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2003 et 2005 : La Boussole et l’Astrolabe ou les épaves de LA PÉROUSE (île de Vanikoro / Océan Pacifique)

En 1785, les deux frégates La Boussole et l’Astrolabe sont lancées à la découverte du Pacifique par Louis XVI, sous le commandement du capitaine de vaisseau Jean-François de GALAUP, comte de LA PÉROUSE. En 1788, après trois ans à sillonner les mers du globe, La Boussole et l’Astrolabe coulent en pleine tempête sur les récifs de Vanikoro, île totalement isolée de l’archipel des Salomon. La France cherche, depuis, à savoir ce que sont devenus les 220 membres de cette expédition scientifique, l’une des plus prestigieuses de l’époque.

2003 et 2005 La Boussole et l’Astrolabe ou les épaves de LA PÉROUSE
Louis XVI donnant des instructions à LA PÉROUSE le 29 juin 1785 de Nicolas-André MONSIAU (1754-1837)

LA PÉROUSE était partie de Brest, sur ordre du roi, pour achever l’œuvre du britannique COOK, c’est-à-dire comprendre et compléter les découvertes sur l’histoire naturelle et la géographie du Pacifique. Astronomes, hydrographes, botanistes, entomologistes… Les meilleurs spécialistes français de l’époque avaient pris place à bord des navires, accompagnés de dessinateurs devant immortaliser une faune et une flore encore inconnues.

En 1791, l’Assemblée nationale, née de la Révolution, confie à BRUNI D’ENTRECASTEAUX le soin de retrouver LA PÉROUSE. Après une longue investigation, la fatigue, la maladie et le mauvais temps dissuadent l’officier de s’arrêter à Vanikoro.

En mai 1826, le négociant en bois et explorateur Peter DILLON fait escale sur l’île de Tikopia où il découvre une vieille garde d’épée en argent. On lui explique que cet objet a été donné par les Tikopiens, des indigènes originaires de l’île de Vanikoro. DILLON comprend qu’il s’agit d’un vestige de l’expédition de LA PÉROUSE. Quelques mois plus tard, il se rend à Vanikoro et collecte des reliques du naufrage dans les villages. Il récolte également des objets sur le récif devant une vallée étroite sous-marine appelée aujourd’hui la « Faille ». DILLON pressent qu’une épave est proche du récif (qui se révèlera être La Boussole). DILLON a ainsi découvert l’île où a disparu l’équipage.

En 1828, informé de la découverte de DILLON, DUMONT D’URVILLE qui dans le même temps avait été missionné par le Ministre de la Marine en 1826 pour retrouver les épaves, débarque à Vanikoro où il localise une épave (qui se révèlera être l’Astrolabe) dans le lieu-dit de la « Fausse Passe ». Grâce à la tradition orale des indigènes, il apprend que les derniers survivants viennent de mourir.

Toutefois, le mystère reste entier. Que s’est-il exactement passé ? Combien d’hommes sont sortis indemnes de la tempête ? LA PÉROUSE faisait-il partie des survivants ? Que sont-ils devenus ? Sont-ils parvenus à quitter l’île et à s’installer ailleurs ? Il faut attendre 1961 pour que les recherches soient relancées. En effet, deux employés de la compagnie forestière Kauri Timber redécouvrent par hasard les gisements d’une épave (qui se révèlera être La Boussole).

En 1964, alertée par cette découverte, la Marine nationale lance une expédition avec la Dunkerquoise. Trois campagnes sont organisées. Malgré des conditions climatiques difficiles, plusieurs plongées sont programmées et de nombreux objets sont remontés : une cloche de bord, une poulie, 2 pierriers en bronze, une plaque de cuivre, des saumons de plomb (type de lingot), des ancres, une lunette de visée, un canon, une meule à grain, un médaillon à l’effigie de Louis XVI et Marie-Antoinette…

La Marine Nationale se voit cependant dans l’obligation de cesser les recherches en raison de bouleversements géopolitiques.

En 1981, Alain CONAN, nantais d’origine vivant en Nouvelle-Calédonie, crée l’association Salomon. Avec d’autres passionnés, animés par la volonté de lever le voile sur le « mystère LA PÉROUSE », Alain CONAN mène 5 campagnes de recherche.

L’association Salomon met à jour en 1999, le camp où ont vécu les naufragés dans le lieudit « Païou ». Par la suite, Alain CONAN fait appel au DRASSM afin d’identifier de manière formelle les 2 épaves localisées.

2003 et 2005 La Boussole et l’Astrolabe ou les épaves de LA PÉROUSE
Pierrier en bronze mis au jour dans la Faille.

En novembre-décembre 2003, la première campagne de fouilles du DRASSM sur les épaves de La Boussole et l’Astrolabe débute sous la direction conjointe de Michel L’HOUR et Elisabeth VEYRAT. Lors des recherches sur l’épave de la Faille (La Boussole mais on ne le sait pas encore), les plongeurs tombent sur un squelette parfaitement conservé. La trouvaille est rarissime.

2003 et 2005 La Boussole et l’Astrolabe ou les épaves de LA PÉROUSE
Remontée du canon de l’Astrolabe par les plongeurs démineurs atlantiques.

Grâce à l’étude approfondie de son squelette, de ses os et de sa dentition, les chercheurs parviennent à déterminer que « l’inconnu de Vanikoro » avait approximativement une trentaine d’années. Quatre personnes correspondant au profil de cet homme sont identifiées. Les chercheurs vont même redonner à cet inconnu une apparence faciale par le biais d’une numérisation 3D, puis d’une reconstitution en résine.

« Littéralement encapsulé par l’écroulement des ponts lors du naufrage, « l’inconnu de Vanikoro » a fourni l’occasion d’une longue et passionnante enquête mobilisant archéologues, anthropologues et spécialistes de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. »

C’est un tournant majeur pour l’archéologie sous-marine : le grand public découvre grâce à cette expédition le visage d’un témoin de l’une des plus grande expédition scientifique du 18e siècle.

2003 et 2005 La Boussole et l’Astrolabe ou les épaves de LA PÉROUSE
La signature du sextant, signé d’un certain Mercier vient clore deux siècles de recherche et d’hypothèse sur l’identité de l’épave de la faille, la Boussole.

En avril-mai 2005, une nouvelle campagne de fouilles est organisée sous la direction conjointe de Michel L’HOUR et Elisabeth VEYRAT. Un sextant estampillé « Fait par le sieur Mercier » est retrouvé sur l’épave de la Faille et remonté à la surface. L’objet fait partie de l’inventaire des instruments embarqués sur La Boussole, le navire amiral de LA PÉROUSE. L’épave de la Faille est donc définitivement identifiée comme étant La Boussole, celle de la Fausse Passe étant, par conséquent, l’Astrolabe.