Début août 2019, l’équipe d’archéologues sous-marins de Parcs Canada a exploré pour la première fois, l’intérieur de l’épave du HMS Terror grâce à un robot sous-marin téléguidé.
Depuis le navire de recherche David Thompson, les archéologues ont réalisé 7 plongées sur l’épave du HMS Terror, explorant 20 cabines et compartiments du navire ; ils ont obtenu des images claires de plus de 90% du pont inférieur du navire, où se trouvent les quartiers de l’équipage.
Les épaves de l’expédition Franklin gisent dans les eaux glacées du Nunavut, un territoire du Nord du Canada : à Terror Bay (le long des côtes de l’île du Roi-Guillaume) pour le HMS Terror et le long des côtes de la péninsule Adélaïde pour le HMS Erebus.
En 1845, le HMS Terror avait été affrété, avec le HMS Erebus, par Sir John Franklin pour rechercher le passage du Nord-Ouest à travers l’Arctique canadien actuel.
Le 19 mai 1845, l’expédition Franklin quitte l’estuaire de la Tamise, elle croise un baleinier le 26 juin… Les navires et leur équipage ont été vus pour la dernière fois par les Inuits sur l’île du Roi-Guillaume…
L’équipe a ainsi filmé :
- des lits et des bureaux toujours en place dans les cabines des officiers ;
- des étagères avec des assiettes et des bouteilles en verre (des gobelets et des verres à pied) dans ce qu’on croit être le garde-manger du mess des officiers ;
- des rangées d’étagères remplies d’assiettes, de bols et de verres, tous intacts, dans la partie avant du navire où se seraient trouvés les quartiers des matelots.
Parmi les lieux emblématiques filmés lors de cette mission : la cabine du capitaine, le lieu le mieux préservé de tout le pont inférieur car recouvert de sédiments qui se sont écoulés par les fenêtres de la poupe.
L’équipe y a découvert le bureau du capitaine, des armoires à cartes aux tiroirs fermés, des boîtes contenant le plus probablement des instruments scientifiques, un trépied entier (semblable à celui d’un arpenteur), et deux thermomètres.
« L’état dans lequel nous avons trouvé la cabine du capitaine Crozier a de loin surpassé nos attentes. Les meubles et les armoires sont non seulement en place, mais les tiroirs sont fermés et bon nombre d’entre eux sont ensevelis dans la vase, refermant ainsi les objets et les documents dans les meilleures conditions possibles pour leur pérennité. Chaque tiroir et espace fermé sera un coffre au trésor de renseignements inédits sur le sort de l’expédition de Franklin. » explique l’archéologue Marc-André Bernier
Selon les experts de Parcs Canada, l’épave du HMS Terror a été bien préservé grâce aux eaux profondes, sombres et froides (0°C ou moins ) et aux couches de sédiments, qui crée un environnement moins riche en oxygène bénéfique pour préserver les matières organiques comme le papier.
Nous avions l’impression, en explorant le HMS Terror, qu’il s’agissait d’un navire récemment abandonné par son équipage, semblant avoir échappé au passage du temps, et ce, malgré le fait que 170 ans se sont écoulés depuis que le Terror a coulé brusquement au fond de la baie où il repose depuis. raconte Ryan Harris, Directeur du projet et pilote du véhicule téléguidé pour l’agence Parcs Canada.
Les quartiers personnels du capitaine demeurent le seul espace toujours inaccessible sur le pont inférieur; il s’agit de la seule porte close sur ce pont.
Parcs Canada estime qu’il est fort probable que l’on y trouve des documents écrits et scellés, car l’environnement les aurait préservés dans un état quasi parfait.
À la suite d’un accord récent, tous les objets récupérés appartiendront à la fois au gouvernement du Canada et aux Inuits.
Ce projet archéologique subaquatique est l’un des plus importants et des plus complexes de l’histoire canadienne.