Le développement de scaphandres autonomes au 20e siècle a fait rapidement progresser la durée des plongées humaines. Toutefois, ces technologies ne permettent pas à l’Homme de dépasser la limite des 60 mètres de profondeur.
Pour pallier ce problème, une nouvelle étape est franchie par la respiration de mélanges gazeux spécifiques à base d’hélium. L’Homme peut donc intervenir plus profond. Mais comment y rester plus longtemps sans être limité par la quantité de mélange respiratoire disponible dans la bouteille, par la température de l’eau et surtout par les longues périodes de décompression imposées à chaque remontée ?
Au début des années 1960, deux voies s’ouvrent alors, aux antipodes l’une de l’autre : la plongée en saturation dans un habitat hyperbare de surface, développée par l’entreprise COMEX et l’habitat sous-marin.
La plongée en saturation dans un habitat hyperbare de surface
est développée par l’entreprise COMEX. Toute l’astuce revient à mettre les plongeurs en saturation au sec et au chaud, à la pression de travail, dans un caisson embarqué sur le pont d’un bateau. L’aller et retour sur le lieu d’intervention s’effectuent dans une tourelle de plongée. Cette technologie, moins coûteuse, s’adapte aux contraintes de l’industrialisation de la plongée profonde.
Les maisons sous la mer sont développées aux États-Unis (Sealab) et en France (Précontinent). L’Homme peut y vivre pendant plusieurs jours en saturation : il est maintenu pendant toute la durée de son séjour à l’intérieur d’un habitacle pressurisé aux conditions de pression de la profondeur à laquelle il doit plonger. Il peut ainsi sortir de son habitat et y entrer en ne subissant qu’une seule phase de décompression à la fin de son séjour. Toutefois cette technologie très coûteuse est difficilement exploitable pour des interventions industrielles.
La grande époque des maisons sous la mer date de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Les États-Unis et la Russie en utilisent plusieurs pour entraîner leurs spationautes à vivre dans un milieu hostile et confiné. Puis, l’enthousiasme faiblit par manque d’argent et de volonté politique.
À ce jour, 63 maisons sous-marines ont été créées ; 6 sont françaises. Il y a aujourd’hui un regain d’intérêt pour ce genre d’habitation mais les projets fleurissent plutôt à l’étranger, la France étant « frileuse » dans ce domaine. Les Américains ont repris leurs entraînements sous-marins et des hôtels immergés de grande capacité devraient être construits en mer Rouge.
Des villes et des civilisations sous-marines dans les légendes
Les cités englouties ont-elles réellement existé ou sont-elles le fruit de l’imagination des hommes ? Elles suscitent encore aujourd’hui de nombreuses interrogations…
La ville d’Ys
La ville d’Ys ou Ville d’Is ou Keris, signifie en breton « Ville basse » et indique la situation d’une ville bâtie sur les bords de la mer, presque à son niveau, ou même en dessous.
Le vrai nom de cette cité fut oublié alors que l’on continuait à la désigner par sa particularité topographique. Cette cité engloutie est l’une des plus connue de Bretagne. La légende raconte qu’elle aurait été engloutie par l’océan au 4e ou 5e siècle.
Comme toute histoire traditionnelle, elle a été dans un premier temps chantée puis narrée sous forme de témoignages. Les premiers écrits qui citent la ville d’Ys seraient apparus au 14e siècle sous forme d’hagiographes et de récits historiques, notamment de Pierre LE BAUD dans « Histoire de Bretagne » et Bertrand D’ARGENTRÉ dans « Histoire de Bretagne » (1592).
De nombreux textes, chansons ou poésies ont depuis fait leurs apparitions, enjolivant ou déformant l’histoire devenue au fil des siècles une légende. Ainsi, il existe plusieurs versions de cette légende et toutes les interprétations sont donc possibles.
Tout commence avec un personnage légendaire, le Roi Gradlon. Né en 330 avant JC, le Roi Gradlon règne sur la Cornouaille (Finistère Sud). C’est un guerrier redoutable qui possède de nombreux bateaux et une puissante armée. Il gagne souvent les batailles, pille les navires ennemis et remplit ainsi ses coffres d’or et de trophées.
Un jour, alors qu’il livre bataille dans les fjords de l’Europe du Nord, il rencontre la fée Malgven, Reine des lieux. Malgven et Gradlon partent ensemble pour la Cornouaille sur le cheval noir du roi. Mais Malgven meurt en mettant au monde leur fille, Dahud.
