Une équipe de chercheurs de l’Université de Münster (Allemagne) cherche à évaluer les effets d’une hausse des températures sur les écosystèmes en la simulant au sein de grands aquariums. L' »Aquatron » doit permettre d’étudier les conséquences des changements climatiques sur les milieux marins et les organismes qui y vivent.
Deux réservoirs d’eau permettent, indépendamment l’un de l’autre, d’alimenter, en contrôlant la température de l’eau, chacun 6 aquariums expérimentaux, d’un volume total de 12 000 litres. Les scientifiques disposent ainsi de deux profils de températures auxquels sont soumis les organismes des micro-écosystèmes et peuvent donc comparer les effets d’une température stable et d’un réchauffement de l’eau.
Actuellement, les chercheurs, dont le Professeur Reusch, se concentrent sur des herbiers de zostères : « Ils jouent dans le monde entier un rôle clé au niveau des littoraux. Dans les régions tempérées, la disparition des zostères signifierait la destruction totale d’écosystèmes ». Les zostères sont non seulement un élément important de la chaîne alimentaire, mais elles permettent également de filtrer les nutriments pour d’autres espèces. En outre, elles limitent l’érosion des sols. Pour de nombreux organismes, comme les harengs et les crevettes, elles servent également de zone de frai. Les zostères sont ainsi à la fois importantes pour l’écologie et pour la pêche.
Les chercheurs simulent une vague de chaleur dans la Mer du Nord, similaire à ce qui s’est passé en 2003. Ils utilisent pour cela des populations de zostères de l’Adriatique ainsi que d’autres venant du Danemark. Les biologistes étudient alors le taux de mortalité, l’apparition de maladies ou encore le taux de reproduction de ces populations, ainsi que des facteurs génétiques.
Dans le monde entier, les zostères se sont adaptées aux conditions dans lesquelles elles se trouvent. Les populations méridionales sont plus résistantes à de fortes températures, alors que les populations septentrionales meurent suite à un réchauffement du milieu. La raison est génétique. Pour les chercheurs de Münster, les zostères méridionales pourraient remplacer les types septentrionaux en cas de réchauffement des mers et sauver ainsi des écosystèmes.
« On ne doit toutefois pas simplement déplacer des zostères du sud pour les implanter au nord, afin de diffuser des particularités génétiques qui rendent les zostères plus résistantes à la chaleur » prévient le Professeur Reusch. En effet, cela pourrait favoriser la propagation d’agents pathogènes et anéantir les réserves de zostères et par là même des communautés tout entières.
L' »Aquatron » permet aux scientifiques de réaliser ce genre d’expériences, qui, si elles étaient menées en pleine nature, pourraient avoir des conséquences graves. Le projet est soutenu par l’Agence de moyens pour la recherche allemande (DFG) et la Fondation Minerva de la Société Max Planck à hauteur de 250 000 euros.
Source : BE Allemagne numéro 396 (31/07/2008) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/55567.htm