Les myes géantes sont d’excellents indicateurs climatiques

22/01/2007

L’analyse de myes géantes a permis de reconstruire l’histoire du climat qui régnait en Papouasie Nouvelle-Guinée il y a 400 000 ans. Les myes sont des mollusques marins bivalves qui vivent enfouis dans le sable ou la vase.
Des chercheurs de l’Université Nationale Australienne ont échantillonné ces myes ( Tridacna gigas ) sur les versants boisés de la péninsule Huon au nord-est de l’île principale de l’archipel, dans des massifs récifaux fossilisés maintenant exposés à la surface à une altitude d’environ 1200 m.
Les myes vivaient pendant la période interglaciaire connue sous le nom de stade isotopique 11 (Marine Isotope Stage 11 ou MIS 11) qui s’est étendue entre -420 000 et -380 000 ans environ. La période MIS 11 est particulièrement importante car l’orbite de la Terre autour du Soleil et donc la distribution saisonnière de la radiation solaire étaient relativement semblables à celles d’aujourd’hui. En raison de ses caractéristiques et de sa longueur, MIS 11 est considérée comme un bon analogue de la période interglaciaire actuelle.
Les myes vivent pendant 40 à 60 ans et se développent rapidement pendant les dix premières années de leur existence. Pendant cette phase, les coquilles présentent des anneaux de croissance annuelle épais (1 à 2 cm). L’analyse isotopique de l’oxygène et l’analyse du calcium, magnésium et baryum de tranches de coquilles de 0.25 mm d’épaisseur par ICP-MS à ablation laser a permis de déterminer la température de surface de la mer et la pluviosité.
Le climat de Papouasie Nouvelle-Guinée est fortement influencé par le phénomène ENSO (El Niño- Southern Oscillation) ou Oscillation Australe El Niño, cette interaction complexe entre océan et atmosphère qui affecte la pluviosité, la température de la mer et la productivité océanique autour du globe. L’Oscillation Australe régule les phases El Niño-La Niña. L’équipe est parvenue à reconstruire les variations saisonnières de la pluviosité et de la température de surface de la mer sur une période de 35 ans. Les données indiquent que la fréquence des évènements El Niño était environ la moitié de la fréquence actuelle.
Cette étude a montré que les myes constituent d’excellentes archives des signaux paléoclimatiques saisonniers. L’étude entreprise dans le cadre d’un doctorat vise à couvrir une période beaucoup plus étendue pour permettre des comparaisons robustes.

Source : BE Australie n° 49 du 12/01/2007 (ADIT)
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/40777.htm