Le triangle des Bermudes vu depuis Tioumen

14/06/2009

Des chercheurs de la région de Tioumen ont leur propre explication du mystère entourant le triangle des Bermudes.
C’est ce qui a été révélé lors d’une conférence au thème pourtant bien éloigné, de prime abord, du sujet, puisqu’elle s’intitulait « Géologie et richesse en pétrole et en gaz du méga-bassin de Sibérie occidentale ». Selon Anatoli Nesterov, directeur adjoint de l’Institut de la cryosphère de la Terre, dépendant de la Section sibérienne de l’Académie des sciences russe, le phénomène observé dans les Bermudes est lié à l’accumulation d’hydrates de gaz dans les eaux de l’Atlantique.

Dans le fond de l’Atlantique, dans la région des Bahamas, de la Floride et des îles Bermudes, sont concentrées d’énormes quantités d’hydrates de gaz, d’après Anatoli Nesterov. Lorsqu’il s’y produit des mouvements de terrain, il se forme des fractures tectoniques et des hydrates de gaz commencent à se décomposer. Il se dégage alors du gaz. Si un navire tombe dans ce milieu, poursuit le chercheur, en raison de la brusque baisse de la densité de l’eau, il est attiré vers le fond. Le même effet destructeur s’observe lorsqu’un avion est pris dans un nuage de méthane, formé par le dégagement de ce gaz dans l’atmosphère ; en conséquence, l’avion s’écrase.

Cette hypothèse, convient Anatoli Nesterov, n’est pas prouvée scientifiquement, pour l’instant. Mais la présence d’amas d’hydrates de gaz dans les eaux de l’Atlantique a été confirmée lors du programme américain de forage à de grandes profondeurs réalisé au milieu des années 80. Les hydrates sont, rappelons-le des combinaisons solides, qui se constituent à partir du méthane et de l’eau, dans certaines conditions de température et de pression. Ils se rencontrent principalement dans les océans et les régions septentrionales de merzlota.

Les hydrates naturels, qui contiennent du méthane, ont été découverts en URSS. En 1965, Youri Magakon, un jeune chercheur de l’Université Goubine, avait fait état de la possibilité de l’existence de gisements d’hydrates de gaz à l’état naturel. Un an et demi après, était découvert le gisement de Messoyarskoyé, au-delà du Cercle polaire. Jusqu’au milieu des années 80, un programme d’étude des hydrates de gaz a été conduit en URSS. Les spécialistes estiment aujourd’hui que les réserves de gaz se trouvant dans les hydrates de gaz naturels sont supérieures d’au moins une centaine de fois à celles prospectées dans les gisements de gaz traditionnel. Plus de 220 gisements d’hydrates de gaz ont été découverts. Ils pourraient suppléer demain les réserves de gaz naturel.

Replacée dans ce contexte de l’existence à l’état naturel, dans les océans, d’énormes quantités d’hydrates de gaz, l’hypothèse d’Anatoli Nesterov mérite pleinement d’être prise en considération.

Source : BE Russie numéro 21 (9/06/2009) – Ambassade de France en Russie / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59430.htm