Les courants profonds de l’océan Pacifique équatorial en bandes organisées

11/07/2012

Si les courants superficiels de l’océan sont maintenant bien connus, ceux situés à 1000 m de profondeur restent très mystérieux.

En utilisant les positions des flotteurs profileurs Argo qui dérivent par 1000 m de profondeur dans l’océan Pacifique équatorial, des chercheurs du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales en collaboration avec un chercheur américain du Pacific marine environmental laboratory  de la National oceanic and atmospheric administration (NOAA) ont mis en évidence une distribution surprenante des courants profonds dans cette région.

Courants zonaux moyens déduits des dérives des flotteurs Argo de janvier 2003 à août 2011 (composante stationnaire des courants sur la période d'analyse).

Courants zonaux moyens déduits des dérives des flotteurs Argo de janvier 2003 à août 2011 (composante stationnaire des courants sur la période d’analyse).

Ces derniers sont en effet organisés en larges bandes de courants s’écoulant zonalement d’ouest en est ou d’est en ouest, leur sens d’écoulement s’inversant tous les 150 km en latitude. Comprendre la dynamique de ces jets zonaux reste une gageure théorique.

Les chercheurs franco-américain ont utilisé toutes les plongées des flotteurs profileurs Argo présents dans le Pacifique équatorial depuis 2003 pour dresser une carte à haute résolution spatiale des courants océaniques moyens à 1000 m de profondeur. Et ils ont fait une découverte surprenante : à cette profondeur, les courants sont très organisés sur l’ensemble du bassin, formant une structure spatiale totalement différente de celle des courants de surface.

Ces courants sont des jets étroits qui s’écoulent zonalement soit d’ouest en est, soit d’est en ouest, à une vitesse d’environ 5-10 cm/s et sur toute la largeur du Pacifique (près de 12 000 kilomètres), tout en s’intercalant régulièrement tous les 150 km en latitude, formant une sorte de feuilletage en latitude de bandes de courants zonaux de directions opposées.

Cette nouvelle étude montre que cette situation est générale sur l’ensemble du bassin équatorial du Pacifique, du continent asiatique au continent américain et de 10°S à 10°N. En donnant la première vue globale des extensions zonale et méridienne de ces « jets zonaux », elle montre qu’ils pourraient jouer un rôle important dans le transport et le mélange des eaux dans cette région, en transportant sur de grandes distances des masses d’eaux aux propriétés physiques et chimiques différentes et en contribuant à d’importants mélanges horizontaux de ces masses d’eau.

Source : INSU – CNRS