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Jacques PERRIN, acteur et réalisateur

Acteur, réalisateur et producteur de cinéma et de télévision.

Un enfant de la balle

Jacques PERRIN est bercé depuis sa plus tendre enfance par le spectacle vivant et la littérature. Il est le fils d’Alexandre SIMONET, régisseur à la Comédie-Française puis souffleur au TNP (Théâtre national populaire), et de Marie PERRIN, comédienne, grande lectrice et liseuse de poésie.

« Mon père, que je voyais peu, était régisseur à la Comédie-Française. Ma mère, comédienne, m’a donné le goût des textes, le goût du rêve guidé par les auteurs. »

Jacques PERRIN

Il débute au théâtre grâce à Antoine BALPÊTRÉ, pensionnaire de la Comédie-Française (1942-1945) et acteur dans des films réalisés par de prestigieux réalisateurs tels qu’Henri-Georges CLOUZOT (« L’ Assassin habite au 21 », 1942) ou Robert BRESSON (« Journal d’un curé de campagne », 1950).

« Grâce au parrain de ma sœur [ndlr : Eva SIMONET], Antoine Balpêtré, une « star » du Français, je suis monté sur scène à 14 ans dans une pièce intitulée La Gueule du loup, avec Simone Renant. J’ai quitté l’école, et je n’ai pas vraiment arrêté de travailler. »

Jacques PERRIN

À 14 ans, Jacques PERRIN quitte l’école, le certificat d’études en poche. En 1957, au Théâtre Sarah Bernhardt (l’actuel Théâtre de la Ville), il interprète un petit rôle (Ptolémée) dans « César et Cléopâtre », de George Bernard SHAW, avec Françoise SPIRA, Jean MARAIS (né à Cherbourg) et… Jean-Paul BELMONDO qui fait également ses débuts de comédien.

L’année suivante, avec Eva, l’une de ses deux sœurs, il entre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique.

« Je suis rentré au Conservatoire très tôt, avec une dispense. Je me souviens que, dans la classe du tragédien Jean YONNEL, tous les apprentis acteurs avaient une voix très grave. J’ai essayé de descendre d’un ton, mais la mienne était définitivement trop haut perchée. »

Jacques PERRIN

Attiré par le cinéma, il fréquente l’une des premières salles de banlieue consacrée au cinéma d’Art et d’Essai, l’Alcazar d’Asnières, dirigée par Jean LESCURE.
Écrivain, poète et scénariste français, Jean LESCURE est un fervent défenseur du mouvement Art et Essai. Ami d’André MALRAUX, René CHAR ou Paul ÉLUARD, il veut faire connaître au grand public un cinéma de qualité.

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Le cinéma l’Alcazar à Asnières

Dans son discours lors de l’installation de Jacques PERRIN à l’Académie des Beaux-Arts en février 2019, le réalisateur Jean-Jacques ANNAUD raconte : « Intellectuel multicartes, Jean LESCURE est un cinéphile érudit. Il fait découvrir à Jacques les grands classiques du Western, les chefs d’œuvre du cinéma japonais de MISOGUSHI, de KUROSAWA, les incontournables italiens, les bijoux de ROSSELINI, VISCONTI, FELLINI. »

Du théâtre vers le cinéma…

Courant 1959, Jacques PERRIN joue au théâtre Édouard VII, « L’année du Bac », une pièce mise en scène par Yves ROBERT. C’est lors d’une des représentations qu’il est remarqué par le réalisateur italien Valerio ZURLINI qui l’engage aux côtés de Claudia CARDINALE dans « La fille à la valise » (« La Ragazza con la valigia ») tourné en 1960 (sortie en France en 1962).

« Avec ZURLINI, j’ai compris le cinéma comme j’avais compris le théâtre avec le TNP. J’ai appris cet autre état auquel on accède quand on est acteur, qu’on sert de beaux textes et qu’on est guidé par un grand metteur en scène. »

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En 1962, il joue aux côtés de Marcello MASTROIANNI dans « Journal intime » (« Cronaca familiare ») toujours face à la caméra de Valerio ZURLINI. Un film qui obtiendra le Lion d’Or au Festival de Venise.

