RemOcean : vers une nouvelle génération de robots sous-marins

01/09/2010

Piloté par l’équipe de Hervé Claustre, chercheur au sein de l’Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer (CNRS/UPC), le projet remOcean (remotely-sensed biogeochemical cycles in the Ocean), financé par une bourse « Advanced grant » de l’European Research Council, a pour objectif de développer une nouvelle génération de robots sous-marins, les « flotteurs profileurs », afin d’explorer 5 zones océaniques clés pour mieux comprendre les cycles biogéochimiques du carbone et de l’azote.
Ainsi les chercheurs exploreront l’Atlantique Nord qui, s’il ne représente que 1,4% de la superficie de l’océan, pourrait contribuer pour plus de 20% de la séquestration du carbone par l’océan, et quatre grandes zones centrales subtropicales des océans Pacifique et Atlantique qui constituent de véritables déserts biologiques encore extrêmement mal connus, bien que représentant plus de 60% de la superficie de l’océan.

Pour étudier les caractéristiques de ces différentes zones, Hervé Claustre et son équipe vont développer et utiliser des flotteurs profileurs aux performances optimisées, puisque opérables à distance et multicapteurs. Rappelons qu’un flotteur profileur multicycle classique effectue des cycles préprogrammés identiques. Ainsi il peut monter et descendre comme un « yo-yo » entre la surface et 2000 mètres de profondeur en modifiant sa flottabilité. La durée typique de ces cycles est de 10 jours durant lesquels ce flotteur profileur réalise des mesures physiques de salinité, de température et de profondeur. Quant à la transmission des données collectées, elle s’effectue via le système Argos qui, s’il est simple, robuste et pérenne, ne permet pas d’émettre de télécommande vers le flotteur profileur.

Avec la nouvelle génération de flotteurs profileurs que souhaite développer l’équipe de Hervé Claustre, il en sera tout autrement. En effet, grâce au système de communication par satellite Iridium, les chercheurs pourront recevoir les données collectées par ces robots sous-marins et leur envoyer de nouvelles consignes avant qu’ils ne replongent dans un nouveau cycle. De plus, la variété de capteurs dont ces flotteurs profileurs seront équipés leur permettra de réaliser non seulement des mesures physiques mais aussi des mesures chimiques et biologiques.
Les chercheurs vont donc pouvoir faire de l’observation à distance, en temps réel et en continu, y compris dans des zones océaniques particulièrement difficiles d’accès ou pour lesquelles un accès régulier par bateau reste trop coûteux, et ceci pendant des durées importantes puisque ces flotteurs profileurs sont autonomes et opérationnels durant deux à trois ans.
Ainsi l’océan est d’autant plus vert qu’il est riche en plancton et d’autant plus bleu qu’il en est dépourvu. Grâce à ces données, les chercheurs peuvent établir des cartes mondiales de concentration en phytoplancton. Cela dit, ces cartes ne concernent que 1/5 seulement de la couche occupée par le phytoplancton. Les données collectées par les flotteurs profileurs de remOcean vont donc permettre de compléter ces cartes pour l’océan plus profond.
A terme, l’objectif des chercheurs est d’acquérir pour la première fois une vision 3D de la biologie océanique. Celle-ci permettrait alors par exemple d’estimer la quantité de carbone (CO2) capturée par le phytoplancton via le processus de photosynthèse. C’est dire l’importance de ce projet qui vient d’être lancé pour cinq ans (2010-2015) et bénéficie d’une bourse de 3,3 millions d’euros de l’ERC.

Source : BE France numéro 246 (31/08/2010) – ADIT / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64259.htm