De la vie aussi dans les zones riches en minerais sous-marins !

25/07/2016
Nodules polymétalliques © Ifremer

On pensait que les zones de minerais situées entre 4 000 mètres et 5 000 mètres de profondeur, étaient quasiment dépourvues de vie : il n’en est rien. Dans ces plaines abyssales, se trouve une faune particulièrement diversifiée !

L’équipe internationale de scientifiques français (Ifremer), allemands, portugais et belges qui a réalisé cette découverte s’est intéressée aux champs de nodules polymétalliques situés dans la zone de fracture de Clarion-Clipperton, dans l’océan Pacifique, entre l’archipel d’Hawaï et la côte ouest du Mexique.

C’est l’une des régions de la planète qui compte la plus grande densité de nodules et qui, de fait, est convoitée pour son potentiel en ressources minérales marines.

Depuis plusieurs dizaines d’années, plusieurs permis ont été délivrés à différents pays afin d’explorer cette zone.

Les nodules polymétalliques sont des sortes de gros galets qui agrègent les minerais présents dans l’eau, explique Lénaïck Menot, chercheur au Laboratoire Environnement Profond du Centre Ifremer Brest.

Concombre de mer dans un champ de nodules © Ifremer/Nautile, Nodinaut (2004))

Concombre de mer dans un champ de nodules © Ifremer/Nautile, Nodinaut (2004))

Constitués de manganèse, fer, silicium, aluminium ou cobalt, ces nodules sont présents en forte concentration dans l’océan Indien et l’océan Pacifique.

Jusqu’à présent, la biodiversité associée aux champs de nodules était peu connue, en raison notamment des difficultés d’accès à ces régions profondes. Mais considérant le fort impact qu’une activité minière pourrait avoir sur ces zones, comprendre la distribution des espèces est essentiel.

Les chercheurs ont découvert une faune à la fois riche et abondante : coraux, éponges…

Dans le milieu abyssal, dominé par de grandes plaines sédimentaires, les nodules constituent un type d’habitat unique, notamment pour les coraux ou les éponges qui peuvent s’y accrocher. Lorsqu’on les enlève, non seulement cet habitat disparaît mais les couches de sédiments sont elles aussi bouleversées. Cela pourrait conduire à une perte importante de la biodiversité à l’échelle des zones exploitées, qui pourrait ne jamais revenir, étant donné que les nodules mettent plusieurs millions d’années à se former. 

Ces résultats mettent en avant la nécessité d’élaborer des stratégies de préservation de la biodiversité dans les zones riches en nodules.

La zone de fracture de Clarion-Clipperton représente une surface de 9 millions de km2, dans laquelle le poids des nodules atteindrait 34 milliards de tonnes, dont environ 340 millions des tonnes de nickel, et 275 millions de tonnes de cuivre.

L’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a attribué à la France un secteur de 75.000 km2 en vue de l’exploration des nodules polymétalliques.