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Jacques PERRIN et Marcello MASTROIANNI dans Journal intime

De retour en France, il tourne, en 1964, sous la direction de Pierre SCHOENDOERFFER « La 317ème section ».

Ancien engagé volontaire pour l’Indochine (1952-1954) en qualité de cameraman au Service cinématographique des Armées, Pierre SCHOENDOERFFER est blessé et prisonnier à Diên Biên Phu, puis libéré. Il sera ensuite reporter à travers le monde pour Pathé Journal, Match, Paris-Presse, Time, Life et la télévision. À partir de 1956, il se consacre à l’écriture et la réalisation de films.

Dans son discours lors de l’installation de Jacques PERRIN à l’Académie des Beaux-Arts en février 2019, le réalisateur Jean-Jacques ANNAUD raconte :

« Dès la première rencontre avec la jeune star, (Pierre SCHOENDOERFFER) prévient, « il n’y aura aucun confort, pas d’hôtel, pas de maquillage. Si votre visage doit exprimer l’épuisement, il devra être réel. Pas de valise non plus, seulement un paquetage qui contiendra tous vos effets et que vous transporterez vous-même. Votre seul vêtement sera votre uniforme, vos seules chaussures seront des pataugas que vous porterez à longueur de temps. Cela sera éprouvant. Je n’accepterai aucune doléance ».

Le « poupin » décide de perdre dix kilos avant le tournage. Il s’abstiendra de révéler combien il en a perdu pendant. Il croyait que SCHOENDOERFFER avait exagéré.

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Jacques PERRIN dans La 317ème section

SCHOENDOERFFER était très en dessous de la réalité. Jacques est bientôt plongé pour des mois dans la touffeur tropicale de l’océan vert, le royaume des plantes et des bêtes.

Des myriades d’insectes bruissent dans l’humus, le peuple des rampants se faufile entre ses pas. Au-dessus, dans la canopée s’agitent les peuples des arbres, celui des oiseaux, celui des gibbons siffleurs qui, à chaque aube, lui indiquent que le moment est venu de s’extraire du sac du couchage.

Pierre SCHOENDOERFFER voulait que sa fiction soit tournée comme un documentaire. Sa réalisation est un pur chef d’œuvre du genre, un film que beaucoup, dont je suis, considèrent comme un des plus beaux films de guerre de tous les temps. »

« Dès cette époque, j’ai compris que l’ailleurs n’existait pas. Quand on est très loin, on chemine un peu plus déboussolé mais on trimbale toujours la même carcasse. Ce qui m’intéresse vraiment, c’est le voyage que l’on fait auprès des autres ici ou au bout du monde. »

Jacques PERRIN

Un film qui compte beaucoup dans son parcours d’acteur, de producteur et de futur réalisateur.

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Jacques PERRIN acteur mais aussi producteur

Jacques PERRIN fonde, dès les années 1960, sa société de production Reggane Films – qui deviendra par la suite Galatée Films. Il produit des films engagés comme Z du réalisateur Grec exilé en France COSTA-GAVRAS, tiré du livre de Vassilis VASSILIKOS : un réquisitoire contre la dictature des colonels instaurée le 21 avril 1967 en Grèce.

Jacques PERRIN, qui connaît COSTA-GAVRAS depuis le film « Compartiment tueurs » (1965), y interprète le rôle d’un journaliste.

