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Anita CONTI © studio Lipnitzki, Fonds Anita Conti
Anita CONTI © studio Lipnitzki, Fonds Anita Conti

Anita CONTI, première femme océanographe

Anita CARACOTCHIAN est née le 17 mai 1899, à Ermont en Seine-et-Oise. Adolescente, elle passe ses vacances d’été sur l’île d’Oléron où la baignoire familiale sert d’aquarium pour l’observation des poissons vivants. Elle embarque sur des nombreux bateaux et prend ses premières photos maritimes.

Selon Anita CARACOTCHIAN, seul un métier confère aux femmes autonomie et dignité. Dans les années 1920, elle devient donc tour à tour journaliste, poète, relieuse d’art et embarque régulièrement sur le bateau de pêche d’André CONTI, frère de son mari Marcel, Attaché d’ambassade à Vienne.

Dans les années 1930, Anita CONTI écrit des articles maritimes et travaille à l’Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes (futur IFREMER). En 1935, elle contribue au lancement du premier navire océanographique français le Président Théodore Tissier.

Quatre ans plus tard, à bord du chalutier à vapeur Vikings elle prend des notes et des photographies lors d’une campagne morutière. La même année, alors que la Seconde Guerre mondiale est déclarée, elle embarque sur les dragueurs de mines en Manche et mer du Nord. Première femme à bord des navires de la Royale, elle prend une part active aux opérations de déminage à Dunkerque.

En 1941, Anita CONTI chalute en Afrique pour ravitailler les populations et l’armée française. En 1943, le gouvernement d’Alger lui demande d’étudier et de perfectionner les pêches traditionnelles afin d’améliorer le régime alimentaire des populations locales.

« Je suis une femme réussie plutôt qu’un garçon manqué. »

© François de Bertier / Fonds Anita Conti
A bord du Président Théodore Tissier, Anita CONTI observe un poisson et prend des notes © François de Bertier, Fonds Anita Conti

En 1953, elle publie « Racleurs d’océans », récit de la campagne de pêche à bord du Bois Rosé. Ce premier livre est couronné par le prix des Vikings. Elle réalise également un film qui retrace cette campagne morutière. Elle participe également à un grand nombre de conférences où elle témoigne du rude travail des Terre-Neuvas et écrit un second livre : « Géants des mers chaudes ».

À la fin des années 1950, à bord du navire Tohy, elle observe le requin pèlerin. Elle rejoint ensuite une mission d’études sur la Méditerranée à bord du Président Théodore Tissier et se bat contre le gâchis des espèces indésirées que les pêcheurs rejettent à la mer. Elle est accueillie pendant 2 ans au Musée Océanographique de Monaco par le commandant COUSTEAU.

En 1960, elle repart pour une observation des pêches à bord du chalutier Les Deux Amis. À cette occasion, elle fait campagne, avec succès, pour la pêche au poisson-sabre.

En 1963, elle expérimente sur le littoral adriatique des fermes aquacoles. En 1965, ses installations sont détruites par une tempête. Entre 1965 et 1970, elle part pour l’Irlande à la rencontre des requins pèlerins, puis en Mer du Nord, où elle tente une nouvelle structure de fermes aquacoles en pleine eau. L’expérience est un succès mais une marée noire met un terme à son travail.

Anita CONTI accumule une somme importante d’observations et de réflexions qu’elle rassemble dans un troisième livre, « L’Océan, les Bêtes et l’Homme ».

À partir de 1975, elle ne cesse de voyager de navire en navire. Partout dans les ports d’Europe, on connaît le nom de « La Dame de la Mer ».

Anita CONTI s’éteint à Douarnenez par une nuit de tempête le soir de Noël 1997. Ses cendres sont dispersées en Mer d’Iroise.