Jacques PICCARD reçoit une éducation axée sur la recherche, la curiosité, le besoin de comprendre le monde, le respect de la nature et les innovations techniques.
À la fin de ses études secondaires, il s’oriente vers la faculté des sciences économiques et sociales de Genève afin d’aider son père à trouver des financements pour réaliser ses projets.
Il nourrit un vif intérêt pour l’Histoire, la politique internationale mais conserve un lien avec son père en suivant en parallèle des cours de physique à la faculté des sciences.
Après son engagement d’un an dans le conflit de la Seconde Guerre mondiale, il reprend ses études à Genève tout en participant de plus en plus régulièrement aux missions de son père.
En effet, Auguste PICCARD souhaite adapter le principe du ballon stratosphérique qui l’avait mené à 15 781 mètres d’altitude, au bathyscaphe.
De simple spectateur, Jacques, qui est âgé d’une vingtaine d’années, devient un acteur à part entière, s’investissant pleinement dans les projets de son père.
En 1953, Jacques PICCARD épouse Marie-Claude MAILLARD. De cette union, naissent 4 enfants : Bertrand, né en 1958, Noëlle née en 1960 mais décédée à l’âge de 2 ans, Marie-Laure, née en 1963 et Thierry, né en 1965.
La fin de ses études, dans les années 1950, marque alors un tournant dans sa vie. En effet, il décide de se consacrer avec son père à la construction du bathyscaphe Trieste. Il renonce ainsi à son projet de thèse sur le territoire libre de la région de Trieste pour perpétuer l’œuvre d’Auguste PICCARD.
Sur ce bathyscaphe, il supervise l’aspect technique et prend toutes les décisions concernant sa construction. Il faudra un an et demi pour le terminer.
Le 30 septembre 1953, Auguste et Jacques PICCARD testent le Trieste au large de l’Italie. Ils atteignent la profondeur de 3 150 mètres, un véritable exploit pour l’époque. Mais ils démontrent surtout que le Trieste est un « instrument de recherche merveilleux ». C’est aussi la dernière plongée pour Auguste PICCARD, alors âgé de 69 ans.
En 1958, les États-Unis se lancent dans l’aventure océanographique et soutiennent le projet des PICCARD. Auguste et Jacques PICCARD souhaitent en effet suivre l’exemple des Français Georges HOUOT et Pierre WILLM qui ont atteint, le 15 février 1954, la profondeur record de 4 050 mètres, à bord du sous-marin FNRS III, au large de Dakar.
Après quelques tests de fiabilité, les Américains décident d’acheter le Trieste. Toutefois, il est convenu que Jacques PICCARD en demeure le responsable encore une année, le temps de former l’équipage américain. Jacques PICCARD fait établir dans le contrat de rachat du Trieste, une clause stipulant qu’il se réserve le droit de « participer personnellement à toute plongée présentant des problèmes spéciaux ».
L’objectif des Américains est d’atteindre le point le plus profond de la planète, la fosse des Mariannes, au large des Philippines. La question du stockage des déchets radioactifs se faisant de plus en plus pressante, ils espèrent découvrir, quelque part sous la surface, un endroit dépourvu d’oxygène et de traces de créatures vivantes leur permettant ainsi, en toute sérénité, de déverser leurs produits nucléaires.
Le Trieste quitte la Méditerranée pour la base navale de Guam, dans l’océan Pacifique afin d’y être équipé d’une nouvelle cabine permettant d’atteindre avec certitude le point le plus profond de l’océan.
Auguste PICCARD n’est pas sur place mais il participe au projet de son fils par son esprit et par la relation fusionnelle qu’il entretient avec lui. Jacques PICCARD n’est pourtant pas choisi au départ pour effectuer cette plongée s’annonçant historique.