Mercredi 8 octobre, à Stockholm, le prix Nobel de chimie a été décerné à Osamu Shimomura, Martin Chalfie et Roger Y.Tsien pour la découverte et lutilisation de la protéine fluorescente verte, la GFP.
Elle a été identifiée au début des années 1960, par Osamu Shimomura, chercheur japonais recruté par luniversité américaine de Princetone. Il sintéresse alors à la lumière bleue-verte émise par une méduse américaine, l Aequorea victoria, lorquelle est en mouvement.
Il décide de tenter disoler la substance responsable de cette luminescence et ne se doute alors sûrement pas de la portée importante quallaient avoir ses travaux par la suite.
Il utilise un procédé qui peut paraître archaïque (il écrase pas moins de 10 000 spécimens afin dobtenir la quantité nécessaire de cette substance !) mais sachons quà lépoque, il nexiste pas de technique damplification moléculaire
Il réussit ainsi à isoler la protéine quil baptise aequorine et démontre que si la luminescence napparaît que lorsque la méduse sagite, cest parce que la molécule német de la lumière bleue-verte que quand elle est en contact avec le calcium qui se diffuse dans lorganisme quand lanimal est en mouvement.
Le chercheur remarque également la présence infime mais récurrente dune autre substance luminescente quil baptise Green Fluorescent Protein, ou GFP. La concentration de cette molécule est si faible que cest incroyable quil ait pu lisoler à cette époque ; sans la grande quantité de chair de méduses étudiée, il naurait pas pu le faire.
Dans les années 1970, il montre que cette protéine porte en elle un chromophore, un groupe chimique qui absorbe et émet de la lumière et comprend que cest en absorbant la lumière bleue de laequorine que la GFP émet une lumière verte.
30 ans plus tard, Martin Chalfie, spécialiste américain de physiologie dun petit ver transparent (Caenorhabditis elegans), décide de se servir de la GFP comme outil de marquage pour comprendre le fonctionnement des protéines dans lorganisme. Grâce à un de ses collègues, Douglas Prasher, à qui il demande disoler le gène codant pour la GFP, il réussit à colorer 6 cellules du ver transparent en introduisant ce gène dans le matériel cellulaire. Il insère ce gène dans des neurones impliqués dans la perception tactile du ver quil étudie, et en éclairant lanimal dune lumière ultraviolette ou bleue, il peut alors rendre luminescents ces neurones et suivre les mouvements des protéines marquées.
Peu après, Roger Tsein développe des GFP de couleurs différentes : on passe du noir et vert à la couleur. Ce raffinement permet aux biologistes de suivre le trajet de plusieurs protéines en même temps ainsi que leurs interactions. Il sagit dune révolution technique en biologie. Certains surnomment même cette protéine le microscope du 21e siècle !
Cette méthode dont lemploi sest généralisé permet aujourdhui dobserver des processus auparavant invisibles comme la croissance des cellules nerveuses dans le cerveau ou la propagation des cellules cancéreuses.
Source : La Cité de la Mer
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/fondamental/20081008.OBS4893/une_proteine_a_lhonneur.html?idfx=RSS_sciences