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1996-2010 : les épaves de la Natière / Saint-Malo (Mer de la Manche)

La découverte, en 1995, aux portes de Saint-Malo, des épaves de 2 grandes frégates corsaires englouties au pied des écueils de la Natière a permis, après 10 années d’enquête archéologique sous-marine, de dévoiler un pan oublié de la guerre de course.

La plus ancienne de ces épaves, La Dauphine, est une grande frégate de 300 tonneaux, construite au sein de l’arsenal royal du Havre en 1703, par le charpentier COCHOIS. Commandée par le capitaine Michel DUBOCAGE, elle escortait une prise anglaise, le Dragon, lorsqu’elle s’est perdue, le 11 décembre 1704, à l’entrée de Saint-Malo.

La seconde, identifiée comme la frégate de 400 tonneaux L’Aimable Grenot, a été construite à Granville par un armateur privé, Léonor COURAYE DU PARC. Initialement armée pour faire la guerre de course, avant d’être reconvertie au commerce, elle s’est perdue le 7 mai 1749 alors qu’elle quittait Saint-Malo « pour le voyage de Cadix, chargée de toiles et autres marchandises du dit lieu ».

Découverte d’un tonneau entier encore en place sur le site de la Natière
Découverte d’un tonneau entier encore en place sur le site de la Natière

De 1996 à 2010, 1 campagne d’expertise, 10 campagnes de fouilles et 1 campagne de réensablage sont menées sur le site de la Natière sous la direction conjointe de Michel L’HOUR et Elisabeth VEYRAT. L’étude archéologique confrontée aux sources archéologiques et archivistiques a permis l’identification des navires. Cette identification éclaire d’un jour nouveau la connaissance de l’architecture navale du 18e siècle. Au total près de 300 professionnels et étudiants venus de plus de 20 pays sont passés par la Natière.

Michel L’HOUR, effectue un relevé d’un affût de canon retrouvé sur La Dauphine
Michel L’HOUR, effectue un relevé d’un affût de canon retrouvé sur La Dauphine

Parmi les objets mis au jour, beaucoup sont singuliers ou rarissimes : un fragment de quartier de Davis et un bâton de Jacob (instruments de navigation) ; une étonnante règle à calcul ou « échelle de canonnier », utile à déterminer le calibre des canons et à préciser leur usage ; une pipe encore entreposée dans son étui en bois en forme de pistolet ; un bateau en bois miniature fabriqué à partir d’une douelle de tonneau… et aussi : des instruments d’apothicaire, un squelette de très jeune singe magot, souvenir d’une escale lointaine ou d’un échange entre marins, et des céramiques aux décors originaux…

« La Natière est la première grande fouille à avoir véritablement conjugué dans le même temps protection, étude et valorisation du patrimoine. »

L’étude des épaves de la Natière marque un tournant dans l’organisation et la valorisation d’une campagne de fouilles. Elle a permis de former une nouvelle génération d’archéologues sous-marins en intégrant en permanence au sein de l’équipe de fouilles 2 stagiaires encadrés par une vingtaine d’archéologues sous-marins. L’émulation scientifique et le dynamisme de l’équipe tout comme le haut niveau d’exigence professionnelle de chacun de ses membres ont imposé la Natière comme un « pôle de compétence » reconnu dans le monde entier.

Elle a également initié un nouveau style de communication vis-à-vis du grand public et des médias : journées portes ouvertes, accueil de plongeurs amateurs pour des visites in situ, contacts réguliers avec les médias locaux et nationaux…