Un réseau sans fil sous marin

10/02/2012

D’ici deux ans, des modems permettant de créer des réseaux sans fil sous-marins pourraient être mis sur le marché et permettraient de transmettre des données à distance sous des mètres et des mètres d’eau !

La première application de cette nouvelle technologie pourrait être la gestion des plateformes pétrolières offshore, ce qui permettrait ainsi d’éviter les catastrophes telle que celle causée par le Deepwater Horizon de BP dans le Golfe du Mexique.

Le 13 janvier 2012, lors de la présentation du projet européen Underwater acustic network (Uan), à l’université de Pise, il a été indiqué qu’il était possible de créer des robots mobiles et intelligents, fonctionnant comme des modems acoustiques, capables de déterminer les conditions environnementales, de se déplacer de manière autonome dans l’eau et de se positionner à l’endroit idéal pour échanger des données entre eux, en temps réel.
Ce projet, qui s’est conclu en novembre 2011, a rassemblé le Portugal, la Norvège, la Suisse, mais aussi l’Italie, avec notamment le centre de robotique E. Piaggio (Pise), le Centre interuniversitaire de recherche sur les systèmes intégrés pour l’environnement marin (Isme) et la société Selex (société Finmeccanica).

Deux tests dans les conditions du milieu ont été conduits : un en Norvège et l’autre au large de Pianosa, en Toscane. Les robots, surnommés folaga, ressemblent à de petites torpilles de deux mètres de long et de 12 cm de diamètre, pour un poids de 30 kg. En fin de compte, il s’agit de sonars : Sous l’eau, on ne peut communiquer que grâce aux ondes acoustiques, explique Andrea Caiti de l’université de Pise et coordinateur du projet Uan pour l’Italie. Le défi n’était pas technologique mais était tout autre : sous l’eau, le canal acoustique dépend des conditions océanographiques, en particulier de la température, qui peut varier énormément en 24 heures. Les caractéristiques des ondes transmises changent avec la température, et en peu de temps un canal de communication peut ne plus être efficace. C’est à cela que servent les capteurs, les noeuds de ce réseau sans fil. Intelligents et mobiles, ils peuvent se déplacer de manière autonome pour se mettre dans les conditions environnementales les plus favorables à la transmission de signaux.

Un réseau de 4 noeuds fixes et 3 noeuds mobiles a été créé, et recouvre une zone de presque un demi-kilomètre de rayon. Mais en alignant les robots les uns derrière les autres, il est aussi possible de transmettre des données sur 4 à 5 km. Les capteurs fixes ont une autonomie de quelques mois, ceux mobiles, plus petits et légers, ont aujourd’hui une autonomie de 8 heures, mais celle-ci sera très bientôt de 12 heures.

Maintenant il faut créer une version commerciale de ces robots : l’entreprise norvégienne KongsBerg Maritime est en première ligne. La Norvège a une politique parmi les plus restrictives sur le plan environnemental, et il est probable que les premières installations de ces réseaux sans fils subaquatiques soient pour le secteur pétrolier, poursuit Andrea Caiti. De plus, ces robots pourront être utilisés comme avertisseur en cas de séismes sous marins à proximité des pipelines.

Mais bien que la puissance de ces systèmes soit inférieure à celle des sonars militaires et sismiques (de 60 à 40 décibels en moins), et que les ondes aient une portée limitée, les signaux acoustiques ont un effet néfaste pour la faune marine. Nous avons conduit une étude sur l’impact du réseau sur les mammifères marins et les poissons, explique Andrea Caiti : Pour les premiers nous nous sommes basés sur les données d’un des meilleurs experts italiens, Gianni Pavan, de l’Université de Padoue, pour les seconds nous avons fait appel à la littérature spécialisée.

L’expertise indique que pour les espèces de cétacés les plus sensibles aux sonars, le risque est accru dans un rayon de 10 mètres de la source.
Et pour éviter tout effet d’accumulation, il faudrait que ces animaux se tiennent à une distance d’au moins 500 mètres. Pour les poissons, le risque est d’endommager la vessie natatoire. La technologie est donc prête, mais son application devra être attentivement appréciée et réglementée.

Source : BE Italie numéro 100 (7/02/2012) – Ambassade de France en Italie / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/69052.htm