Un « tueur de poissons » voyage en microplastique…

08/07/2019
La mer Baltique est considérée comme la plus polluée au monde ©Pixabay

Selon une étude allemande, l’algue planctonique (phytoplancton), Pfiesteria piscicida – dont le nom signifie « tueur de poissons » en raison de sa toxicité – préfère coloniser le plastique que le bois flotté.

Le phytoplancton toxique Pfiesteria piscicida colonise les microplastiques © UNC Sea Grant College Program

Le phytoplancton toxique Pfiesteria piscicida colonise les microplastiques © UNC Sea Grant College Program

 

Les chercheurs ont ainsi comparé la colonisation des microorganismes sur des particules de plastique (polyéthylène et polystyrène), de quelques millimètres de diamètre et sur du bois flotté immergés 15 jours dans 3 types de milieu différents :

  • différentes stations de la mer Baltique, l’une des plus grandes étendues d’eau saumâtre (mélange d’eau douce et d’eau de mer) du monde ;
  • la rivière Warnow (Allemagne) ;
  •  une usine de traitement des eaux usées.

Sur les 500 espèces de microorganismes présents sur les microplastiques, les chercheurs ont établi une liste de 20 « majoritaires » : l’algue planctonique Pfiesteria piscicida (de la famille des dinoflagellés) en fait partie. 

Elle a atteint des densités environ 50 fois plus élevées que dans l’eau environnante et environ 2 à 3 fois plus élevées que sur des particules de bois.

Microplastique (bleu) parmi le plancton (grossissement x40) ©La Cité de la Mer

Microplastique (bleu) parmi le plancton (grossissement x40) ©La Cité de la Mer

 

Cela suscite quelques inquiétudes car les microplastiques peuvent servir de mode de « transport » pour des organismes potentiellement envahissants ou nuisibles, avec des conséquences encore inconnues pour la faune sauvage.

« Les microplastiques peuvent représenter un habitat et un moyen de transport importants pour les microorganismes.

Nos expériences ont montré que les micro-organismes, par exemple les dinoflagellés tels que Pfiesteria piscicida, se développent et croissent sur des objets en plastique, où ils présentent des densités beaucoup plus élevées que dans l’eau environnante ou sur le bois flotté », explique Maria Therese Kettner de l’Institut-Leibniz (Berlin), auteur principal de l’étude.

 

Hans-Peter Grossart, de l’Institut-Leibniz (Berlin) et Directeur scientifique de l’étude précise que :

« Contrairement aux substances naturelles comme le bois ou les colonies d’algues, les particules microplastiques se décomposent extrêmement lentement et peuvent donc transporter les organismes qu’elles contiennent sur de longues distances.

Le plastique flottant peut donc jouer un rôle dans la dispersion de divers (micro)-organismes, y compris les espèces envahissantes, parasites et pathogènes. »


Cette étude, coordonnée par l’Université de Potsdam et l’Institut-Leibniz, est parue dans Frontiers le 5 juin 2019.