« Tout cela n’aurait peut-être pas vu le jour sans La 317ème Section. J’y ai appris que l’action n’a un sens que si on la mène vraiment jusqu’au bout. »

Jacques PERRIN

C’est son baptême du feu en tant que producteur ! Dans son discours lors de l’installation de Jacques PERRIN à l’Académie des Beaux-Arts en février 2019, le réalisateur Jean-Jacques ANNAUD raconte :
« Jacques refuse (de) croire (que le film ne se fera pas), (il) propose à COSTA de l’aider. Il avoue ne pas savoir comment : il n’a aucune expérience de la production, zéro. Il ne sait pas ce qu’est une traite, un agio, une avance sur recette, un tax-shelter. Il a comme seul bagage son enthousiasme et son charme. Qui est considérable. »

« Quand on veut faire un film particulier, il est toujours très difficile de trouver une production, parce que c’est beaucoup plus en fonction de statistiques commerciales, de distributeurs qu’on établit un film et non à partir des cinéastes. »

Jacques PERRIN

Un film qui impose Jacques PERRIN parmi les producteurs qui comptent en France mais aussi dans le monde : en 1969, « Z » remporte 2 Oscar du Meilleur Film Étranger et Meilleur Montage (1969) ; les Prix du Jury et d’interprétation masculine au Festival de Cannes ainsi que le Golden Globe 1970 du Meilleur Film Étranger.

Parallèlement, il n’abandonne pas les plateaux de cinéma, tournant aux côtés de Catherine DENEUVE dans « Les demoiselles de Rochefort » (1967) puis dans « Peau d’Âne » (1970) deux comédies musicales réalisées par Jacques DEMY.

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« Une des singularités de Jacques est d’avoir été le partenaire des meilleurs et des plus grands, dès les origines », raconte le réalisateur Jean-Jacques ANNAUD dans son discours lors de l’installation de Jacques PERRIN à l’Académie des Beaux-Arts en février 2019.

Car effectivement, ce grand acteur français a joué aux côtés des plus prestigieux interprètes : Simone SIGNORET, Philippe NOIRET, Claude RICH, Gene KELLY, Jean ROCHEFORT, Catherine DENEUVE, Marcello MASTROIANNI…

Côté production, il soutient le 1er film français sur La Guerre d’Algérie d’Yves COURRIÈRE et Philippe MONNIER sorti en France en 1972 et poursuit sa collaboration avec COSTA-GAVRAS en produisant :

  • »État de siège » avec Yves MONTAND (Prix Louis-Delluc 1972).
    Tourné au Chili grâce au soutien du président Salvador Allende – renversé peu après -, le film s’inspire de faits réels : l’enlèvement, en Uruguay, d’un agent du FBI sous couverture, par des rebelles d’extrême gauche du Mouvement de libération nationale.
  • « Section Spéciale » (Prix de la Mise en Scène, Festival de Cannes 1975) dans lequel Jacques PERRIN interprète le rôle d’un avocat.

    Ce film est adapté du livre de l’historien Hervé VILLERÉ sur l’instauration, en août 1941, par le régime de Vichy, d’un tribunal d’exception chargée de condamner sans recours possible des coupables désignés après qu’un officier allemand a été abattu dans le métro.

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Il retrouve ensuite Valerio ZURLINI dans « Le Désert des Tartares » (Grand prix du cinéma français, 1976 ; Prix David di Donatello en Italie, 1977) tiré du roman de Dino BUZZATI.

« Je suis tombé amoureux du livre au milieu des années 1960, et, chose rare, j’ai voulu produire le film par désir d’acteur, pour jouer le lieutenant Drogo. »

Jacques PERRIN
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Jacques PERRIN dans Le désert des Tartares

Jacques PERRIN y interprète le rôle de Drogo, jeune lieutenant affecté à la forteresse de Bastiano, poste avancé de l’Empire aux bords d’une immense étendue aride : le désert des Tartares attendant la venue d’un ennemi invisible…

« Sentinelles des étendues lointaines et oubliées, durant des années, des hommes guettaient patiemment l’horizon espérant voir apparaître l’improbable ennemi extérieur, sans savoir que l’ennemi était en eux, que leur jeunesse, leur existence perdaient quotidiennement le combat engagé, comme si les Tartares incarnaient leur propre mort. »

Jacques PERRIN

En 1976, il donne les moyens à Jean-Jacques ANNAUD de tourner son film « La Victoire en Chantant » (« Black and White in Color ») qui remporte l’Oscar du Meilleur Film Étranger.

