
Paul-Romain Marie Léonce CHEVRÉ est né le 5 juillet 1866 à Bruxelles (Belgique). Il est le fils de Romain Paul CHEVRÉ, sculpteur, né le 22 mai 1833 au Lion d’Angers (Maine et Loire), et d’Adèle Joséphine DONEUX, née à Liège (Bruxelles) vers 1833.
En 1886, la famille s’installe à Asnières (Ile-de-France). La nationalité de Paul CHEVRÉ est incertaine. Il semble qu’il ait pris naturellement la nationalité française de son père.

Initié à la sculpture par son père, Paul CHEVRÉ intègre l’École nationale des beaux-arts. Dès 1890, il expose au Salon des artistes français à Paris.
Son œuvre est principalement connue au Canada où il séjourne régulièrement.
En 1898, le Comité général de la Société Saint-Jean Baptiste de Québec le choisit pour la réalisation de la statue du fondateur du Canada, Samuel de CHAMPLAIN.
En 1909, à la suite d’un concours organisé par le gouvernement du Canada, Paul CHEVRÉ réalise une œuvre à la mémoire de l’ancien Premier ministre de la province du Québec, Honoré MERCIER.
En 1911, Charles Melville HAYS, directeur général de la compagnie canadienne ferroviaire Grand Trunk Pacific Railways lui commande un buste de l’ancien Premier ministre canadien Sir Wilfried LAURIER pour l’ornement de l’Hôtel Château Laurier à Ottawa (Canada).
Paul CHEVRÉ doit se rendre au Canada pour assister à l’inauguration de l’Hôtel Château Laurier. Il embarque à Cherbourg à bord du Titanic le 10 avril 1912 en 1re classe.
Sur le paquebot, il rejoint Charles Melville HAYS et sa famille, embarqués le matin même à Southampton (Angleterre). Il occupe la cabine A-9 située à l’extrémité du pont A.
Lors de la collision, Paul CHEVRÉ joue aux cartes avec 3 autres passagers : Alfred OMONT, Lucian SMITH et Pierre MARÉCHAL dans le Café Parisien. Il cherche à s’informer sur la situation mais le personnel du paquebot lui répond de ne pas s’inquiéter.
Lorsque l’ordre est donné de faire monter les femmes et les enfants à bord des canots de sauvetage, Paul CHEVRÉ tente de s’installer dans l’un d’eux. L’accès lui est refusé. Il aide alors les femmes à prendre place et parvient à monter à bord du canot n°7.
Paul CHEVRÉ« J’ai sauté dans la dernière chaloupe vers une heure et demie du matin, lorsque la dernière dame fut embarquée. »
Une fois le canot à l’eau, il se met à ramer avec ses compagnons d’infortunes.
Paul CHEVRÉ« J’ai entendu des hurlements comme jamais je n’en ai entendu et que je n’oublierai jamais. Nous étions très impressionnés […] Ce n’est qu’au bout d’une heure que ces cris ont été remplacés par un calme absolu. Nous nous dîmes alors que le bateau venait de couler. Nous avons continué à ramer. Le froid a commencé à se faire sentir. »
Paul CHEVRÉ, à propos du Carpathia« Nous avons reçu de l’équipage et des passagers un accueil aussi réconfortant qu’il pouvait l’être. […] On nous a donné du Cognac, l’on nous a réchauffés. »
Par la suite, Paul CHEVRÉ continue de séjourner entre le Canada et la France. En 1914, il tombe gravement malade et devient aveugle. Il reste vivre avec son père à Asnières.
Il décède le 20 février 1914 à l’âge de 47 ans.
Le 22 avril 1912, Paul CHEVRÉ accorde un entretien au journal La Presse de Montréal (Canada) dans lequel il raconte le naufrage du Titanic. Il souhaite démentir des propos que la presse lui a fait tenir, notamment celui d’avoir vu le Commandant Edward John SMITH se suicider.