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Christian BUCHET, Historien

Écrivain, enseignant, conférencier, spécialiste des interactions maritimes, géopolitiques, environnementales et sociétales.

Christian BUCHET © Aymeric Picot, La Cité de la Mer
© Aymeric PICOT, La Cité de la Mer

Christian BUCHET est né le 29 août 1957 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Écrivain, enseignant, conférencier, spécialiste des interactions maritimes, géopolitiques, environnementales et sociétales, Christian BUCHET est régulièrement sollicité pour son expertise maritime, par les médias, les collectivités locales et les pouvoirs publics en France et à l’étranger.

Il anime régulièrement des séminaires de réflexion à la demande du secteur privé ou public.

L’océan, une passion de jeunesse

Rien ne prédestinait Christian BUCHET à devenir un spécialiste de l’Océan. Il n’y a pas de marin dans sa famille, il ne vit pas non plus à proximité de la mer…

Pourtant, dès son plus jeune âge, l’Océan l’inspire. Ce sont ses premières lectures qui l’amènent à se tourner vers le monde marin : les albums de Tintin d’HERGÉ, tels que Le Secret de La Licorne ou Le Trésor de Rackham le Rouge, mais aussi la découverte de Vingt mille lieues sous les mers de Jules VERNE.

« J’étais un très mauvais élève. L’école ne m’intéressait pas. J’y étais malheureux. »

Pour cet enfant qui s’ennuie un peu à l’école, l’Océan représente les vacances, l’évasion et la liberté.

« Ce n’est pas par la fenêtre que je regardais, mais la mer que j’imaginais. »

Jeune adulte, il s’oriente vers Sciences Po et obtient son diplôme en 1982.

L’histoire au cœur de son parcours

Il étudie ensuite l’Histoire économique et maritime à l’Université Paris-Sorbonne et obtient son doctorat en 1990.

Sa thèse s’intitule : « La lutte pour l’espace caraïbe et la façade atlantique de l’Amérique centrale et du sud entre 1672 et 1763 ».

La même année, il enseigne l’Histoire moderne à l’Institut Catholique de Paris et est titulaire de la chaire d’Histoire de la mer.

Entre 1992 et 2007, il occupe également la fonction de Vice-doyen de la Faculté des Lettres à l’Institut Catholique de Paris.

« Mes recherches portent sur les interactions entre Marine, Economie et Société. (…) La puissance maritime est le plus puissant moteur du développement économique. »

C’est à cette période que Christian BUCHET fait une rencontre qu’il qualifie de « décisive » : celle de Philippe MASSON, historien, spécialiste des conflits du 20e siècle.

Professeur d’histoire et de stratégie à l’École supérieure de guerre navale, de 1964 à 1993, puis à l’Institut Catholique de Paris, Philippe MASSON a publié de nombreux ouvrages dont : « Histoire de la Marine », « De la mer et de sa stratégie », « Le Drame du Titanic », « La Marine française et la Guerre », « 1939-1945 »…

À l’époque, Philippe MASSON est le chef de la section historique du Service historique de la marine française.

« La rencontre avec Philippe Masson a changé ma vie. »

Cette rencontre lui fait, en effet, prendre conscience que sa passion, l’Océan, doit être au cœur de ses travaux de recherche.

En 1995, Christian BUCHET est nommé chercheur associé au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), au sein du Laboratoire d’Histoire et d’Archéologie Maritime à l’Époque Moderne.

En 1997, Christian BUCHET crée au sein de l’Institut Catholique de Paris le Centre FrancoIbéro Américain d’histoire maritime (CEFIAHMAR) – qui devient en 2004 le Centre d’étude et de recherche sur la Mer (CETMER).

Suite au naufrage du pétrolier Erika en 1999 et de la marée noire qui s’est ensuivie, Christian BUCHET est régulièrement sollicité par les journalistes (radio, télévision, presse écrite…) pour son expertise du monde maritime.

Ses nombreuses interventions médiatiques lui valent un surnom évocateur : « Je suis devenu, malgré moi, Monsieur Catastrophe. »

Il compte aujourd’hui plus de 700 interventions dans la presse audiovisuelle et écrite.

Partager sa passion de l’océan

En 2000, Christian BUCHET manifeste son implication dans l’écologie et l’environnement en s’engageant comme membre du Comité de Veille Écologique de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme.

Le Comité de Veille Écologique est un parlement d’idées regroupant des experts scientifiques ou techniques de différentes disciplines.

Il a pour objet de conseiller la Fondation pour la Nature et l’Homme, créée par Nicolas HULOT en 1990, et de faire émerger des idées nouvelles. C’est notamment de cette confrontation entre des positions et des disciplines diverses que sont nées les propositions du Pacte écologique.