L’année suivante, il interprète le rôle du lieutenant Willsdorff dans « Le crabe-tambour » de Pierre SCHOENDOERFFER.

Le réalisateur, comme pour « La 317ème section », plonge ses acteurs dans le quotidien des marins, vivant 7 semaines sur un escorteur d’escadre naviguant entre le Labrador et Saint-Pierre-et-Miquelon. Une authenticité récompensée par 3 César en 1978.

« Ce qui intéresse SCHOENDOERFFER c’est la condition de l’homme. »

Jacques PERRIN

Jacques PERRIN, producteur nature…

« Le crabe-tambour », une première approche de l’Océan pour Jacques PERRIN ? Pas vraiment comme le raconte Jean-Jacques ANNAUD dans son discours lors de l’installation de Jacques PERRIN à l’Académie des Beaux-Arts en février 2019 :

« C’est en fait « Petit Louis », pêcheur à Collioure, qui, en 1962, insufflera à Jacques la passion des mers. Toutes les nuits, après le tournage de Et Satan conduit le bal, film oubliable de Roger Vadim, Jacques va pêcher au lamparo au large de Collioure.
Dans les effluves du diesel du carré, « Petit Louis » raconte les aventures des gens de mer, fait rêver Jacques dans cet univers fabuleux et méconnu du peuple des abysses, des immensités sauvages au-dessus desquels danse la coque du minuscule chalutier. Jacques s’endort entre les cageots de poissons, revient au petit matin parfumé à l’anchois sur le plateau où sans surprise il se fera peu de proches. »

Jacques PERRIN a également son explication sur ce qui lui a donné envie de montrer la nature au cinéma :

« Peut-être mes vacances chez mon parrain, qui était paysan dans l’Isère, je passais du temps, là-bas, à observer le rapport entre l’homme et les animaux. Peut-être aussi le tournage de La 317ème Section, un film qui compte beaucoup dans mon parcours : la nuit, dans la jungle vietnamienne, je voyais partout des yeux de tigres qui n’existaient pas ! »

Jacques PERRIN

Il est également marqué par le documentaire de Gérard VIENNE « Le Territoire des autres » (1970) qui montre à voir la vie quotidienne d’animaux terrestres, patiemment observés et filmés au téléobjectif dans leur habitat familier… et déjà menacés par la pollution humaine.

« Mes premières productions étaient beaucoup sur des thèmes politiques, des films dits engagés, c’étaient les films de COSTA-GAVRAS dans les années 1970 et même 1980 […] Aujourd’hui, je trouve qu’il y a des sujets politiques qui, a priori, ne le sont pas tellement, mais quand on voit l’engouement qui existe maintenant pour les grandes préoccupations de la planète, c’est-à-dire l’environnement, la protection de la nature ce sont des sujets pour moi éminemment politiques ! »

Jacques PERRIN

C’est donc tout naturellement qu’il se tourne vers la production de documentaires animaliers comme « Le peuple singe » (1984) de Gérard VIENNE qui met en scène quelques-unes des espèces de singes en prenant pour fil conducteur les thèmes de l’enfance, du jeu, de la vie sociale, de la nourriture et de l’outil.

Onze plus tard, ce sera « Microcosmos : Le Peuple de l’herbe » de Marie PÉRENNOU et Claude NURIDSANY qui a nécessité pas moins de 25 ans de connaissances scientifiques, 2 ans de préparation technique (lumière, caméras) et près de 3 ans de tournage…

À sa sortie en salle en 1996, ce film qui fait découvrir, au plus près, la vie secrète des insectes dans un petit coin de campagne de l’Aveyron, est l’un des plus grands succès jamais connus pour un documentaire animalier.

Il reçoit le Grand Prix de la commission supérieure technique au Festival de Cannes 1996 et est couronné par 5 César dont celui de Meilleur Producteur pour Jacques PERRIN en 1997.

