Un agronome aquacole « globe-trotter »
Agronome de formation, Denis LACROIX se spécialise en 1976 en sciences halieutiques et aquacoles et intègre, la même année, le Centre National pour l’Exploitation des Océans (CNEXO).
Denis LACROIX, expert en prospective
Docteur en sciences animales. Ingénieur agronome spécialisé en aquaculture. Expert en prospective à l’Ifremer.
« La création en France du Centre National pour l’Exploitation des Océans en 1970 a ouvert un immense champ de recherches en sciences marines notamment outre-mer. L’aquaculture représentait alors une promesse de développement pour les départements et territoires d’outre-mer. »
Il y occupe le poste d’adjoint au responsable de l’écloserie expérimentale au Centre Océanologique du Pacifique de Vairo à Tahiti (Polynésie française) et contribue à la mise au point de la méthode d’élevage larvaire de la crevette géante d’eau douce Macrobrachium rosenbergii.
Un succès qui l’envoie dans les Antilles françaises où il est chargé de développer la filière aquacole en Martinique et en Guadeloupe passant de 11 fermes aquacoles en 1979 à 46 en 1984.
Il y forme le personnel local et assure l’assistance technique auprès des éleveurs. Il anime également un programme d’essais de grossissement en cage de poissons tropicaux.
En 1985, il rejoint la délégation Ifremer de Guyane où il occupe successivement les postes de Directeur-adjoint puis de Directeur du laboratoire aquaculture. Outre l’assistance technique aux éleveurs de crevettes, il contribue notamment à la valorisation, sur le marché du frais en France métropolitaine, de la « crevette bleue des Caraïbes » exportée en 1988-1989.
Malgré la réussite technique de ces écloseries, ces 2 projets d’élevage aux Antilles et en Guyane se solderont par des échecs à moyen terme.
Il reviendra, en 2013, sur ces 2 expériences dans un article publié dans la revue « Natures Sciences Sociétés », s’intéressant au bilan de ses 2 projets d’élevage de la crevette tropicale d’eau douce initiés aux Antilles et en Guyane, plus de 20 ans après leur lancement.
Son objectif est de comprendre comment des innovations technologiques ont conduit à 2 échecs et de tirer des recommandations de méthode afin de réduire les risques d’erreurs ultérieures.
« On aurait dû être capable de s’interroger sur la durabilité de cette filière : exporter par avion des crevettes entières à 7 000 km du lieu de production pour un grand marché, certes, mais concurrentiel, n’était-ce pas irréaliste sur le long terme ? »
De 1991 à 1993, Denis LACROIX assure diverses missions d’expertise dans l’arc Caraïbe, au Brésil et aux Philippines.
Il obtient également un Master d’économie en analyse de projets industriels et agricoles (Faculté des Sciences Économiques de l’Université de Rennes 1).
Détaché à l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) entre 1993 et 1996, il coordonne, depuis le centre régional de Tunis, la mise en place d’un réseau d’information sur l’aquaculture en Méditerranée (12 pays).
Il développe, par ailleurs, divers projets de Recherche et Développement au Maghreb.
Entre 1996 et 2001, il est chargé de mission auprès du Directeur du Département Aquaculture (Ifremer, Nantes). À ce titre, il rédige de nombreux rapports sur l’aquaculture française et internationale.
Nommé directeur de la station d’expérimentation en aquaculture d’Ifremer de Palavas-les-Flots (Hérault) et chef du laboratoire de pisciculture marine, Denis LACROIX contribue, entre 2001 et 2005, à faire évoluer cette infrastructure de recherche de 4 000 m2 en un espace d’accueil des chercheurs européens sur les problématiques de génétique de poissons marins méditerranéens et de maîtrise des systèmes de recirculation en élevage.
Une nouvelle carrière dans la prospective
« Dans la recherche, il faut être capable d’anticiper les véritables enjeux de recherche. »
En 2006, le président de l’Ifremer, Jean-Yves PERROT, lui confie la création et l’animation d’une cellule de veille et de prospective, appuyée par un réseau d’experts français et européens.
Outre les thématiques sur les interactions Océan et Sociétés ou la crédibilité des scientifiques et la confiance en la science, les travaux collectifs portent notamment sur :
- Les Énergies Marines Renouvelables (EMR) : en mars 2007, le président de l’Ifremer lance un travail de réflexion prospective à l’horizon 2030 sur les EMR.
Denis LACROIX s’appuie sur une vingtaine de partenaires français représentant les principaux acteurs du secteur.
Leurs objectifs sont d’identifier les technologies, de préciser les conditions socio-économiques de leur émergence, d’évaluer leur compétitivité et d’estimer leurs impacts respectifs sur les énergies et sur l’environnement.
En 2009 paraît l’étude Énergies renouvelables marines : « Étude prospective à l’horizon 2030 aux éditions Quae ».
- Les ressources minérales profondes : en septembre 2009, Denis LACROIX co-anime une réflexion sur les connaissances concernant les ressources minérales marines profondes, les technologies d’exploration et d’exploitation, la biodiversité et les impacts sur l’environnement profond ainsi que les partenariats essentiels pour la France et l’Europe.
En 2012, l’étude Les ressources minérales marines profondes : « Étude prospective à l’horizon 2030 est publiée aux éditions Quae ».
- La montée du niveau de la mer : de juin 2017 à décembre 2018, le groupe de travail animé par Denis LACROIX explore, à l’aide des méthodes de l’analyse prospective, et en partant des principales projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les enjeux et les conséquences de 8 scénarios de montée du niveau de la mer à l’horizon 2100.
Cette approche vise à éclairer les nombreux acteurs impliqués dans ces scénarios en se concentrant sur l’appui aux politiques publiques et les priorités de recherches.
En 2021, le collectif publie l’étude « La montée du niveau de la mer d’ici 2100 : Scénarios et conséquences » (ed.Quae).
Au titre de la coopération internationale, Denis LACROIX effectue, par ailleurs, des missions de formation à la prospective et à la veille stratégique notamment en Turquie, Égypte, Tunisie, Algérie, Pérou…
En 2010, il complète son cursus en sciences animales en soutenant sa thèse « Aquaculture et Prospective : un passé simple et ses futurs antérieurs » à l’Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l’Environnement – AgroParisTech.
Entre 2012 et 2020, il participe à plusieurs comités d’experts de la Commission européenne pour l’élaboration des programmes de recherche en agriculture, alimentation et ressources marines.
Actuellement, Denis LACROIX enseigne l’aquaculture, l’aménagement côtier, la gestion intégrée du littoral, les méthodes de prospective… dans de nombreuses universités et instituts de formation en France et en Europe, privilégiant une pédagogie basée sur des jeux de rôles ou des études de cas.
Crédits photos
© Denis LACROIX │ Citron – Wikimedia Commons │ Ifremer
