
Eugénie LURETTE dite Élise est née le 16 novembre 1852 à Hermonville (Marne) de parents vignerons. Elle est la cadette d’une fratrie de 3 filles et un fils.
Dans les années 1880, elle quitte Hermonville pour s’installer en Suisse, chez les SPENCER, une famille new-yorkaise très riche. Élise devient ainsi la dame de compagnie de Mme SPENCER mère. Les SPENCER ont un pied-à-terre à Paris et passent leurs étés en Suisse.
Élise LURETTE est depuis plus de 30 ans au service de la famille quand, en 1912, Mme SPENCER mère décède. Son fils William SPENCER, qui vit entre New York et Paris, lui propose alors de devenir la dame de compagnie de sa femme, Marie SPENCER.
En mars 1912, William SPENCER apprend le décès de son frère qui vit aux États-Unis.
M. et Mme SPENCER, accompagnés d’Elise LURETTE, embarquent à bord du Titanic à Cherbourg le 10 avril 1912.
À l’escale de Queenstown, elle envoie une carte postale à son neveu :
Élise LURETTE« Bon baisers à tous. Luxe éblouissant, enchantée du confort inconnu jusqu’à ce jour. Tante affectionnée »

Au moment de la collision, Élise LURETTE se trouve dans sa cabine, sur le pont B, lorsque des membres d’équipage viennent frapper aux portes pour faire évacuer les passagers. Passant un manteau sur sa chemise de nuit, elle monte sur le pont des embarcations avec sa patronne Marie SPENCER.
Elles prennent place dans le canot de sauvetage n°6. Quatre heures plus tard, elles sont secourues par le Carpathia. Une fois à bord, Élise LURETTE envoie le télégramme suivant (transmis le 17 avril 1912 à 13h06) :
« À M. Wolcott LANE, 80 Broadway, NYC. Mme SPENCER à bord du Carpathia – Pas de nouvelles de M. SPENCER – Élise »
Quand le MacKay Bennett accoste à Halifax (Canada) à 9h30 le 30 avril 1912, Élise LURETTE, très affectée par le décès de son employeur, se présente, vêtue d’un châle noir, pour tenter d’identifier le corps de M. SPENCER, en vain.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, elle part vivre chez sa sœur Eulalie en Suisse. Après la guerre, la famille SPENCER lui attribue une pension de 200 dollars.
Atteinte de la maladie d’Alzheimer, Élise LURETTE décède le 31 janvier 1940.
Élise LURETTE a conservé le menu du déjeuner servi le 12 avril 1912. Certains plats sont rayés car ils n’étaient pas à la carte ce jour-là.