Les récifs coralliens hongkongais sont menacés par les plongeurs

21/06/2014
Coraux / Récifs de corail © La Cité de la Mer - Sylvain Guichard

On estime que lors des 50 dernières années 19% des récifs coralliens de la planète ont été définitivement détruits et que 60% des survivants sont actuellement en situation de crise écologique, dont 30% sont gravement menacés par l’activité humaine (surexploitation des ressources maritimes et développement côtier).

La destruction de ces organismes présents dans les fonds marins depuis des millions d’années met en péril les écosystèmes qu’ils assurent, menace la biodiversité et affaiblit la protection des littoraux contre l’érosion et les houles cycloniques. C’est en Asie du Sud-Est que la situation est la plus grave: la surpêche et ses méthodes destructives ainsi que la pollution due à l’activité côtière ont placé 80% des récifs en situation de « risque », dont 56% « à haut risque ».

L’île de Hong Kong se situe au sud du Tropique du Cancer et son climat subtropical avec des saisons marquées fait varier les températures de ses eaux de plus de 28 degrés en été à moins de 18 degrés en hiver. Malgré ces conditions peu favorables au développement corallien, on recense 84 espèces de corail dur et 34 de corail mou, principalement dans des baies protégées à l’est du territoire, peu affectées par la pollution de la Rivière des Perles.

A Hong Kong, les coraux des parcs et réserves naturelles marines sont protégés par des décrets gouvernementaux (pêche interdite sans un permis spécial délivré par les autorités, liste de coraux sous protection dont la possession et le commerce sont interdits, définition de zones ou l’ancrage est prohibé). Ces mesures sont jugées relativement efficaces puisqu’on observe entre 4 et 22% de colonies coralliennes endommagées sur les différents sites hongkongais contre plus de 50% en mer rouge par exemple, mais elles dépassent cependant le seuil de 4% au-delà duquel il est recommandé de prendre des mesures de protection plus importantes.

Le rapide développement des loisirs maritimes (3.000 nouveaux plongeurs enregistrés chaque année à Hong Kong sur la dernière décennie) concentrés sur une surface restreinte de zones coralliennes est un facteur de stress qui n’avait jusqu’alors pas été quantifié.

Des chercheurs de la Hong Kong Baptist University ont récemment réalisé une étude qui a pour objectif de mesurer l’impact de la plongée sur les récifs coralliens hongkongais.

L’étude couvre 7 sites majeurs de Hong Kong (couverts à plus de 15% par des coraux et très fréquentés par les plongeurs) et a été effectuée pendant les mois de septembre et octobre 2010. Les chercheurs ont montré une corrélation évidente entre le nombre de colonies coralliennes endommagées et la fréquentation du site par les plongeurs. Les plongeurs sont en contact direct avec des substrats marins en moyenne 15 fois par plongée, 74% de ces contacts ne sont pas intentionnels et 40% concernent des coraux (soit 6 fois par plongée).

Les coraux sont ainsi endommagés par les collisions involontaires ou par les « plongeurs-photographes » qui s’y accrochent pour se stabiliser. Les chercheurs notent que 30% des plongeurs interrogés lors de l’étude n’étaient pas certifiés, et la majorité des autres plongeait moins de 10 fois par an. L’étude met donc en garde le gouvernement contre ce facteur de stress supplémentaire pour les récifs coralliens, et conseille de mettre en place des quotas de plongeurs lors des pics saisonniers, de limiter les zones de plongée pour les débutants, de sensibiliser les visiteurs et de former les guides à la protection de ces espèces en danger de disparition.

Source : BE Hong Kong numéro 3 (16/06/2014) – Consulat Général de France à Hong Kong / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/76141.htm