Aux côtés de 25 autres experts d’horizons différents (climatologues, philosophes, zoologues, économistes, anthropologues, etc…), Christian BUCHET participe aux actions de la fondation et apporte son expertise de l’Océan.

Il contribue notamment à la réalisation de publications techniques et scientifiques.

Les Mardis de la Mer, une référence incontournable !

En 2004, en collaboration avec Eudes RIBLIER de l’Institut Français de la Mer (IFM) et le Centre d’études de la Mer (CETMER) de l’Institut Catholique de Paris, Christian BUCHET crée « Les Mardis de la Mer ».

Il s’agit d’un cycle de conférences, suivies de débats autour de thèmes ayant trait au monde maritime, qu’ils soient économiques, écologiques, politiques, militaires, scientifiques, historiques ou spirituels.

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Pour ces 11 conférences annuelles Christian BUCHET fait appel aux meilleurs spécialistes dans ce domaine : politiques, scientifiques, explorateurs, chefs d’entreprise, militaires, historiens, chercheurs…

Ainsi en 2017, il reçoit Michel L’HOUR, Directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) pour une conférence intitulée « Le passé est dans l’abysse », ou encore Romain TROUBLÉ Directeur général de la Fondation Tara Océan, en 2019, pour « Tara, expédition scientifique des Temps modernes ». Les débats sont ouverts à tous ceux qui le souhaitent et l’accès y est gratuit.

Christian BUCHET a voulu que ces rendez-vous permettent au grand public de mieux connaître la mer, et les initiatives qui s’y rapportent à l’échelle mondiale.

« Un pays qui ne se tourne pas vers la mer n’accepte pas le risque. Toutes les entités, quelles qu’elles soient, qui se sont tournées vers la mer, ont fait progresser l’humanité.»

La Grenelle de la mer

En septembre 2007, Jean-Pierre ELKABBACH, président d’Europe 1 décide de renouveler sa grille de programmes et confie à Christian BUCHET une chronique quotidienne autour de l’environnement et du développement durable, dans l’émission « La Matinale ».

C’est justement dans cette chronique qu’il lance un appel à Jean-Louis BORLOO, alors Ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, pour initier la création d’un « Grenelle de la Mer » sur le modèle de celui pour l’environnement.

Selon Christian BUCHET, la mer est la grande oubliée du Grenelle de l’environnement. Il milite pour que le gouvernement se dote d’une véritable stratégie maritime.

« L’existence d’une politique extérieure exigeant la maîtrise de la mer sur un vaste espace est indispensable. Celle-ci sert le contrôle de la terre déjà dominée et appuie la conquête d’espaces nouveaux. »

En effet, la France dispose, après les États-Unis, du 2e plus grand espace maritime au monde (une zone économique exclusive de 11,035 millions de km2) grâce à ses 3 façades maritimes métropolitaines et surtout à ses littoraux d’Outre-mer.

Christian BUCHET souhaite que le gouvernement français prenne conscience que cet espace est générateur de richesses et d’emplois. « Qui tient la mer, tient la terre. »

Il veut partager sa vision résolument optimiste. « La mer contient la quasi-totalité des solutions pour un avenir désirable. C’est une chance historique à saisir ! »

Avec l’objectif de formaliser l’ambition de la France pour la mer et les activités maritimes, le Grenelle de la Mer s’attache à définir une stratégie nationale en identifiant des objectifs et des actions à mettre en œuvre à plus ou moins long terme.

À partir du mois de février 2009, quatre groupes de travail, associant des représentants de l’État, des collectivités territoriales, de la société civile et des acteurs de l’économie maritime, se réunissent autour de différentes thématiques maritimes.

« Le Grenelle de la mer a fait naître un immense espoir. Reste aux politiques à oser « enclencher » cette vraie politique maritime que tous les acteurs, qu’ils soient économistes, sociologues, écologues, professionnels appellent depuis longtemps de leurs vœux. »

Christian BUCHET préside le Groupe 3 Partager la passion de la mer sous la vice-présidence de l’Amiral Pierre SOUDAN, directeur de l’École Navale, et de Gérard d’ABOVILLE, explorateur et homme politique.

Il est également nommé Président de la Délégation du Grenelle de la Mer envoyée par le Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire aux Antilles, en Guyane (mai 2009) et à Saint-Pierre-et-Miquelon (juin 2009).