Dahud aime beaucoup la mer. Pour contenter la demande de son enfant, Gradlon lui fait construire la plus belle et la plus opulente ville de toute l’Armorique ; une magnifique cité protégée de la mer par des digues et des écluses dont le roi garde la clé. On l’appelle la ville d’Ys. Dahud en est la gardienne.
Nuit et jour, la ville d’Ys est un lieu de fête et de débauche. Attachée à la civilisation celtique et aux plaisirs de la chair, la fille du roi montre l’exemple et prend chaque soir un nouvel amant qu’elle fait étrangler et jeter à la mer au petit matin. Seul le roi Gradlon reste vertueux, ignorant le comportement de sa fille et de ses sujets.
Un jour un prince rouge se présente au palais de Dahud. Il obtient de la princesse la clé des écluses qu’elle a dérobé au cou de son père. La marée est à son plein quand le prince rouge ouvre les portes. La tempête fait rage. Les eaux s’engouffrent dans la ville.
Gradlon est prévenu par Saint Corentin du terrible danger qui menace la ville. Le roi prend son trésor et monte sur son cheval noir avec lequel il rejoint Dahud qu’il fait monter sur sa monture. Ils tentent ainsi de sortir de la ville. Soudain, Gradlon entend une voix qui lui intime l’ordre de jeter Dahud à la mer pour être sauf. Voyant le roi réticent, Saint Corentin fait basculer la princesse à la mer et sauve le roi. La ville d’Ys est engloutie avec sa gardienne, la princesse Dahud.
Mais rien n’est détruit et Dahud devient une représentante des Marie Morgane (voir plus bas). La ville d’Ys est simplement sous les eaux, les habitants continuent d’y vivre et des messes y sont célébrées. Elle subsisterait, enchantée au-dessous des flots, sous une voute. Un jour, la cité réapparaitra plus belle et plus puissante que jamais.
La légende indique que la ville pourrait ressusciter si un être vivant répond à la messe sous-marine ou donne une pièce lors de la quête…
Les villes sous-marines dans les contes populaires
Les sirènes et autres chimères sous-marines
Dans certains contes bretons de Haute-Bretagne, par une puissance magique, la mer recouvre une cité enveloppée d’une voûte transparente.
Cette cité contient des campagnes étendues où poussent des arbres et des plantes étranges, qui tiennent de la flore terrestre et marine ; de longues avenues conduisent à de beaux châteaux, ornés de toutes les richesses de l’océan. C’est là que les sirènes attirent les hommes qui leur plaisent ou recueillent les naufragés. Ces derniers ne peuvent plus revenir sur terre. Cependant, les sirènes laissent parfois retourner des pêcheurs qui regrettent trop leurs épouses et leurs enfants.
En Basse-Bretagne, lorsque les marins cèdent à la séduction des Marie Morgane (fées d’eau bretonnes semblables à des femmes, qui partagent la symbolique des sirènes), ils arrivent dans un palais de nacre et de cristal où les attendent des plaisirs de toutes sortes. Ils ne peuvent plus retourner sur terre. Ils épousent la Marie-Morgane qui les a enlevés, et vivent riches et choyés.
Selon un conte populaire, la reine des Sirènes voyant un prince à bord d’un navire, l’assoupit par ses chants, puis l’enlève et le conduit dans son palais bâti sous les flots. L’homme a donc pu y pénétrer sans se noyer.
Parfois ce sont des hommes qui enlèvent des femmes pour les emmener dans leur palais sous les flots. C’est le cas en Gascogne où un drac (le drac est un dragon, ou un être malfaisant habitant sous les eaux) saisit une baigneuse et l’emporte dans son château, construit sous la mer, au milieu d’un jardin planté d’arbres et de fleurs marines.
Le roi des Poissons, qui dans les contes populaires, parle comme une personne, semble être un homme métamorphosé ou un génie ; les poissons ont un pays où se voit même une capitale bâtie sous les flots. Un pêcheur de la Manche a reçu du roi des Poissons, à qui il avait rendu service, une liqueur magique, qui va lui permettre, lors d’un naufrage, de descendre sous les eaux sans se noyer et se rendre dans la somptueuse capitale du roi. Lorsqu’il s’y ennuie, un thon le rapporte sur son dos près de son village.
La mythologie japonaise
Le dieu-dragon réside dans un palais (aussi appelé « capitale ») au fond de la mer. Un être humain ayant accompli un acte de bien a parfois la chance de pouvoir le visiter, et même de s’y marier.
La mythologie chinoise
Le dragon est un habitant des eaux profondes, où il naît et vit. Il est le roi de la mer et vit dans un palais entouré de sa cour et de ses sujets.