
Lady Lucy Christiana DUFF GORDON, surnommée Lucile, est née le 13 juin 1863 à Londres (Grande-Bretagne). En 1871, lorsque sa mère se remarie à un Écossais, ils partent s’installer à Jersey, où ils mènent une vie mondaine. Lucy se met à dessiner des costumes.
À 21 ans, elle se marie une première fois avec James Stuart WALLACE, de 20 ans son aîné qui l’abandonne 6 ans plus tard. Lucy demande le divorce, une situation mal perçue à l’époque.
Sans ressources et mère d’une petite fille Esmée, Lucy devient couturière. Elle remporte vite un grand succès. Á la fin de 1893, elle ouvre sa première boutique « Maison Lucile » à Londres et révolutionne le monde de la mode : elle fait scandale en ouvrant un espace spécialisé pour les sous-vêtements et ose en créer en couleurs. Elle est la première à mettre en place dans ses boutiques des podiums sur lesquels défilent les premières mannequins professionnelles vêtus de ses créations.
En 1895, elle rencontre son 2e mari, le baron Cosmo Edmund DUFF GORDON, qui investit dans une de ses maisons. La mère de Cosmo s’oppose farouchement à cette « union scandaleuse avec une divorcée ». Ils ne se marient qu’après la mort de celle-ci en 1900.
Son succès est tel qu’elle ouvre un nouveau magasin à New York en 1910. Le couple embarque à Cherbourg à bord du Titanic avec leur dame de compagnie Laura Mabel FRANCATELLI sous un nom d’emprunt, M. et Mme MORGAN. Le soir du 14 avril, Lucy dîne dans la salle à manger de la 1re classe :
Lucy Christiana DUFF GORDON« Nous avions à table un grand vase de magnifiques jonquilles qui étaient aussi fraîches que si elles venaient d’être cueillies. Tout le monde était très gai, et à une table voisine, des passagers faisaient des paris concernant le temps probable que mettrait le Titanic à battre le record de la traversée. »
Réveillée par « un drôle de grondement », elle demande à son mari d’aller voir ce qui se passe. Á son retour, Cosmo DUFF GORDON lui apprend que le navire a heurté un iceberg et lui demande d’enfiler un gilet de sauvetage.
Arrivés sur le pont des embarcations, le 1er officier MURDOCH les autorise à monter avec Mlle FRANCATELLI dans le canot n° 1, avec 2 autres passagers Abraham SALOMON et Henry STENGEL. Le canot ne comporte que 12 passagers alors qu’il peut en contenir 40. Ils seront recueillis par le Carpathia.
Le 7 mai 1912, le couple témoigne lors de l’enquête britannique sur le naufrage, notamment sur leur attitude controversée à bord du canot : il aurait dissuadé les marins de retourner porter assistance aux autres naufragés. Contrairement à son mari qui demeure éprouvé par cette commission, Lucy parvient à garder la tête haute.

Fin 1912, Lady DUFF GORDON ouvre une nouvelle boutique à Paris qui connaitra un vif succès. Elle écrit des reportages sur la mode dans des journaux à succès.
En 1924, sa maison de couture encourt des pénalités pour pratiques commerciales non réglementaires. À partir des années 1930, l’entreprise décline ce qui entraine la fermeture de la « Maison Lucile ».
Sir Cosmo DUFF GORDON disparaît en 1931. Afin de rétablir sa vérité sur la nuit du naufrage et honorer la promesse qu’elle lui avait faite, elle écrit alors « Discrétions et indiscrétions ».
Lady DUFF GORDON décède en avril 1935, à l’âge de 71 ans. Elle est enterrée avec son mari près de Londres.
Dans son autobiographie « Discrétions et indiscrétions » elle écrit : « Imaginez des fraises en avril, et au beau milieu de l’océan de surcroît. C’est proprement extravagant ! Vraiment, vous vous seriez cru au Ritz ».