« Souvent on m’a dit que cette production était à haut risque […] Ce n’est pas par le goût du risque que nous avons voulu faire ce film, le scénario et le talent des 2 réalisateurs nous y ont convaincu. […]

S’il existe un quelconque talent pour le producteur, c’est celui d’accompagner et de défendre le talent des autres. En nous donnant cette distinction, vous nous indiquez aussi que les films différents ne sont pas forcément marginaux. »

Jacques PERRIN
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Microcosmos © Galatée Films

Jacques PERRIN enchaîne avec « Himalaya : L’enfance d’un chef » d’Éric VALLI, gérant les aléas de timing (le tournage a duré 9 mois au lieu des 3 prévus) et de budget. Il encaisse les coups mais le succès public et critique est au rendez-vous : le film remportera 2 César (meilleure photographie et meilleure musique originale) en 2000.

« Je ne crois pas aux économies possibles sur un film. Je ne crois pas qu’on puisse gagner du temps. Je crois qu’il faut se donner coûte que coûte les moyens et le temps pour que les choses s’accomplissent telles qu’elles doivent s’accomplir. Écourter, économiser de manière autoritaire, signifie pour moi mutiler. Le risque est pris au départ, il importe de l’assumer jusqu’au bout. »

Jacques PERRIN
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Jacques CLUZAUD et Jacques PERRIN

Jacques PERRIN, réalisateur grandeur nature…

Le moment est venu pour le producteur-acteur Jacques PERRIN de se muer en réalisateur spécialisé « dans un genre qu’il est le seul à oser affronter : le documentaire naturaliste à budget de blockbuster » dixit Jean-Jacques ANNAUD. Ce sera « Le peuple migrateur » qu’il réalise avec son complice Jacques CLUZAUD.

Premier assistant réalisateur pendant les années 1980 sur des films comme « Bille en tête » (1989) ou « Indochine » (1992), Jacques CLUZAUD passe ensuite à la réalisation, notamment sur des films en formats spéciaux pour le Futuroscope de Poitiers avant de rejoindre l’équipe de Galatée Films.

Le tournage du « Peuple migrateur » dure 3 ans et voit la création de machines inventées pour filmer au plus près les oiseaux en plein vol : les équipes sont placées au milieu des groupes d’oiseaux et filment des images inédites. Le film remporte le César du meilleur montage en 2002.

« Que demande finalement Jacques PERRIN à ceux qui ont la chance de travailler avec lui si ce n’est d’aller au bout de leurs rêves puisque le sien est infini ? » – Jacques CLUZAUD

« L’homme rêve à l’oiseau depuis la nuit des temps. Comment imaginer être parmi les tous premiers à pouvoir transformer ce rêve universel en réalité ? Toujours, je garde le souvenir de la première fois où nous y sommes parvenus. » – Jacques PERRIN

À peine le film terminé, Jacques PERRIN et son acolyte Jacques CLUZAUD projettent de réaliser un film documentaire consacré à la beauté de l’Océan et de ses créatures marines : « Ωcéans », un « opéra sauvage » où la mer est symphonie et les images sont notes de musique.

« L’océan ? C’est quoi l’océan ? ». Telle est la question que se pose un enfant (Lancelot PERRIN) au début du film en voyant la mer.
Loin des discours scientifiques et des statistiques, Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD veulent, grâce à la puissance et l’émotion de l’image, toucher le cœur du spectateur pour faire naître l’émotion qui, plus que les grands discours, imprime la mémoire collective et sensibilise les citoyens à la beauté et à la fragilité de notre planète bleue.

« La protection de la nature c’est un sujet éminemment politique, mais est-ce que ça signifie qu’il faut en parler de manière grave ou ennuyeuse. Je pense que non : parler de la protection de la nature, c’est parler aussi de ce qu’elle a de plus beau, de plus exaltant ! »

Jacques PERRIN
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Baleine à bosse dans céans

L’aventure « Ωcéans »

Autour de Jacques PERRIN, ce sont près de 500 personnes qui ont collaboré au film, du pilote d’avion aux techniciens de l’image en passant par le médecin hyperbare.

