Nemo : une tour gigantesque pour observer le cosmos du fin fond de la mer

17/03/2010

La première étape vers la construction du télescope sous-marin KM3 vient de s’achever avec la mise en place d’une tour de 600 mètres ancrée à 2 000 mètres de profondeur au large de la Sicile.
Ce télescope observera les neutrinos, les particules élémentaires venues du cosmos. Le projet Nemo (NEutrino Mediterranean Observatory) vient de franchir un grand pas avec l’installation de cette tour haute presque comme deux fois la Tour Eiffel, au large de Catane.

Ce projet, auquel participent près de 80 chercheurs italiens, a comme objectif la conception, la réalisation et la validation de prototypes des éléments clefs pour un projet international encore plus ambitieux : le télescope sous-marin KM3 (kilomètre cube). Le succès de Nemo, adopté par la communauté internationale en tant que module de base du télescope KM3, constitue une vérification importante de ce projet et donne le départ à la phase de construction.

D’un point de vue technique, comment ce télescope va-t-il fonctionner ? La structure de Nemo est maintenue en position verticale à l’aide d’une bouée de surface. 80 capteurs sont disposés le long de la tour et ont pour objectif principal de photographier la lumière émise lors des processus d’interaction entre l’eau et les neutrinos à haute énergie. Ces particules proviennent des zones reculées de l’Univers et entrent en collision avec l’eau, générant ainsi des particules appelées muons. Ce muon allant plus vite que la vitesse de la lumière dans l’eau, il engendre de la lumière Tcherenkov, l’équivalent pour la lumière du bang supersonique. C’est cette lumière qui est mesurée par les 80 capteurs de la tour.

Avec le succès de cette installation, une tour complètement équipée sera bientôt installée à 3 500 mètres de profondeur à la station sous-marine de Cap Passero et enverra les données recueillies à la station terrestre par le biais d’un câble électro-optique de 100 km déjà en fonction. L’observatoire KM3 sera installé dans les profondeurs de la Méditerranée, à l’abri de la lumière et des rayons cosmiques, principale source de bruit de fond de l’expérience.

Le télescope constituera en outre une importante structure de recherche multidisciplinaire qui permettra l’installation dans les profondeurs abyssales de stations « early warning » pour la surveillance des tsunamis et des tremblements de terre. L’infrastructure permettra aussi l’étude de la présence de mammifères marins et autres espèces, ce grâce à un système de surveillance acoustique qui fonctionnera en continu et en temps réel. Enfin, les paramètres océanographiques comme la température, la salinité et les courants seront surveillés, analysant ainsi l’évolution et la qualité de l’écosystème marin de la Sicile Orientale.

Source : BE Italie numéro 80 (15/03/2010) – Ambassade de France en Italie / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/62605.htm