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1990-1995 : les épaves de la Bataille de la Hougue / Saint-Vaast-la-Hougue (Mer de la Manche)

En 1688, Jacques II Stuart règne sur l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande. Il est catholique dans un pays où les protestants, sauf en Irlande, forment la majorité. Il est détrôné par son gendre protestant, Guillaume D’ORANGENASSAU. Il trouve refuge en France près de son cousin et allié Louis XIV. Un débarquement en Angleterre est prévu dans le but de restituer le pouvoir à Jacques II.

Le 12 mai 1692, l’Amiral français TOURVILLE appareille de Brest avec une flotte qui compte 44 vaisseaux. Le 24 mai 1692, la flotte anglaise fait la jonction avec celle des Provinces-Unies, des Pays-Bas regroupant près d’une centaine de vaisseaux de ligne. Le 29 mai 1692, les deux flottes se rencontrent au large de la pointe de Barfleur sur la côte nord-est du Cotentin, en Normandie.

© Gallica-BNF (5)
Plan de La Hougue © Gallica-BNF

Alors que 27 navires parviennent à regagner l’abri des ports bretons, et que 2 autres se réfugient au Havre, 15 des plus grands bâtiments doivent rebrousser chemin car ils ne parviennent pas à passer le raz Blanchard, zone de forts courants de la pointe Nord-Ouest du Cotentin.

Les 2 et 3 juin 1692, trois vaisseaux français sont incendiés par des brûlots ennemis à Cherbourg et 12 tentent de trouver refuge dans rade de la Hougue, en face du port de Saint-Vaast-la-Hougue près de Barfleur. Ils sont également incendiés.

Réservoir inopiné de bois et de fer pour les populations côtières et zone de prédilection des pêcheurs pour y mouiller leurs engins de pêche, ces épaves tombent pourtant peu à peu dans l’indifférence, voire l’oubli, jusqu’à leur redécouverte officielle en 1985. La mise en valeur de l’ensemble historique de l’île Tatihou, près de la zone de naufrage, et le projet d’y implanter un musée maritime ont incité le Conseil Général de la Manche, propriétaire des lieux, à financer un programme archéologique d’ampleur sur 5 navires échoués à faible profondeur à proximité de l’île Tatihou : le Saint-Philippe, l’Ambitieux, le Magnifique, le Foudroyant et le Merveilleux

« Pour Saint-Vaast-la-Hougue où on a plongé pendant des années dans de l’eau café au lait, on n’a quasiment jamais vu les épaves, sauf pendant deux heures, deux jours de suite, en 1991. Eh bien, quand on me parle de Saint-Vaast, malgré mes 550 heures de plongée sur le site, ce sont ces deux heures seules qui ont pris toute la place. »

Estampe, Combat de la Hougue, 17e siècle © Gallica-BNF
Estampe, Combat de la Hougue, 17e siècle © Gallica-BNF
© Gallica-BNF (2)
© Gallica-BNF
© Gallica-BNF (1)
© Gallica-BNF

De 1990 à 1995, six campagnes de fouille sont menées sur ces 5 épaves, sous la direction conjointe de Michel L’HOUR et Elisabeth VEYRAT. Une centaine de plongeurs et d’archéologues de 15 nationalités différentes intervient sur ces épaves, totalisant près de 5 000 heures de travail sous-marin.

1990-1995 Les épaves de la Bataille de la Hougue
Étude architecturale du bordé sur l’une des épaves de la Hougue après démontage des pièces de membrure

L’inventaire mobilier des épaves de la Hougue compte près de 500 pièces remarquables. Cette collection complète parfaitement les grandes familles inventoriées jusqu’alors : gréement, tonnellerie, artillerie, outillage, vaisselle et biens personnels. La plus remarquable des pièces mises au jour est une grande poulie de drisse piriforme, à quatre réas de bronze. Haute de 1,34 mètre pour une épaisseur maximale de 0,51 mètre, façonnée dans un tronc d’orme, elle est encore équipée de deux de ses rouets.

Si divers objets ont pu être mis à jour, c’est en priorité sur l’architecture navale qu’a porté l’intérêt des chercheurs. Les structures ont été analysées avec soin et traduisent le souci ressenti à l’époque d’homogénéiser et d’améliorer la construction des vaisseaux. Différentes poulies et des systèmes d’enroulement de câbles ont également été étudiés.