Dans cette grande équipe qui a bourlingué dans tous les océans du globe, un groupe d’une cinquantaine de personnes a travaillé étroitement avec Jacques PERRIN entre 2002 et 2009 : une poignée de conseillers scientifiques comme François SARANO, une quinzaine de caméramans et beaucoup de logisticiens pour assurer le transport des équipes et du matériel…

Pour mener à bien cette aventure humaine, Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD se sont donnés le temps : 3 ans de préparation, 4 ans de tournage aux 4 coins du monde pour filmer plus de 200 espèces comme elles ne l’ont jamais été !

Et pour cause, il a fallu avant de tourner, inventer des moyens techniques permettant aux équipes d’« Ωcéans » de bouger au même rythme que le vivant. Un seul mot d’ordre : être poisson parmi les poissons !

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François SARANO face à un grand requin blanc lors du tournage d’ Ωcéans

« Dans la tempête, la solidarité entre les hommes existe. Ne peut-on être solidaire pour protéger les océans ? »

Jacques PERRIN

« Le Peuple migrateur a été dur à réaliser ; mais Ωcéans a été diablement plus compliqué. Sous l’eau, nos caméramans étaient handicapés et complètement myopes : trop lents pour nager à la vitesse des poissons, dans un milieu où la visibilité excède rarement 15 mètres. »

Jacques PERRIN

Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD font donc appel à 2 spécialistes : Jacques-Fernand PERRIN, ingénieur retraité de Thomson-Thalès et Alexander BÜGEL, chef machiniste qui vont travailler d’arrache-pied durant 2 ans pour créer la tête stabilisée Thétys abritant la caméra 35 mm.

Dans son atelier situé à Toulouse, Alexander BÜGEL, bricoleur de génie, fabrique la mécanique motorisée pour une tête de caméra gyrostabilisée.

Pendant ce temps, à Paris, Jacques-Fernand PERRIN intègre dans son modèle informatique tous les facteurs imaginables qui vont modifier les mouvements de la caméra : du mouvement des vagues et du bateau au poids spécifique de chaque matériau.

Après moult simulations, il réussit à stabiliser la ligne d’horizon. On peut enfin filmer sans tanguer ! Fixée au bras d’une grue, Thétys peut être déportée hors du bateau ou filmer au ras de la mer.

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La tête stabilisée Thétys

Dans le film « Ωcéans », le choix des caméras est également primordial. Pour les images extérieures, le 35 mm s’impose par sa légèreté et sa richesse en nuances. Pour les prises de vues sous-marines, le cameraman responsable Didier NOIROT opte pour le numérique qui offre une autonomie considérable : alors que les pellicules film 35 mm ne durent que quelques minutes, une cassette vidéo dure près d’une heure. Le plongeur peut suivre une action de longue durée sans être obligé de remonter à la surface. Il peut surtout anticiper une action fugitive en déclenchant la caméra à l’avance.

Les 13 caméras numériques peuvent être placées dans des caissons étanches réalisés sur mesure. Ils sont équipés de commandes extérieures permettant au cameraman de modifier les réglages les plus importants afin de faire face aux conditions changeantes de la lumière.

« Nous sommes les enfants de Méliès, si nous n’avons pas les moyens techniques pour tourner ce que nous avons envie de tourner, il faut les inventer ! »

Jacques PERRIN
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Plongeur filmant des araignées de mer

Pour filmer de face les thons ou les dauphins qui nagent à pleine vitesse, l’équipe de Jacques PERRIN et ses partenaires industriels mettent au point Jonas (et sa version allégée Siméon) : l’objectif et le capteur de la caméra sont logés dans une torpille et tractés derrière un bateau. Opération réussie : Jonas et Siméon sont véritablement poisson parmi les poissons !

Dérivée des techniques Jonas et Siméon, la « Polecam » (littéralement « caméra au bout d’une perche ») est fixée à un bateau rapide et filme latéralement sous l’eau à pleine vitesse. La caméra, protégée par une sphère d’acrylique, peut faire, malgré la formidable pression de l’eau, des mouvements de rotation et filmer les animaux de dos, de profil et de face !

