Un « court-circuit » dans la circulation océanique

14/06/2007

Dans un article publié le 10 mai 2007 dans la revue Nature, un groupe de chercheurs dirigé par le Dr Alberto Naveira Garabato de l’Université de Southampton annonce avoir découvert l’existence d’un « court-circuit » dans la circulation du courant océanique antarctique. Cette annonce introduit « une nouvelle donne » dans la compréhension des phénomènes climatiques induits par la circulation océanique à l’échelle planétaire.
Depuis plusieurs années, les océanographes observaient la circulation océanique uniquement au niveau de la couche supérieure de l’océan (quelques kilomètres), supposant qu’elle était indépendante de celle des abysses. En fait, les deux circulations s’entremêlent au sein de l’océan Antarctique, ce qui suppose des changements fondamentaux dans la création des modèles climatiques. En effet, la compréhension des phénomènes de circulation océanique est importante, dans la mesure où cette circulation est à l’origine de la distribution non seulement de la chaleur, mais aussi de la matière carbonée et des nutriments sur Terre.
Les recherches menées par cette équipe montrent que la combinaison d’un mélange rapide à travers les différentes « surfaces de densité » et d’un écoulement également à forte vitesse le long de ces mêmes surfaces crée une sorte de « court-circuit » dans l’océan Antarctique, qui entraîne une intensification de la remontée des eaux profondes dans cette région. C’est un phénomène naturel qui a permis de détecter ce « court-circuit  » : la diffusion de l’hélium rejeté par des volcans sous-marins de grande profondeur situés dans l’océan Antarctique. L’hélium (symbole : He) se dissout dans les eaux profondes, laissant apparaître un panache d’eau chargée en 3He qui se déplace jusqu’aux côtes chiliennes. C’est par l’observation de la propagation de ce gaz dans l’eau en Antarctique que les chercheurs ont déduit l’existence d’un « court-circuit ».
Devant le phénomène de réchauffement climatique désormais reconnu unanimement par la communauté scientifique, de multiples projets visant à prédire l’évolution du climat d’ici la fin du siècle sont en cours. Leur qualité dépend largement des techniques de mesures existantes, mais aussi de la précision des modèles et surtout de la compréhension des phénomènes complexes conditionnant l’évolution du climat sur Terre. Ainsi, la découverte présentée ici permettra d’assurer une plus grande fiabilité des modèles climatiques, même si l’on peut penser qu’il reste encore certaines zones d’ombre avant d’obtenir des modèles prédictifs réalistes. Selon le Pr. Andrew Watson de l’Université d’East Anglia, co-auteur de l’article, « nous allons devoir comprendre la circulation océanique [dans l’océan Antarctique], avant de pouvoir mettre au point des modèles fiables de prédiction du climat sur cent ans ».

Source : BE Royaume-Uni numéro 77 (4/06/2007) – Ambassade de France au Royaume-Uni / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/43078.htm