire. Pas beaucoup de monde a pu accéder à ce genre de données et c’est probablement une première en mer de Weddell. Il reste énormément de découvertes à faire sur la zone en termes de biologie marine, de géophysique et de géologie.

Sur la zone du naufrage aussi, des découvertes archéologiques, historiques sont encore à faire. La copie digitale millimétrique que nous avons réalisée permet de découvrir les artefacts laissés à bord de l’Endurance. Nous en découvrons de nouveaux chaque mois. Chaque objet a une histoire, certains sont même visibles dans les photos prises en 1914 par Hurley. Il est aussi possible d’analyser la déformation de la coque suite à l’impact avec le fond, et la pression de la glace qui a fait couler ce magnifique navire.

De plus, l’Endurance est une oasis de vie sur la plaine abyssale, il est possible que certaines espèces n’aient jamais été observées auparavant. En plus de les avoir en photo, nous pouvons les mesurer précisément.

Certains de ces domaines ne sont pas notre milieu d’expertise, notre rôle est donc de préparer les données pour les partager au plus grand nombre de scientifiques possibles.