Le Royaume-Uni mise sur l’éolien offshore

25/02/2013
Éoliennes en mer

Les énergies renouvelables sont une composante majeure des outils identifiés par le Royaume-Uni dans la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre..

Les énergies renouvelables sont une composante majeure des outils identifiés par le Royaume-Uni dans la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serreLe gouvernement a réaffirmé sa confiance dans l’éolien marin.

Les énergies renouvelables sont une composante majeure des outils identifiés par le Royaume-Uni dans la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et le gouvernement a réaffirmé récemment sa confiance dans l’éolien marin en tant que source d’énergie. Ce soutien s’exprime notamment par l’annonce de subventions destinées à attirer les investisseurs et à favoriser l’innovation britannique dans ce domaine.

L’éolien offshore n’est pas une priorité nouvelle du Royaume-Uni : en effet, le Technology Innovation Needs Assessment (TINA, Evaluation des besoins en innovation technologiques) publié en février 2012 par le Low Carbon Innovation Coordination Group (LCICG, Groupe de coordination de l’innovation pour de faibles émissions), soulignait déjà l’importance de ce secteur dans l’avenir économique et énergétique du pays. Le rapport statuait que : « l’éolien offshore représente un immense potentiel pour remplacer les centrales électriques vieillissantes, réduire la dépendance vis-à-vis de l’importation de pétrole, et atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’innovation est un point critique pour permettre le développement de l’éolien marin, et pour en diminuer les coûts, avec des estimations montrant que cela permettrait d’économiser entre 18 et 89 Md£ d’ici 2050 dans le secteur de l’énergie britannique. L’innovation peut également aider à créer des opportunités industrielles basées au Royaume-Uni, qui pourraient contribuer au PIB à hauteur de 7 à 35 Md£ sur la même période. Des investissements significatifs du secteur privé, catalysés par un soutien du secteur public dans les domaines où le marché ne fonctionne pas encore, sont nécessaires pour débloquer ces opportunités ».

Le rapport mentionne également le fort potentiel du Royaume-Uni dans ce domaine grâce aux territoires maritimes britanniques et leurs ressources naturelles en vent. Il rappelle cependant que les coûts de l’énergie éolienne marine restent très élevés, et que la rapidité de son déploiement dépend fortement de l’innovation. D’après les estimations, l’innovation dans le domaine de l’éolien offshore pourrait permettre de diminuer de 25% les coûts d’ici 2020, et de 60% d’ici 2050. Associé à des économies dans la chaîne d’approvisionnement, et à des financements appropriés, le coût de l’énergie produite pourrait atteindre 100 £/MWh en 2020, et 60 £/MWh en 2050, permettant ainsi un large déploiement des fermes éoliennes, et de fortes réductions de coûts des systèmes énergétiques associés.

Des investissements pertinents pourraient également permettre au Royaume-Uni d’asseoir sa place parmi les leaders mondiaux dans le domaine, avec une part de marché pouvant atteindre 5 à 10% d’ici 2050, et ainsi apporter une contribution conséquente au PIB britannique (7 à 35 Md£, comme indiqué précédemment).

C’est dans ce contexte qu’est intervenue, en novembre, l’annonce du gouvernement britannique de la mise à disposition de 10 M£ pour stimuler l’innovation dans le domaine de l’éolien offshore. D’après les mots du ministre de l’énergie et du changement climatique, Greg Barker : « cet argent aidera les innovateurs britanniques à développer une gamme d’idées nouvelles afin de réduire les coûts et d’améliorer l’efficacité des turbines éoliennes ». Cet investissement fait suite à deux appels à projets déjà proposés par le Department of Energy and Climate Change (DECC, Ministère de l’énergie et du changement climatique) dans le cadre du « Offshore Wind Components Scheme », et dont la troisième campagne de financement a été annoncée le 5 novembre, pour des candidatures devant être déposées avant le 16 janvier 2013.

Le Directeur général du Technology Strategy Board (TSB, Agence de l’innovation), Iain Gray, a commenté : « à travers ce financement, nous souhaitons encourager le développement de technologies qui permettront de réduire le coût de l’énergie issue des fermes éoliennes offshore. (…) Nous apportons une attention toute particulière aux idées provenant de compagnies dont les compétences sont principalement orientées vers des secteurs parallèles – tel que le pétrole, l’aérospatial et la construction – et qui souhaiteraient étendre leurs travaux au secteur éolien en mer », soulignant l’importance de la transdisciplinarité dans les projets qui seront retenus.