« Notre Groupe s’est attaché à définir plus qu’une stratégie de communication, pour mettre en place une révolution culturelle au plan maritime. Tout l’enjeu de la bonne application des projets découlera de la volonté d’utiliser cette stratégie et l’outil méthodologique que nous avons proposé pour tourner le regard des Français vers la mer. Une mer qui est à la fois créatrice d’emplois, porteuse et moteur du développement durable pour contenir, à condition que nous soyons en mesure de la préserver, toutes les solutions pour un avenir durable. »

Remis en juin 2009, le rapport « Partager la passion de la mer » de Christian BUCHET et de son groupe de travail lance le concept de « L’Archipel France » destiné à « faire prendre conscience à nos concitoyens que la mer est au cœur géographique de notre pays. […]

En mettant la mer au « centre » de la France, c’est tout le développement social, économique, politique, culturel, de notre pays qui s’ouvre sur de nouvelles perspectives.
C’est donner à la France toute sa dimension par la richesse et le potentiel considérable de l’Outre-mer, c’est aller vers une nouvelle manière de penser et d’agir car l’Archipel France débouche sur une méthodologie opérationnelle d’action mettant en place une grande stratégie maritime de développement durable, porteuse d’emplois nouveaux. »

Le Groupe 3 préconise, entre autres, la création de l’Agence nationale de l’Archipel France assurant la coordination et l’animation de l’ensemble des parties prenantes présentes dans tous les territoires.

Le 6 novembre 2009, Jean-Louis BORLOO nomme Christian BUCHET Secrétaire Général du comité national de l’Archipel France.

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« La carte de l’Archipel France […] nous semble représenter la réalité bien mieux que le seul Hexagone flanqué de l’île de beauté, suspendue en bas à droite ; elle mériterait de figurer partout dans les établissements scolaires. […] Elle met en valeur […] que le cœur battant de notre pays, n’est pas le Massif Central, mais la mer qui unit tous les territoires de la République. »

Il occupe également, entre 2009 et 2011, le poste de Secrétaire Général du Comité de suivi du Grenelle de la Mer au travers, entre autres, des 4 comités maritimes mis en place sur les façades maritimes métropolitaines et des 10 comités maritimes ultramarins (CMU) instaurés en Outre-mer.

Entrer dans le temps du Pacifique

« Il est urgent que la France se dote d’une politique maritime […] c’est elle qui nous fera sortir de la « crise », de ce « monde fini » dans lequel nous nous morfondons, qui permettra la nécessaire mutation pour nous faire pleinement entrer dans le troisième temps de l’Histoire (ndlr : le temps de l’Océan Mondial). »

Christian BUCHET distingue 3 grands temps historiques :

  • Le temps des Méditerranées durant l’Antiquité et le Moyen Âge avec les anciennes routes de la soie et des épices ;
  • Le temps de l’Atlantique qui débute entre 1488, date à laquelle Bartolomeu DIAS double la pointe de l’Afrique, et 1492 lorsque Christophe COLOMB « redécouvre » les Amériques. Ce temps de l’Atlantique perdurera jusqu’au 20e siècle ;
  • Le temps de l’Océan Mondial qui débute au début des années 1990 : le centre de gravité des flux économiques mondiaux se concentre dans le Pacifique avec la prédominance de l’Asie qui concentre les plus importants ports de marchandises au monde (Shanghai, Singapour…).

Loin d’être pessimiste, Christian BUCHET liste les opportunités que la France – 2e plus grand espace maritime au monde – doit saisir pour ne pas « louper ce tournant fondateur » d’autant plus urgent qu’en 2050, 80% des 9 milliards de terriens vivront en bordure de mer :

  • Énergies marines renouvelables (éoliennes, hydroliennes, énergie des vagues…)
  • Alimentation (algues…)
  • Santé (molécules marines…)
  • Transport avec l’ouverture, du fait du réchauffement climatique, de nouvelles routes maritimes du Nord-Ouest et du Nord-Est dans l’océan Arctique
  • Communication (internet…) etc…

Pour profiter de ses opportunités, Christian BUCHET préconise par exemple : de développer l’économie portuaire en réadaptant ses infrastructures et ses dessertes via les réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux ; d’exploiter les gisements de terres rares disponibles dans certains territoires d’Outremer. Ces métaux « stratégiques » sont utilisés dans les technologies de pointe.

« La mer contient la quasi-totalité des solutions pour construire un avenir aussi désirable que durable, à la stricte condition qu’elle ne soit pas gérée comme une propriété anonyme, mais un véritable bien commun… »

Un homme engagé

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Parallèlement, Christian BUCHET participe à des campagnes de sensibilisation pour lutter contre les pollutions marines, comme en 2017, lorsqu’il signe la pétition « Stop plastic in the sea » initiée par ExpeditionsMED.

