
Après un baccalauréat scientifique, Margaux RÉGNIEZ obtient un diplôme d’Etudes Universitaires Scientifiques et Techniques (DEUST) en Vibrations, Acoustique et traitement du Signal.
Elle entre ensuite à l’Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs du Mans (ENSIM), et se spécialise en acoustique, vibrations et instrumentation. Elle part en Erasmus à Southampton pendant 6 mois et passe un Master de Recherche en acoustique en parallèle.
Elle obtient par la suite un Doctorat en acoustique, et collabore avec Thales Alenia Space et le Centre National des Etudes Spatiales (CNES) pour écrire sa thèse CIFRE, qui porte sur l’acoustique dans le domaine spatial.
Après son doctorat, elle travaille 1 an dans l’automobile, sur les bruits de frottement d’une vanne d’échappement, puis 1 an et demi dans la jeune entreprise lilloise Eomys Engineering, sur le bruit de moteurs électriques (modélisation, mesure, formation).
Elle obtient ensuite un CDI à Naval Group, Cherbourg, dans la discrétion acoustique des sous-marins. Encore en poste aujourd’hui, elle est Equipière Discrétion Acoustique sur les programmes sous-marin. Au sein d’une équipe, elle est en charge des études pour garantir la discrétion acoustique du sous-marin, et participe aux études de R&D liées à son métier. Elle sensibilise et forme les personnels à la discrétion acoustique des sous-marins.
Équipier Fonctions transverses Discrétion acoustique, Naval Group, Département Environnement Militaire – Acoustique Sous-marins, discrétion acoustique
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser aux sous-marins et à leur univers ?
Ce qui m’a intéressé dans la discrétion acoustique des sous-marins, c’est la complexité de l’objet. J’avais travaillé dans le spatial, où les études se déroulent sur une dizaine d’années. Pour construire un Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins (SNLE), il faut compter 30 ans d’études. L’excellence d’un tel système et la vie à bord me fascinent. C’est un challenge technique : le SNLE est pour moi l’objet le plus complexe fabriqué par l’Homme et donc le graal dans beaucoup de domaines : soudure par exemple mais surtout acoustique pour mon cas. Un ami de doctorat avait intégré Naval Group et m’a dit qu’un poste s’ouvrait. J’ai postulé et j’ai été prise. Depuis je ne me vois pas faire un autre métier.
Pouvez-vous nous raconter une anecdote en lien avec l’une de vos expériences / missions, avec l’un des sons que vous avez étudié ?
J’ai beau être dans l’acoustique depuis ma première année post-bac, je n’étais toujours pas familière du bruit sous l’eau. En 2019 j’ai pu réaliser mes premiers essais dans une barge représentative d’un SNLE, immergée dans la rade de Toulon. Nous avons été perturbés par différents bruits, difficilement identifiables pour des oreilles non aguerries : crevettes, sonar actif de frégate positionnée à 12 km (on a pensé au début que c’était la tronçonneuse des jardiniers sur le quai de la barge…).
J’ai travaillé à essayer de reproduire l’ambiance acoustique à bord. J’utilise pour cela un logiciel de modélisation acoustique dans lequel j’intègre des bruits et des sons. J’ai fais appel à des collègues qui ont effectué une partie de leur carrière dans la Marine nationale pour qu’ils me donnent leur ressenti. C’est très subjectif et donc très compliqué.
« Si vous n’avez pas encore regardé [le film] Le Chant du Loup, GO ! »
Quel message voudriez-vous faire passer à la jeune #GénérationOcéan ?
Laissez-vous guider par votre curiosité, restez à l’écoute des opportunités. C’est ce qui m’a permis d’être où je suis aujourd’hui. J’ai un travail qui me passionne, je suis heureuse de retrouver mes collègues chaque jour et je me sens bien à Cherbourg (ne pas négliger le cadre de vie).