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Un caméraman au coeur d’un groupe de méduses dorées

« La caméra, protégée par une sphère d’acrylique, peut faire, malgré la formidable pression de l’eau, des mouvements de rotation et filmer les animaux de dos, de profil et de face ! »

Jacques PERRIN

Au-delà de l’œuvre citoyenne, ces innovations donnent au film une envergure scientifique. « Vous avez fait le film que l’on attendait » se réjouissent les chercheurs.

Les images récoltées sont une source fabuleuse pour les scientifiques car elles donnent à voir la vie sous un angle nouveau : comportements encore inconnus, vision inédite de l’hydrodynamisme des espèces…

« Les scientifiques sont nos guides. Ils nous donnent les pistes, les sentiers parfois inconnus de la mer. »

Jacques PERRIN

Comme pour ces précédents films, Jacques PERRIN fait collaborer étroitement les équipes artistiques avec les scientifiques. Ici il s’agit du réseau mondial du programme international de Recensement de la vie marine (Census of Marine Life) qui regroupe près de 2 000 chercheurs de plus de 80 pays.

Au travers de ce projet, Arts et Sciences se sont mutuellement enrichis. Les biologistes ont partagé leurs expériences avec les équipes du film pour une vision précise de la réalité. Les savoir-faire techniques des cinéastes ont contribué à enrichir la connaissance des animaux marins en filmant des comportements inconnus jusqu’alors ou en permettant d’étudier l’hydrodynamisme des animaux.

« C’est la première fois qu’on va avoir un regard complet sur les océans. »

Jacques PERRIN
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Ballet de raies
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Jacques et Lancelot PERRIN dans le Musée imaginaire d’Ωcéans

Le Musée imaginaire à La Cité de la Mer

Dans le film « Ωcéans », Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD ont fait le choix de suggérer la présence de l’Homme au travers de son impact sur l’environnement marin. Seules 2 séquences du film mettent en scène des personnages. La première se déroule sur une plage et sert d’introduction au film. La seconde se passe dans un Musée imaginaire. Elles réunissent, toutes deux, un professeur (Jacques PERRIN) symbolisant notre connaissance parcellaire de l’Océan et un enfant (Lancelot PERRIN) représentant l’innocence et la curiosité face à l’immensité océanique.

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Jacques et Lancelot PERRIN lors du tournage en 2008

Pour incarner ce Musée imaginaire et sa galerie des espèces disparues ou en danger, l’équipe de Galatée Films imagine dans un premier temps un décor de bibliothèque anglaise… avant que l’équipe ne tombe sous le charme de La Cité de la Mer et sa Gare Maritime Transatlantique.

Oubliée la bibliothèque anglaise ! Le Musée imaginaire sera grandiose grâce à l’architecture Art déco de la majestueuse Gare Maritime Transatlantique et à ses dimensions exceptionnelles permettant d’accueillir l’immense cortège des espèces marines menacées ou éteintes.

« Cette Gare Maritime, quelle merveille ! Quel décor prodigieux ! »

Jacques PERRIN
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L’ équipe de Galatée Films crée dans la Gare Maritime une galerie des espèces disparues ou en danger
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Jacques PERRIN et ses équipes lors du tournage à La Cité de la Mer en 2008
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Ωcéans l’exposition à La Cité de la Mer

« Ωcéans » à La Cité de la Mer

Parallèlement, les équipes de Galatée Films et de La Cité de la Mer travaillent de concert pour proposer au grand public une exposition temporaire dédiée au film « Ωcéans », programmée d’avril à octobre 2010, dans la Grande Halle de La Cité de la Mer. À cette occasion, Jacques PERRIN et ses équipes participent à plusieurs rencontres avec le grand public et les scolaires.

« Ωcéans » rencontre un large succès auprès du grand public et obtient plusieurs récompenses dont le César du meilleur Film documentaire en 2011. En 2010 et 2011, Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD déclinent pour la télévision la série documentaire « Le peuple des océans », diffusée sur France 2.