Comme d’autres personnalités, tel le fondateur de Sea Shepherd, Paul WATSON, Christian BUCHET se prête au jeu de « portraits décalés » réalisés par les photographes Cyril ABAD et Hans LUCAS. Recouvert de sacs plastique et de filets de pêche, il pose face à l’objectif.

Objectif : convaincre les députés européens de légiférer sur la production des déchets plastique et leurs dispersions dans l’environnement marin.

« Quelle aberration de saccager un univers dont on ne connait pas plus de 10 à 15% de la biologie marine et qui pourrait bien être le champ d’une formidable promesse pour peu que nous devenions responsables… »

En 2014, dans son livre « Cap sur l’avenir », il propose d’ailleurs 10 grands principes pour initier la rédaction d’une « Déclaration universelle des droits de la mer en vue du maintien de la vie sur terre » :

Article premier – Toutes les mers et tous les océans forment une entité devant être comprise globalement, la Mer.

Article 2 – La Mer contribue au bien commun de l’humanité et ne doit pas être menacée par le développement de l’espèce humaine.

Article 3 – La Mer a droit au respect dans sa dignité et propreté.

Article 4 – Nul ne peut porter atteinte à l’intégrité de la Mer sans en supporter les conséquences.

Article 5 – La faune et la flore de la Mer ne peuvent être exploitées que dans la mesure où le droit au renouvellement est garanti.

Article 6 – La Mer doit faire l’objet d’une attention particulière sur le plan de la recherche en vue de sa préservation et celle de l’espèce humaine.

Article 7 – La Mer constitue un lieu de mémoire, où certains sanctuaires, résultats de rencontres dramatiques entre l’homme et la Mer, doivent rester inviolés.

Article 8 – La Mer est le plus grand musée du monde, et les traces de l’aventure humaine qu’elle contient doivent être préservées contre le pillage et la dégradation.

Article 9 – La surveillance globale de la Mer est un devoir de l’humanité.

Article 10 – Tout homme a le droit et le devoir d’être régulièrement informé de l’état de la Mer.

La mer est la clé de l’histoire

En 2011, Patrick BOISSIER, alors PDG de DCNS, fait appel à l’expertise de Christian BUCHET pour effectuer une étude de faisabilité afin de savoir si la mer est réellement un facteur universel de développement, de réussite et de rayonnement.

Germe alors l’idée d’un vaste projet : évaluer le rôle et la place de l’Océan dans l’histoire de l’Humanité.

Lancé en mars 2018 et baptisé Océanides, ce projet d’Histoire Maritime universelle des 5 continents sur 5 000 ans représente le plus vaste programme en sciences humaines depuis L’Encyclopédie parue sous la direction de DIDEROT au 18e siècle.

Christian BUCHET en préside le conseil scientifique et coordonne les travaux de 260 chercheurs de 40 nationalités pendant 5 ans.

Son ambition est d’évaluer le rôle et la place de l’Océan dans l’Histoire de l’Humanité, de l’Antiquité jusqu’à nos jours.

Ses résultats publiés, dans une encyclopédie en 4 volumes « The Sea in History / La Mer dans l’Histoire », bouleversent notre manière d’appréhender l’Histoire et la Géopolitique et nous montrent que l’Océan constitue un moteur essentiel à un avenir prometteur.

Les travaux d’Océanides sont présentés en mars 2017, au Sénat, puis le 30 mars 2019 au Palais du Luxembourg à Paris.

« La mer est la clef de l’Histoire, et partant de ce constat, plus que jamais le catalyseur de notre avenir. »

Christian BUCHET en a également tiré un ouvrage grand public « La Grande Histoire vue de la mer ».

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« Cap sur l'avenir ! A contre-courant, les raisons d'être optimiste ».
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« La Mer dans l'Histoire : L'Antiquité »
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« La Mer dans l'Histoire : Le Moyen Âge »
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« La Mer dans l'Histoire : La période moderne »
13
« La Mer dans l'Histoire : La période contemporaine »
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« La Grande Histoire vue de la mer »

Le projet Océanides ayant été conduit à son terme, l’association a été dissoute le 11 septembre 2018.

« En raison de son caractère d’intérêt général, dédié à la Mer, de ses capacités à communiquer notamment au plan pédagogique et de ses ambitions de recherche, l’ensemble du fonds documentaire » a été cédé à la Fondation de la Mer – dont Christian BUCHET est membre du comité des fondateurs et du conseil scientifique.

Le 14 septembre 2021, à l’occasion des Assises de l’économie de la Mer, Christian BUCHET intervient auprès du Président de la République, Emmanuel MACRON pour défendre « la mer, l’atout gagnant de la France ».

« En chaque Français sommeille un marin, et l’avenir nous attend au large. »

Crédits photos

© Christian Buchet