Parmi les vainqueurs du premier appel à projets, on peut citer la compagnie David Brown Gear Systems Limited, basée dans le Yorkshire, qui a obtenu 1,2 M£ pour le développement d’une boîte de vitesse pour leur turbine de 7 MW, ainsi que Gravitas Offshore Ltd, à Maidenhead, ayant reçu plus de 500.000 £ pour développer et tester des plateformes permettant de soutenir les turbines éoliennes en mer. Les vainqueurs du second appel à projet seront annoncés prochainement. Jusqu’à 7 M£ seront disponibles lors du troisième appel à projet, pour financer entre cinq et 10 projets, en fonction du nombre de candidatures qui seront reçues, et de leur qualité.

Depuis le 5 novembre, il est également possible de postuler pour obtenir une partie de 3 M£ également disponibles et destinés à des projets axés sur le développement d’études de faisabilité technique dans le domaine de l’innovation en éolien marin. Ce financement pourra par exemple être utilisé pour explorer des idées novatrices, actuellement en phase d’amorçage, dans une large gamme de secteurs tels que l’aérospatial et le pétrole, où l’adaptation de technologies existantes à l’éolien marin pourrait permettre une réduction des coûts à l’avenir.

Cette annonce a été suivie, le 19 novembre, par la signature d’un mémorandum d’accord entre le groupe français AREVA et l’entité Scottish Enterprise (voir encadré ci-contre), sur le développement dans l’Est de l’Ecosse d’une usine de construction de turbines éoliennes destinées aux projets au Royaume-Uni. Ce site viendra compléter l’usine d’AREVA située au Havre, qui, elle, fournira le matériel pour les projets du Sud du Royaume-Uni, et sur les territoires français et belges. Le choix de l’installation du site industriel en Ecosse est fondée sur des considérations logistiques et financières, afin d’optimiser les coûts dans le cadre de projets britanniques, mais également dans l’optique de bénéficier d’une chaîne d’approvisionnement de plus en plus structurée et prolifique dans la région. La création de ce site permettra la création directe de jusqu’à 750 emplois dans la construction de turbines et de lames de turbines.

La signature du mémorandum a été accueillie avec satisfaction par le gouvernement britannique, à travers le premier ministre David Cameron : « je prends note avec une grande satisfaction de l’annonce d’AREVA aujourd’hui, qui représente une nouvelle encourageante pour l’Ecosse. (…) La croissance du secteur des énergies renouvelables au Royaume-Uni n’est pas uniquement bénéfique pour notre environnement, elle est également profitable à notre économie. Le Royaume-Uni représente désormais le plus grand marché mondial de l’éolien marin ». Le secrétaire d’Etat à l’énergie et au changement climatique, Edward Davey, a déclaré : « l’éolien offshore est une opportunité représentant plusieurs millions de livres pour le Royaume-Uni, que nous devons saisir à deux mains. L’annonce d’AREVA est une nouvelle preuve que le Royaume-Uni est prêt à retirer des bénéfices économiques de sa position prédominante dans le secteur des énergies à faible consommation. (…) Possédant le plus grand marché mondial, une base de compétences reconnue internationalement, et parmi les meilleures ressources naturelles en vent, le Royaume-Uni est extrêmement bien placé pour demeurer le leader mondial dans le développement de ces technologies ».

Le gouvernement britannique semble donc déterminé à créer un climat économique et industriel toujours plus attractif dans le domaine des énergies renouvelables. La signature d’un accord entre Scottish Enterprise et l’entreprise française AREVA indique que la coopération bilatérale dans ce secteur est toujours d’actualité, et la volonté des britanniques de rester le n°1 mondial de l’éolien marin n’empêche en rien des travaux communs. Il faudra garder un oeil attentif sur les progrès en termes de technologies et de déploiement des turbines marines, qui occuperont très probablement une place prédominante dans le futur mix énergétique du Royaume-Uni, et permettra d’asseoir le savoir-faire britannique.

Source : BE Royaume-Uni numéro 119 (24/01/2013) – Ambassade de France au Royaume-Uni / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72064.htm