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Charlotte CURÉ

Charlotte CURÉ – Chercheur en bioacoustique

Chargée de recherche en bioacoustique, CEREMA-UMRAE Communication acoustique des cétacés, technique de diffusion sonore.

Quel est votre métier aujourd’hui ?

Je suis chercheur en bioacoustique, je me suis spécialisée au fur et à mesure des années en bioacoustique sous-marine. J’étudie les systèmes de communication acoustique des mammifères marins et en particulier des cétacés – baleines et dauphins -, et l’impact de la pollution sonore sous-marine – sonar, navires… – sur leur comportement. Je cherche aussi à développer des techniques de diffusion sonore pour attirer ou repousser les animaux afin d’éviter des échouages, d’orienter des groupes d’animaux perdus ou encore d’éviter qu’ils ne soient trop près de zones de travaux ou qu’ils entrent en collision avec les bateaux ou soient pris dans les filets de pêche…

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser au son sous la mer ?

Étant issue d’une famille de musiciens, le son est présent dans ma vie depuis ma naissance.

La découverte des « sonogrammes », sorte de partition de musique des sons des animaux.

L’œuvre de Olivier MESSIAEN sur le chant des oiseaux retranscrit en musique.

Un article dans Science et vie Junior sur le chant des baleines écrit par un chercheur, Jacques VIEILLARD. Je l’ai contacté et il m’a mis en relation avec Thierry AUBIN, chercheur en bioacoustique qui a été par la suite mon directeur de thèse…

Racontez-nous une anecdote en lien avec l’un des sons que vous avez étudié.

Ma première expérience de playback – diffusion de leurres acoustiques – chez les cétacés.

On m’avait dit « Tu as travaillé avec les oiseaux par le passé, chez qui les réponses aux playbacks sont super nettes, tu vas être un peu déçue avec les cétacés car on peine à obtenir des réponses comportementales lors de playbacks… On ne voit pas grand-chose… »

Or, lors de ma première expérience de playback réalisée chez le globicéphale noir en mer de Norvège, où je diffusais des sons d’orques, la réaction a été très claire : plusieurs dizaines de globicéphales sont arrivés de tout horizon et à toute allure, comme attirés par un aimant vers mon bateau d’où j’avais déployé le haut-parleur subaquatique…

Il était très clair que les animaux avaient répondu aux sons d’orque. Cela démontrait que les interactions entre les deux espèces pouvaient être médiées par l’acoustique.

« Les écosystèmes marins sont menacés, la pollution sonore s’ajoute à la liste des éléments nuisibles pour la faune sous-marine. La bioacoustique sous-marine a besoin de vous ! On a encore beaucoup de lacunes en acoustique sous-marine comparé au milieu aérien. On maitrise moins bien les propriétés de propagation dans le milieu sous-marin… Les systèmes de communication acoustique de la faune sous-marine sont encore mal connus… Il reste encore beaucoup à faire. Le bruit sous-marin ne cesse de croitre, il faut absolument trouver un moyen de réduire efficacement les impacts du bruit sur la faune sous-marine. »