Plusieurs pesticides détectés dans le cerveau des mammifères marins

14/06/2009

Selon une étude qui vient de paraître dans le journal électronique « Environmental pollution », les mammifères marins accumuleraient des quantités non négligeables de pesticides dans leur organisme. Les recherches, menées dans le cadre d’un programme commun au MIT(Massachussetts Institute of Technology) et au WHOI (Woods Hole Oceanographic Institution), constituent la première étude exhaustive concernant l’impact des différents contaminants sur le développement cérébral des mammifères marins.

Eric Montie, principal auteur de l’étude et chercheur au laboratoire de biologie marine de l’University of South Florida a mesuré les concentrations de différents pesticides dans les tissus de mammifères marins, peu étudiés jusqu’à présent. Analysant les concentrations en polluants du liquide céphalo-rachidien et de la matière grise d’une dizaine d’espèces de mammifères marins ainsi que chez le phoque, les chercheurs ont détectés des concentrations de pesticides (de l’ordre du ppm – parts par million) de la famille des organo-halogénés (OHC, DDT, HCH, PCB…) ainsi que de nouveaux types de contaminants récemment déversés dans le milieu extérieur tels que les polybromodiphényléthers, dit PBDE et utilisé comme ignifugeur. Selon ces résultats, les phoques présenteraient des concentrations légèrement plus élevées que le reste des espèces analysées.

Si l’usage de certains de ces pesticides est maintenant interdit en raison de leur forte toxicité (DDT…), ceux-ci se retrouvent néanmoins en concentrations importantes dans les différents échantillons de tissus analysés et peuvent avoir de nombreux effets secondaires notamment sur le développement des organes de reproduction et le cerveau. En effet, les chercheurs craignent qu’un mélange de concentration de différents pesticides puisse engendrer un dérèglement de la thyroïde, glande responsable en partie de la régulation des hormones et jouant par ailleurs un rôle important sur le développement du cerveau et donc des fonctions sensorielles de l’animal. Sachant que les mammifères marins et les poissons accumulent les quantités de pesticides ingérés lors de longues périodes d’exposition, ces polluants pourraient avoir un impact à long terme sur la reproduction des espèces.

Si jusqu’à présent les recherches sur la faune marine consistaient à regarder l’impact des contaminants sur le système immunitaire ainsi que sur la production d’hormones, ces travaux ouvrent la porte à de nouvelles opportunités de recherche dans le domaine de la neuro-écotoxicologie . En effet, les quantités de polluants se déversant dans l’océan ayant de forte chance d’augmenter au cours des prochaines décennies, il est important de pouvoir évaluer les risque encourus au niveau du développement cérébral des différentes espèces maritimes. Eric Montie prévoit ainsi de plus amples études avec différents instituts de la côte ouest (Université de Portland, Centre des Mammifères Marins de Sausalito en Californie…), ainsi qu’avec les chercheurs de la NOAA (National Oceanographic and Atmospheric Administration) afin de déterminer dans quelles mesures ces pesticides interagissent sur la santé des espèces marines.

Source : BE Etats-Unis numéro 167 (2/06/2009) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59286.htm