Une équipe de l’Université Autonome de Barcelone étudie un phénomène qui régule le climat entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud

13/05/2005

Les changements climatiques de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud sont intimement liés par un phénomène régulateur de va-et-vient. Une équipe de chercheurs de l’Université Autonome de Barcelone (UAB) et de l’Université de Cardiff (Royaume-Uni) a démontré pour la première fois que dans le passé la circulation océanique de l’hémisphère sud s’ajustait en réponse aux changements soudains qui se produisaient dans l’hémisphère nord.
Les scientifiques ont remarqué qu’au fur et à mesure que le climat se réchauffait dans l’hémisphère nord, l’hémisphère sud entrait dans une phase
de refroidissement qui minimisait alors le transport des eaux profondes de l’Atlantique dans le sens sud-nord. Le phénomène inverse se produisait également : si l’hémisphère nord se refroidissait, alors l’hémisphère sud entrait dans une phase de réchauffement qui stimulait le transport des eaux sud-nord.

Ces mécanismes d’interconnexion entre les deux hémisphères ont déjà été observés grâce à des simulations du climat. Mais c’est la première fois que des chercheurs peuvent le confirmer expérimentalement, et avec un haut niveau de détail, à partir des données des années passées. Les eaux de l’hémisphère sud jouent donc un rôle actif et important dans la dynamique des changements soudain du climat.

Actuellement, le climat en Europe et en Amérique du Nord est très influencé par le Gulf Stream. Ce courant océanique transporte les eaux chaudes depuis les zones tropicales jusqu’au nord, en passant par la cote de la Floride, en traversant l’océan Atlantique vers le nord, puis en redescendant vers la côte ouest de l’Europe. Ce courant favorise le climat doux de la côte ouest européenne. La force de ce courant dépend de la salinité de l’eau transportée depuis le sud. Si la salinité de l’eau diminue, alors le courant
s’affaiblit.
Les études sur le réchauffement global prévoient une augmentation des températures qui pourrait provoquer la fonte d’une partie des glaces du Groenland. L’Atlantique nord subirait alors un apport en eaux douces, qui diminuerait la force du courant et provoquerait à moyen terme un climat plus froid et sec en Europe et en Amérique du Nord. Cependant, selon les chercheurs, l’Océan Atlantique pourrait s’autoréguler devant les changements climatiques dus au réchauffement global comme il l’a fait dans le passé. Les eaux de l’hémisphère sud sont plus douces que celles
du nord. L’eau douce, qui provient de la fonte des glaces dans l’hémisphère sud et qui se diffuse dans tout l’Atlantique, diminue la concentration en sel de l’océan dans l’hémisphère nord et engendre alors l’affaiblissement du Gulf Stream. Or, depuis les dix dernières années, les scientifiques ont observé une diminution de la fonte des glaces dans l’hémisphère sud. Pour les chercheurs qui mènent ce projet, cela pourrait être un signal montrant que les océans sont déjà en train de s’ajuster pour le réchauffement global. L’étude a été publiée dans la revue Science.

Source : BE Espagne numéro 40 du 06/05/2005 (ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/accueil/be_espagne.php/