Niveau des océans : les prédictions du GIEC trois fois trop optimistes

14/02/2009

Le niveau des mers pourrait s’élever d’un mètre dans les 100 prochaines années. C’est trois fois plus que ce que prédisait le GIEC (Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), le groupe d’experts climatiques des Nations Unies. Ces résultats spectaculaires ont été publiés dans la revue « Climate Dynamics » par une équipe de chercheurs du « Niels Bohr Institute » de l’Université de Copenhague, en collaboration avec des équipes anglaises et finlandaises.

Les rapports du GIEC prévoient une augmentation globale des températures de 2 à 4 degrés pour le siècle à venir. Mais la température des océans et la fonte des couches de glace qui recouvrent le Groenland et l’Antarctique n’obéissent pas à la même cinématique que le réchauffement atmosphérique. Ce facteur est la grande inconnue de tous les modèles prédictifs du niveau des océans. Or, comme le GIEC l’a lui-même reconnu dans son rapport de 2007, le modèle qu’il utilise pour prévoir l’élévation du niveau de la mer n’est pas capable de prendre en compte les changements rapides que les calottes glaciaires ont connu ces dernières années. Partant de ce constat, l’équipe de recherche a décidé de s’orienter vers de nouvelles stratégies de modélisation.

« Alors que tout le monde fait des calculs à partir de ce que l’on estime qu’il pourrait se passer, nous avons décidé de faire les nôtres à partir de ce que l’on sait effectivement du passé. Nous avons ainsi tenté d’établir une corrélation directe entre température mondiale et niveau des océans » explique Aslak Grinsted, géophysicien en charge du projet au Centre de Glaciologie et Climatologie de l’Institut Niels Bohr. Le nouveau modèle est en fait une régression linéaire physiquement réaliste à 4 inconnues qui s’appuie sur les données de ces 2000 dernières années. Les paramètres de l’équation sont estimés par la méthode statistique de Monte Carlo permettant ainsi une représentation des scénarii passés et futurs du niveau des océans. Le modèle offre des capacités prédictives très satisfaisantes sur les décennies passées et anticipe l’accélération observée depuis les années 90.

Si l’on estime que la relation température – niveau des océans est valide de l’an 200 à 2100 au moins et si l’on se réfère aux différents scénarii de température du globe avancés par le GIEC, la hausse du niveau des océans devrait atteindre 0,9 à 1,3 mètres d’ici un siècle. A titre de comparaison sur la période étudiée, le niveau le plus bas fut atteint en 1730 avec une baisse de 19 à 26 centimètres par rapport au niveau actuel, alors que le niveau maximum fut atteint en 1150 avec un niveau de 12 à 21 centimètres supérieur au niveau actuel. Ces deux dates correspondent respectivement au petit âge glaciaire du 18e siècle et à un pic de températures observé au 12e siècle. Le scénario précédemment soutenu par le GIEC se révèle très improbable selon le nouveau modèle.
Une telle élévation en un siècle à peine signifie que la banquise devrait continuer à fondre plus rapidement que prévu. Le scénario présenté par cette étude n’est pas absurde au regard de l’histoire géologique. A la fin de l’âge de glace, il y a environ 11 700 ans, la calotte glaciaire a en effet fondu tellement rapidement que le niveau des mers s’est élevé de 11 millimètres par an en moyenne. Cette vitesse record est équivalente à une montée d’un mètre en un siècle.

Source : BE Danemark numéro 22 (6/02/2009) – Ambassade de France au Danemark / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/57600.htm